Le projet est une recherche architecturale par le dessin, questionnant les rapports entretenus entre usagers et architecture à l'école. Il s'intéresse précisément à l'environnement physique et construit de l'établissement scolaire en tant que lieu vivant et évolutif : à l'influence que les lieux peuvent avoir sur les pratiques des usagers, et réciproquement à la transformation qu'opèrent ces usagers sur les lieux. - Comment l'architecture conditionne-t-elle les usages à l'école ? C'est à dire comment les caractéristiques de l'espace : conception originale, composition, topologie, géométrie, normes, matériaux rendent possible ou non certaines appropriations ? - Comment les usages transforment-ils l'architecture de l'école? C'est à dire comment bricolages, ruses, appropriations des différents usagers : écoliers, enseignants, personnel, participe à l'usure, l'actualisation, la modification des bâtiments et espaces communs ? En répondant à ces questions, on souhaite notamment questionner : - les normes architecturales qui s'appliquent dans les établissements scolaires - le rôle de la richesse de l'architecture dans l'apprentissage, au sens large - le programme architectural d'un établissement scolaire - l'adaptation possible des architectures à l'évolution des manière d'enseigner et d'apprendre - le rapport qui se construit positivement ou non entre les lieux de l'école et ses « habitants » Pour explorer ces questions, le projet artistique consiste à produire un « relevé architectural habité » de l'établissement scolaire sous la forme de grands dessins à différentes échelles : plans de sol, coupes perspectives, axonométries, détails, perspectives... mettant en scène les usagers en action. Ces dessins forment une synthèse qui pourra être complétée par la matière recueillie au cours du processus : paroles sous la forme de légendes, petits textes, photographies, voire enregistrements audio et vidéo s'il y a lieu.
En tant qu'architecte, nous sommes soumis au fait que les créations auxquelles nous participons sont des œuvres vivantes, utiles, faites pour être vécues, usées, réparées, transformées, agrandies, remaniées...
Nous devons donc rechercher la compréhension toujours plus fine de l' « habiter », de la manière dont l'homme s'approprie les pièces et couloirs, les lieux publics, les lieux privés, la ville, la nature...
Le projet s'inscrit dans cette recherche, en se plaçant dans le cadre d'un établissement scolaire, avec le rôle très particulier qu'il joue dans la société : parce qu'il occupe cette place essentielle d'accompagner le développement de l'esprit et du corps de chaque individu, à la fois la richesse architecturale et la liberté de l'utilisateur doivent faire partie de la construction des lieux de l'école.
Par le travail du dessin architectural, je souhaite explorer le rapport entretenu entre l'architecture et l'élève qui apprend et grandit ; les souvenirs, la culture spatiale et les habitudes que les lieux créent pour lui ; le rapport que cette architecture fabrique avec les usagers qui l'entourent : le professeur, la dame de cantine, le proviseur etc.
Le relevé habité réunit sur un même dessin détails techniques du bâtiment et usages les plus fins et les plus sensibles, peut s'enrichir de légendes colorées, de cotes et de notes écrites. Ce dessin synthétise un instantané de la vie d'un bâtiment et de ses habitants, et comporte plusieurs niveaux de lecture sélectionnés par celui qui le regarde.
En suivant ce principe, la recherche souhaite faire rentrer les usages fourmillants de l'école dans les codes stricts de représentation de l'architecture, et inversement faire entrer le dessin architectural dans l'école.
Finistère
Par le(s) artiste(s)