Journal 3 - Atelier d'écriture

Publié par Suzanne Gellee et Zoé Poutrel

13 juin 2017

Journal du projet

Arts de rue Théâtre

"Un jour où je me suis disputée à l'école : c'était pour un porte manteau"

Les souvenirs et les points de vues

À la manière d’Evan Placey, l’auteur de la pièce de théâtre que nous montons, nous avons eu envie de donner la parole à un groupe : mettre en lumière les points communs et points divergents d’un même moment ou d’un même fait.

Le but étant de créer des textes théâtraux à partir des textes des élèves. En entrelaçant leurs ressentis et leurs actions, celles qu’ils nous ont livré.e.s, nous sommes arrivées à écrire des textes aux points de vue multiples. Ces textes nous pourrons les intégrer à la pièce que nous montons.

Comment récolter la parole d’un groupe ?

Après l'analyse de photos -moment où nous développons ensemble du vocabulaire et définissons des mots- nous partons en atelier d'écriture pendant 1h30.

Consignes générales :

-aller écrire en dehors de la classe. En petit groupe choisir un lieu : la cour, la bibliothèque…

-ne pas citer de nom. On peut remplacer par des initiales, un prénom inventé, la lettre x, des pronoms personnels ou le surnom générique « anonyme ».

-différencier les parties descriptions et les parties du ressentis

-on peut s’aider de la liste du vocabulaire / adjectifs / verbes

Nous avons travaillé différentes méthodes :

-le brainstorming : à l’oral lancer une discussion et retranscrire à l’écrit leurs paroles

ex : La piscine "c'est génial ! Je me sens comme un poisson dans l'eau.... non je trouve ça trop nul parce que l'eau est froide... une fois j'avais trempé mes pieds dans le petit bassin et là c'était chaud... c'est ma sœur qui m'a appris à nager... moi c'est ma mère... moi c'est l'école... nager sous l'eau avec les lunettes c'est rigolo... la dernière fois j'ai vu des pieds tordus. Je vous jure c'était bizarre... moi je sais faire des pirouettes dans l'eau... je fais la planche... la brasse je croyais que ça s'appelait la nage de la tortue... et les bonnets de bain ça arrache les cheveux... pourquoi c'est pas en tissu ?... j'aime pas les gouttes dans les yeux... tu te souviens quand on lui avait baissé son caleçon ?... et les musiques dans les piscines on les connait jamais, ça doit être des musiques des années 50..."

-les souvenirs : à l'écrit, leur poser des questions sur leurs propres souvenirs à l’école.

ex : un jour je me suis sentie triste à l'école à cause des clans qui se formaient contre moi - un jour à l'école j'ai ri quand anonyme est tombé une deuxième fois - un jour en sport on a appris à faire du roller et j'ai réussi à battre la plus forte en duel de foot- un jour à l'école je me suis disputée avec elle car il y avait quelqu’un qui disait que je disais des trucs sur son dos et il me disait qu’elle disait du mal sur mon dos alors que ça n’était pas vrai - une fois dans la cour de récréation je suis tombé du mur et je me suis fait plein de blessures - une fois je suis tombé amoureux, jamais, enfin si mais j'ai pas envie de le dire.

-le point de vue : à partir d'un souvenir commun à toute la classe, leur demander d'écrire chacun, selon leur point de vue personnel, un texte sur ce moment.

ex : "Ce jour-là, un mardi 14 mars 2017, on va sur un terrain de foot et on fait un match au collège.

Les joueurs sont les élèves de la classe. Les meilleures sont dissimulés dans les 2 équipes. Les meilleures joueurs sont : J.V.N.R.S. Ils ont 3 forts et nous on a 4 forts. Le match est trop bien. Le match est nul. Je m’en fous complètement. Et tout le monde joue solo

Et Le ballon d’or brille moins que le visage de Ronaldo. Moi, lui et elle on marque des buts. C’est trop génial quand on marque. J’aimerais que ça dure plus longtemps. Et je m’ennuie à mourir Et je me sens mal. Pas trop bien. J’imaginais ça mieux. Ils marquent un but. On engage. On tacle beaucoup. J’aime bien ce match. Et j’aimerais pouvoir tacler anonyme."

-Imaginer une histoire et se mettre à la place d’un personnage.

Nous avons inventé avec eux des situations de harcèlement. Puis nous les avons réparti en groupe : le groupe des harceleur.euse.s, le groupe des harcelé.e.s, le groupe des témoins.

Exemple d'un texte réécrit à partir d'un atelier

LA FÊTE D'ANNIVERSAIRE

"Ce jour-là, je suis assis tout au bout de la classe et je suis étonné d’apprendre que c’est son anniversaire.

Je dis joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire.

Je dis bon anniversaire.

Je me souviens qu’il m’embête.

Je dis rien je suis content. Je regarde les gens me dire bon anniversaire. Je les trouve marrants. Leurs têtes sont bizarres.

Je comprends rien.

Je comprends sa réaction que je trouve bizarre. Sa réaction est stressée. Je regarde celui dont c’est l’anniversaire.

Je regarde le gâteau.

Je fais mal à un garçon en lui fonçant dessus.

Je comprends que c’est « l’Anniversaire ».

Je déteste qu’il soit là à mon anniversaire. Je fais la distribution des gâteaux et des bonbons. J’aime distribuer le gâteau parce qu’on peut jamais se lever à l’école. Je sais que tout le monde va aimer mon gâteau. Je me sens bien.

J’espère que le gâteau n’a pas de gros bouts d’avocat.

J’espère qu’il aura une petite part de gâteau.

J’espère qu’il n’aura pas de part de gâteau.

Je suis sûr qu’il va faire des bêtises à mon anniversaire.

Je dois fêter son anniversaire.

Je dois manger le gâteau de celui dont c’est l’anniversaire.

Je dois manger mon gâteau.

Je fais la fête !

Je déteste anonyme et anonyme et anonyme avec son coude elle prend toute la place.

Je suis content que tout le monde mange mon gâteau.

Je préfère manger le gâteau qu’en donner aux autres.

J’aime le gâteau qui est noir au chocolat.