La vérité me touche

La vérité me touche

Publié par Sarah Turquety

Journal du projet

Très tôt, il est 6 heure, me voilà dans le train. J’ai écouté Les pieds sur Terre hier. Une observatrice notait les changements de classes sociales en fonction des heures où le train est emprunté. Je regarde autour de moi. A Gaillac, dans le Tarn, les travailleurs ne sont pas les mêmes qu’en banlieue parisienne. Plusieurs avec des ordinateurs, à préparer la suite semble-t-il. J’écoute les enregistrements des poèmes des enfants. Je reconnais les voix. Leurs visages, leurs tics de langage me traversent, nuages, je peine pourtant à saisir chaque prénom. A Tarascon, le ciel est dégagé.

Nous nous retrouvons dans leur salle de classe. J’ai en tête les journées du 22 et 23 mars, notre participation au Printemps des poètes. Pour le 22 mars, qui se déroule au sein de l’école, j’ai préparé une forme, entre l’atelier, la collecte, l’exposition, la performance.
Lors de cette première expérience, je compte observer la manière dont les élèves s’organisent et s’approprient la recherche, la matière collectée, la pertinence des propositions.
Aujourd’hui il s’agit de présenter ces deux journées aux élèves et de se pencher tout particulièrement sur la journée du 22. Ce jour-là, certains élèves animeront les ateliers (poème-affiches, écoute-enregistrement, atelier d’écriture-interview, expériences corporelles) quand d’autres guideront les différents groupes d’atelier en atelier.

Après un rituel d’accueil, dire son prénom, son état, je décris le déroulement du 22 mars et chacun choisit son poste, la place qu’il va prendre en charge. Des questions permettent d’affiner les détails techniques. Je me penche sur un cas concret : la prise de son. Nous écoutons les textes enregistrés la semaine précédente autour de 4 mots : silence, vide, miroir, inconnu. Nous notons les variations de volume, articulations, bruits parasites et pratiquons une série d’études de cas pour apprendre à tenir le micro, poser des questions, accompagner l’interviewé, veiller au matériel.

Entre midi et deux, Murielle Salitot, l’enseignante, et moi-même cherchons la manière d’organiser au mieux l’après-midi. Nous avons envie de faire découvrir aux enfants mes livres-cd, poèmes-affiches, mon site internet poème, www.pourtours.fr, et la manière dont je l’ai exploré avec des primo-arrivants cette année (www.des-visages.pourtours.fr).
Nous optons pour 4 espaces :
– lire les poèmes, s’enregistrer, commenter
– errer entre les deux Pourtours
– écrire sur sa relation avec Script Album
– écouter sa voix enregistrée, l’apprivoiser.
Avant de partir, je leur apprends un extrait de mon texte Script Album :

Un mot de bouche en bouche
comme ours
chevelure
ongle
os
un espace d’amour offert au temps
un secret passé
dans les corps
les bouches
un mot.

Je rentre en me demandant
– pourquoi la pluie se déclenche-t-elle toujours au moment où commence ma course vers la gare avec un prénom sur chaque voix,
– une idée plus précise du possible déroulement de la performance
– une longue liste de matériel.