L'école dépliée

Un grand dessin maquette comme récit des interactions entre habitants - élèves, maîtres, personnel - et bâtiment.

Représenter l'univers quotidien des enfants

Dessiner les interactions entre les élèves et l'école – le bâtiment –, telle est notre volonté en arrivant à Scrignac. Vaste, ambitieux – et flou – programme. Par où commencer ? En visitant l'école pour la première fois, nous sommes frappés par l'incroyable profusion d'objets : partout, des tables, des tableaux, des dessins, des affiches, des livres, des mappemondes, des instruments de musique ou de géométrie, des lits, etc. Dans chaque salle de classe, partout, tout un tas d'objets. Nous voulons représenter ces objets, témoins des usages des enfants, des maîtres, des femmes de ménage, symbole de différents moments de la journée ou des saisons. Ils présentent une manière d'habiter le bâtiment hérité : de grandes affiches sur les fenêtres pour se protéger de la lumière, quelques, des balles de tennis sous les chaises pour protéger le parquet et éviter les raclements de chaise, des plantes pour égayer un bâtiment austère, etc.

L'accumulation nous frappe : dans un bâtiment des années cinquante, rénové il y a une dizaine d'année, nous retrouvons avec bonheur de vieilles tables en chêne, un mètre pour mesurer les enfants qui nous semble droit sorti de la troisième république, des lecteurs cassettes – fonctionnent-ils encore ? –, des crayons et double décimètres, mais aussi des ordinateurs, un tableau numérique, etc. Et pourtant la classe a peu changé, tout cela tient toujours dans le même espace ! Fascinés, nous souhaitons faire une sorte d'inventaire, afin d'être attentif à tout, de tout voir, de tout regarder, de n'oublier aucun recoin et objet caché. Et d'imaginer toutes sortes d'histoires autour de ces objets trouvés.

L'école dépliée
L'école dépliée

Il faut donc tout dessiner, tout l'univers intérieur de l'école : le sol, le plafond, les murs des classes, des couloirs, de la garderie, les toilettes, etc, avec partout les objets, témoins de leurs usagers. Nous créons donc un grand déplié de l'école, où les murs, les plafonds sont rabattus et dessinés à cotés des sols. Un dessin systématique, reprenant les codes précis des représentations d'architecture. Différentes catégories d'éléments apparaissent en différentes couleurs : le bâtiment en noir, les rénovations en marron, les réseaux en rouge, le mobilier fixe en bleu foncé, le mobilier en bleu clair, les objets pédagogiques en vert foncé, les plantes en vert clair, les objets appartenant aux enfants en jaune, ceux des maîtres en violet.

Un grand patron est ainsi formé : on peut venir le découper, remonter les mur et créer une maquette de l'école, aisément lisible par tous. Le dessin devient volume !

Ce dessin est tout à la fois une archive et une base de projet : mémoire de l'école de Scrignac en février 2017, et support à discussion : comment habite-on aujourd'hui l'école, qu'est ce qui pourrait être changé ?

C'est en tous cas notre souhait. Les enfants ont admiré le dessin, les adultes ont apprécié l'ingéniosité du pliage. Mais pourquoi parler au dessus d'un dessin plutôt que de la réalité directement ? Pour nous, c'est une manière de prendre un peu de recul, de laisser plus facilement libre cours à son imagination, d'entrevoir plus aisément la possibilité d'un changement. Et puis c'est aussi une occasion de redécouvrir son école, de l'observer plus finement : qu'est ce qui a changé depuis le mois de février, qu'est ce que cet objet dessiné ?

Mais tout cela, nous ne sommes plus là pour le voir. Le dessin maquette est à Scrignac, entre de bonnes mains !

Plier l'école
Plier l'école