Ballet matinal du fraiseur qui déneige les trottoirs du village, il se fraye un chemin à travers l’épaisseur blanche. Comme nous, avec la neige dedans la tête.
Les enfants avancent vite et ils sont pointilleux, ils nous reprennent quand on oublie, quand on se trompe, sans quartiers. Pour le moment on s’est raconté beaucoup d’histoires, et une revient toujours, celle des châteaux, qui risque bien de devenir la leur.
Jamais vraiment de manière frontale on tisse des liens entre les idées, ponts de neige dans nos châteaux glacés. Jusque là du geste, beaucoup, précisé et répété par des jeux et une énergie qui semble inépuisable. Des rythmes aussi, qui sont la couleur de nos gestes pour le moment, accompagnés de bruitages à la bouche ou à l’objet. On pousse même en utilisant des vrais instruments, parfois. Ça marche pas toujours alors on fait un ou deux pas en arrière sans effacer. C’est juste parfois certaines tours vont un peu plus haut que les autres. Et en tour, on commence à s’y connaitre aussi parce que parallèlement on peaufine la maquette, celle avec laquelle on est arrivé le 11 janvier, pour leur présenter la première fois Quinnipak, le village des Châteaux de la colère. Tout de suite après le premier récit, la nécessité d’agrandir, d’élargir, d’aller là même où Baricco ne s’était pas aventuré. Alors on construit. Et bientôt, bientôt comme la semaine qui vient, peut-être qu’on va s’essayer à coller des mots sur les habitants de ce village, à mi-chemin entre le réel et la fiction, tout plein de mystères et de petites choses de la vie.