VILAINE FATIGUE

VILAINE FATIGUE

Publié par Tom Verschueren et Laurine Baguelin

Journal du projet

La vilaine fatigue, au 17 mars 2018

Ça y est. Elle commence à fatiguer
La fille, pas la machine. 

Ils sont obligés maintenant on dirait, c’est pire. Il doit tout faire. Tout faire, ses gestes à lui et les siens à elle. Tout pour que ça continue, que la valse ne finisse. Peut-être c’était leur choix de se transformer en centrale électrique. Peut-être personne n’a jamais eu à, ni même voulu, profiter d’eux. Peut-être ils se sont donnés, comme ça, au monde. Peut-être ils ont dit, « tenez, prenez-nous, voilà ce que nous sommes ». Peut-être c’était la plus grande affirmation. Depuis tout ce temps qu’ils ne savent même plus combien de temps ça fait, ils ont été là, machine. Au début ils étaient deux, puis ils étaient un, puis ils étaient machine. Et là, maintenant, ils sont deux et ils sont machine. Comment est-ce qu’ils font pour être autant à la fois ? Se soutenir comme des humains et réussir à contenir

le Temps
C’était ça
Leur secret
Ils pouvaient vivre éternellement et ils l’ont fait
Vivre machine pour vivre toujours

Ils s’étaient promis
Ils ne pouvaient pas mourir
C’était une promesse

 

« Adieu, Dann. Adieu, petit monsieur Rheil qui m’a enseigné la vie. C’est toi qui avait raison, nous ne sommes pas morts. Ce n’est pas possible de mourir près de toi. Même Mormy a attendu que tu sois loin pour le faire. Maintenant c’est moi qui m’en vais loin. Et ce n’est pas près de toi que je mourrai. Adieu, mon petit monsieur qui rêvais des trains et qui savait où était l’infini. Tout ce qu’il y avait à voir, je l’ai vu, en te regardant. Et je suis allée partout, en restant avec toi. Cette chose là, je n’arriverai jamais à l’expliquer à personne. Mais c’est ainsi. Et je l’emmènerai avec moi, et ce sera mon plus beau secret. Adieu Dann. Ne pense jamais à moi, si ce n’est en riant. Adieu.»