Me voilà à nouveau dans le train, direction Tarascon sur Ariège. Jusqu’ici, après chacun de mes séjours dans la classe de Murielle, j’ai profité du retour vers le Tarn pour écrire le journal de bord.
Le vendredi 23 mars, la fatigue était telle, une sorte de décalage horaire dans les os, rien n’était possible sinon rêver et dormir et rêver et dormir.
Aujourd’hui je reviens vers ces trois jours pleins.
Quelques photos prises par Rafik, Mathis et Dorian, de nombreux textes, des couleurs. J’ai profité du printemps des poètes et d’une proposition de l’OCCE d’Ariège pour essayer une forme déambulatoire pour la performance Script Album :
1 point de rendez-vous, 4 espaces d’expérimentations animés par les élèves, des guides, des poèmes scandés tous ensemble, 50 élèves pour trois classes. Un premier essai plutôt réussi.
Pour mémoire :
– Mercredi 21 mars, jeudi 22 mars au matin : préparation des élèves à animer leurs ateliers
– Jeudi après-midi à 14h : les classes se retrouvent dans la cour. Pour un unisson, je forme un grand cercle, j’apprends aux enfants un extrait d’un poème d’Henri Meschonnic, le soleil nous chauffe les joues. Les élèves de Murielle se rendent à leur poste, les autres se répartissent en 5 groupes qui vont déambuler, suivant les conseils de leur guide, d’atelier en atelier. Nous nous retrouvons à 15h30, heureux, avec des poèmes en tête, que nous répétons sous le soleil :
(…)
” Toute cette foule
entre en moi
tous ces visages
sont une part de moi,
eux en moi,
moi en eux,
nous marchons,
nous marchons
ensemble. ”
(…)
(…)
” Un mot de bouche en bouche
comme ours
chevelure
ongle
os
un espace d’amour offert au temps
un secret passé
dans les corps
les bouches
un mot.”
(…)
Plusieurs expérimentations avec ces quatre espaces-ateliers :
– un espace d’écriture, autour des affiches-poèmes réalisées avec les écrits des élèves
– un espace d’expérimentation physique autour de la relation à l’autre, toucher/être touché, regarder/être regardé/, par deux, en groupe, puis l’explosion : faire l’ours ensemble, secouer son squelette. Comparer les moments de gêne devant le regard de l’autre, ceux où l’on s’oublie
– un espace d’écoute et d’expérimentation : écouter les enregistrements des élèves, leur ressenti lors de la formulation de certains mots, puis se faire interviewer par ces mêmes élèves.
– un espace d’écriture et de réécriture à partir de phrases disposées sur des tables. Au centre, choisir, et plus précisément sentir ce qui oriente les choix.
Le vendredi 23 mars, l’OCCE a disposé deux fourgons devant le Centre Culturel de Tarascon. Je dispose à l’intérieur, à l’extérieur des affiches-poèmes, un espace d’écoute. Et parce que le sol est gris, des craies de couleurs pour un espace supplémentaire autour des deux mots qui forment le titre de cette aventure : Script Album. J’accueille des enfants de plusieurs classes environnantes, puis les élèves de Murielle, très fiers de voir leurs créations ainsi exposées.
Aujourd’hui, j’ai des images en tête, des détails comme leurs badges et la grande joie de les montrer, les tripoter, ou des plans d’ensemble, des corps en mouvement, qui sautent, courent, se tendent, se crispent, se détendent, dansent. J’écoute les enregistrements. Un de mes enjeux : l’appropriation de l’objet de la recherche par les participants. De ce point de vue c’est une réussite !
Aujourd’hui je reviens avec :
– l’envie d’écrire
– l’envie de leur lire des textes, pleins
– l’envie d’observer, d’écouter ce qu’il reste de
– l’envie de revenir sur la performance, d’envisager comme la mener plus loin
