Narration, partie 4

Narration, partie 4

Publié par Emballage collectif

Journal du projet

Une fois le lieu de la restitution de notre résidence confirmé, alors que nous clôturions notre troisième semaine d’intervention, nous sommes rentrées à Paris, Marion et moi, le cœur léger, et la tête emplie d’idées pour faire de cette exposition (une grande première pour nous !) un véritable événement dont les enfants de l’école élémentaire Pierre Robert de Saint-Paterne-Racan, nous l’espérons, se souviendront longtemps. Sans mettre toutefois la charrue avant les bœufs, il nous fallait préparer aussitôt notre quatrième session d’ateliers, et pas des moindres, puisque nous souhaitions initier nos 48 bambins à la sérigraphie !

 

Interlude

Hormis nos quelques expériences sérigraphiques au cours de nos études, ni Marion ni moi ne sommes des expertes de la discipline ; le challenge était donc doublement de taille !

Il s’agissait donc dans un premier temps de nous approvisionner en matériel : encres, raclettes, cadres… et de préparer ce que nous allions faire apparaître sur ces derniers. Pour les novices et curieux, rappelons que la sérigraphie procède d’une technique pouvant s’apparenter à celle du pochoir : une toile est tendue sur un cadre métallique, que l’on enduit ensuite d’une solution photosensible. Un motif (dessin, logotype, texte…) y est insolé, c’est-à-dire transposé, par le biais d’un faisceau laser faisant réagir la solution, sur la toile. Après avoir été nettoyée, la toile se présente alors sous deux aspects : là où il reste de l’émulsion, l’encre ne peut pas passer, et là où elle n’existe plus (et qui révèle finalement notre motif) elle peut traverser la toile et s’imprimer sur le support (papier, T-shirt…) désiré.

Nous souhaitions ainsi sérigraphier avec les enfants deux types de supports :  — des T-shirts qu’ils pourraient arborer fièrement pendant l’exposition,  — des posters monumentaux qui seraient une des pièces maîtresses de l’événement.

Pour les T-shirts, nous avons ainsi repris les formes les plus caractéristiques des images de chaque enfant, que nous avons ensuite composées pour en faire le blason de notre exposition. Pour les posters, suivant la même logique que les semaines précédentes, nous avons isolé pour chacun.e une photographie tirée de leurs stop-motion fraîchement montés, que nous avons assemblées sur nos différents cadres de sérigraphie.

Enfin, nous avons conçu des matrices à tamponner pour les supports de communication de l’exposition (affiches, flyers et cartons d’invitation), que les enfants se chargeraient de décorer à l’aide des contreformes de notre atelier marbling, réalisées au mois de mars.

Une fois arrivées dans notre joli gîte à la veille de cette quatrième semaine, nous avons achevé de préparer notre intervention en mélangeant, à la force de nos poignets, les couleurs choisies pour l’exposition : un bleu et un vert, aux tonalités faisant éminemment écho au superbe cadre dans lequel nous évoluons depuis maintenant quatre mois. Fin prêtes pour entamer joyeusement notre quatrième semaine de résidence !

 

Lundi 14 mai

Comme chaque lundi, le temps est gris, mais un soleil s’illumine en nous lorsque nous retrouvons les sourires de nos 48 enfants !

Ce matin-là, nous avions prévu de les faire passer un à un afin qu’ils sérigraphient chacun tour à tour leur T-shirt. Après avoir improvisé un espace de travail sous le préau, les premiers T-shirts ont vu le jour, sous les gestes minutieux des enfants, dont la plupart n’avaient jamais entendu parler de sérigraphie.

Très vite néanmoins, nous avons été forcées de constater Marion et moi que le cadre posait problème : en effet, au fur et à mesure des passages, l’émulsion, et par là même le motif, se retirait de la toile, finissant par cloquer. Sans doute que la solution photosensible appliquée par notre prestataire auquel nous avons fait appel pour enduire le cadre était-elle périmée.

Prises par le temps, nous avons décidé de continuer les tirages afin que chaque enfant puisse avoir son T-shirt le jour de l’exposition, et ce malgré des résultats bien inégaux (il faut parfois savoir mettre son perfectionnisme de côté dans de telles situations…). Nous avons tout de même réussi à conserver intacte notre bonne humeur.

L’après-midi, au travers de l’atelier pochoirs sur les supports de communication que nous avions pré-imprimés, a fort heureusement donné lieu à des résultats plus probants…

Nous nous sommes également prêtées au jeu Marion et moi !

… que nous nous sommes empressées d’aller distribuer dans les commerces environnants :

Nous sommes rentrées au gîte non sans une certaine appréhension quant à la suite des ateliers de la semaine, priant en effet pour que les autres cadres de sérigraphie n’aient pas les mêmes dysfonctionnements !

Mardi 15, mercredi 16 et jeudi 17 mai

Le reste de la semaine a été placé sous le signe du beau temps, aussi nous ne pouvions présager que de belles surprises ! Et cela n’a pas manqué d’être le cas.

Pour ces ateliers posters, nous avions préparé donc six grands cadres de sérigraphie, correspondant aux six groupes (la classe de CM1 et celle de CM2 respectivement coupées en deux, les CE2 ainsi que Marion et moi) sur lesquels étaient représentés chaque enfant, par le biais des formes extraites de leur film d’animation.

Étant donné que nous voulions imprimer le poster avec nos deux encres verte et bleue, il s’agissait de procéder en deux étapes : un premier demi-groupe se chargeait d’imprimer la couche verte, tandis que le second demi-groupe prenait le relai pour le parfaire avec la couche bleue.

Dans un premier temps, nous tenions à ce que les enfants réfléchissent à la composition générale du poster avec, pour ce faire, une reproduction homothétique du poster qui était mise à leur disposition et chacune des formes reproduites en plusieurs exemplaires sur du calque :

Ensuite, il s’agissait d’être rapide et méthodique. Une fois la forme que nous voulions imprimer isolée à l’aide de scotch des autres formes présentes sur le cadre, place au tirage, en un ou plusieurs passages :

Une fois le tirage terminé et le cadre relevé, de nombreuses opérations plus techniques se déroulaient : bouchage de la forme fraîchement imprimée afin qu’elle n’aille pas salir un futur tirage, nettoyage de la raclette et préparation d’une nouvelle forme... et ainsi de suite ! Autant vous dire que nous n’étions pas trop de cinq ou six pour mener à bien toutes ces étapes ! Avec, bien entendu, un.e photographe pour capturer ces jolis moments :

Nous étions, Marion et moi, soulagées, et pas peu fières de nous :

Alors que de chouettes résultats se sont dessinés :

 

Nous avons même eu le temps de prendre quelques photos souvenirs avec les enfants…

… qui nous ont remercié toujours aussi chaleureusement en s’emparant du tableau :

La semaine s’est ainsi terminée bien mieux qu’elle n’avait commencée, avec de superbes posters à la clé ! Nous voici arrivées à la dernière semaine de résidence (pfiou nous n’avons décidément pas vu le temps passer), déjà !

Cap les enfants désormais sur la scénographie de l’exposition, où vous vous ferez les curateurs de cette dernière ! Nous ne savons pas si c’est le cas pour vous, mais pour notre part, nous trépignons d’impatience ! :) J-25 !

P.S. Comme les fois précédentes, nous avons réalisé exactement comme vous les ateliers de cette semaine passée, qu’en dites-vous ?

Formes dansantes !