J’ai demandé à Jérémie Nuel, designer avec lequel je collabore ces derniers mois, d’intervenir avec moi. Nous nous présentons, puis essayons, avec les enfants, de définir ce que peuvent être l’art et le design : ce qui rassemble ces activités, ce qui les sépare. La discussion s’engage par sauts successifs d’une notion à l’autre.
Nous remarquons que les enfants sont déjà très sensibilisés à l’art et savent que celui-ci se présente sous des formes très diverses, qui ne s’arrêtent pas au seul champ visuel. Nous tombons d’accord sur le fait que la création de l’artiste se nomme « œuvre d’art », qu’elle est unique, qu’elle peut être vendue et être montrée dans des expositions (dans des musées ou des galeries d’art). Un élève avance que les expositions permettent à l’artiste de mettre l’œuvre d’art « à la portée d’un public », et dénote donc une volonté de partager son travail.
Nous tentons de dresser la liste des différentes formes d’art, et introduisons la notion de médium. Nous évoquons l’art dit « multimédia », l’art numérique, et en particulier l'art dit « post-digital » (sur lequel nous reviendrons), nous concluons que l’art évolue avec la technique.
Quelques digressions s’opèrent dans la discussions : être artiste est-il un vrai métier ? Les œuvres d’art ont-elle une raison d’être ?
Concernant le design, les enfants font rapidement le lien avec l’objet, mais demeure une confusion avec l’artisanat, voire avec la décoration d'intérieur. Nous éclaircissons la notion en plaçant sa naissance au moment de la révolution industrielle, et en appuyant son lien avec l’industrie et la production en série. De là, nous élargissons le champ de production du design à l’objet, mais aussi à des systèmes plus complexes (signalétique par exemple). La raison d’être du design est également éclaircie : elle est liée à l’usage des choses (objets, lieux, etc.), répond à un besoin, une demande/commande, ou bien est une exploration des différentes possibilités de son objet. Dans tous les cas, elle est intimement liée à l’évolution technique. Nous concluons notre réflexion sur la délimitation du champ du design à la croisée de l’art et de la technique, en lien avec les questions inhérentes à une société donnée.
Pour finir, nous demandons aux enfants de situer la création du design : puisqu’il s’agit d’objets multiples, est-ce l’objet ou son projet ? Nous répondons au problème en nous aidant de la racine du mot design, du latin designare, « marquer d’un signe, dessiner, indiquer ». Nous concluons que les plans, dessins, etc., en somme le projet, est la création.
Nous résumons : - L’art et le design sont deux activités de création. - L’art produit des œuvres d’art, le design produit des objets ou des systèmes organisés. - L’art est plus ancien que le design. - L’art et le design évoluent avec la technique. - L’art produit des créations uniques, le design plutôt des objets en série. - L’artiste expose ses œuvres, et peut les vendre ; le designer vend ses créations, mais peut aussi les exposer. - Le design est souvent à vocation commerciale, ce qui n’est pas le cas de l’art, même si les œuvres peuvent être vendues. - Il est facile de dire que « designer » est un métier, ce qui est moins le cas pour « artiste ».
Les Ateliers Médicis seront fermés au public du 21 décembre au soir au 5 janvier inclus.