28-29 janvier. Habitat majuscule

28-29 janvier. Habitat majuscule

Publié par Sarah Turquety

Journal du projet

Se retrouver, un lundi matin.

Les prénoms, des mots habités le temps d’un cercle – carburateur/patate chaude/ours/salade. Se rappeler le chemin entamé, les textes écrits, le processus de Script Album. Je leur en lis un extrait, le texte 2. Je parle du sens des mots, des expériences qu’ils trimbalent ou ne trimbalent plus. Je dis le mot ours. Ours en Ariège reste un mot chargé de réalités. Nous les explorons ensemble.
Puis par deux, les enfants se penchent sur bleu, majuscule, chouette ou fenêtre.

Plus tard, chacun cherche à ordonner ses trouvailles pour constituer une liste, sa liste qu’il recopie au propre sur une feuille A4 blanche, format portrait, dans une marge de 7 cm créée pour l’occasion.

En fin de journée, je rencontre
– le directeur de la MJC afin d’envisager dans ses locaux, pourquoi pas dans un évènement culturel déjà existant, la restitution de fin d’année ;
– Jennifer Enoff, chargée de mission à l’OCCE de l’Ariège et coordinatrice du Printemps des poètes pour une première restitution en mars

Le soir, j’ai le grand plaisir d’être invitée par l’artiste Jacques Degeilh pour une dégustation du sarrasin, une céréale longtemps cultivée dans les terres pauvres de l’Ariège.

Le lendemain, dans une salle parquetée, je propose aux enfants de sentir les tensions qui se mettent en place lorsque l’on focalise sur l’objectif plutôt que sur le chemin par lequel…
Un exercice issu de ma pratique de la technique Alexander, proche d’un Jacques a dit.
Allongé, au sol, puis debout.
Je leur propose alors de reprendre la liste écrite la veille et de la laisser les inspirer, en étant attentif à ce qui s’inscrit dans la pensée même.
La masse importe peu. Un extrait de poème d’Henri Meschonnic me revient, je leur apprends :
(…) qui parle
pas le maître des mots
mais celui qui transforme le silence
avec ses mots
et (…) les mots
par son silence
Henri Meschonnic, Jamais et un visage

Ils se mettent à écrire.

Plus tard dans la journée, ils lisent et relisent, choisissent, corrigent, écrivent au propre, enregistrent, photographient, fabriquent une pochette pour ranger leurs textes.

Je rentre avec :
– un porte bonheur atteint du syndrome de Stendhal
– des textes, beaucoup
– l’envie d’écrire, encore
– une fenêtre
– un autre ours