la surprise finale

Tsunami final

Publié par Cecilia Galli

Où la danse envahit l’école. Le climax de la matinée du 31 mai !

Un tel événement se prépare toute une semaine. Un plan d’action comme si on préparait une bataille décisive… Pour mener à bien toutes les opérations, il faut donc dessiner une carte des lieux et  y placer les points stratégiques.

Nous avons :

  • la cour du bas, où les CM2 réaliseront leur chorégraphie, une classe arrivant depuis le plateau sportif, l’autre depuis la cour du haut.
  • la cour du haut, où nous réaliserons notre danse surprise à la fin de la matinée
  • Le plateau sportif, où Willy et Simba animeront des ateliers de danse
  • La BDC transformé en notre laboratoire, où seront présentées les vidéos de nos exercices, les dessins préparatoires pour les maquillages, les photos des influences, et notre grand jeu des mots qui font danser
  • La salle des CM2 B, notre “Salle du voyage”, dans laquelle on pourra voir les vidéos d’archives de danse commentées par les enfants, les photos qui ont inspiré nos chorégraphies, et la carte du monde sur laquelle on a consigné tous nos déplacements imaginaires
  • La salle des CM2 A , salle de projection “Plages Paysages”, où on pourra admirer les vidéos réalisées en plein air.

Pendant trois jours nous avons retravaillé nos chorégraphies in situ (en essayant de ne pas faire trop de bruit mais des visages curieux sont quand même apparus sur le seuil des classes…), bougé des tables, accroché des tissus colorés aux murs, répété nos déplacements, désigné guides, présentateurs et maîtres du temps (le planning est serré : pas plus de 10 minutes par salle pour chaque classe !)… Et le 31 au petit matin, nous voilà prêts : de la danse partout dans l’école, des groupes qui circulent dans tous les sens, se croisent, regardent, dansent et regardent à nouveau et chacun a une expérience toute personnelle de sa matinée. Nous aussi, d’ailleurs : pas de place assignée, nous circulons, nous allons là où on sent que ça a besoin, là où ça nous attire.

Alors une matinée, et trois regards :

 

* Leslie

Le réveil sonne à 5h. La nuit a été minuscule, jusqu’à tard j’ai regardé par dessus l’épaule de Heidi qui montait la dernière vidéo, en remplissant de temps en temps sa tasse de tisane. Mais l’adrénaline fait le boulot, je suis une pile électrique, saute dans mon tee-shirt vert, noue un bout de tissus mahorais autour de la tête — le même que ceux qu’arboraient nos petits danseurs guérilleros sur la plage — et on décolle. C’est le papa d’un élève qui nous prend en stop pour aller à l’école… un signe ?

C’est la première fois depuis le début de la résidence que nous arrivons le matin dans l’école VIDE. C’est si calme et silencieux. On branche les vidéo-projecteurs, on accroche les tissus qui d’ordinaire servent à faire des salouvas, on s’inquiète un peu parce que les copains qui s’occupent de la sono ne sont pas là, et puis petit à petit tout on entend les voix des enfants, la cour qui vibre de leurs jeux.

Ça sonne et il faut s’activer, je fais le résumé des opérations à la classe de Brice tandis que Ceci est dans celle de Jean-François, on s’orne de nos parures en tissus et on commence à descendre (en retard) alors que Marianne sonne la cloche annonçant le début des festivités. Samir ne veut plus être en tête de file, Amandine me dit qu’elle a peur parce qu’elle n’a jamais fait la chorégraphie sur la musique, je tente de rassurer tout ce petit monde — ils font quand même moins les malins que pendant les répétitions où ils exécutaient difficilement mes demandes, j’avoue que je jubile un peu — je tope dans toutes les mains et je fais signe à Heidi, ils peuvent balancer la musique. Les deux files descendent au rythme du llamero bolivien, pied-pied-main, pied-pied-main-main, la répartition dans l’espace est assez approximative, les deux rangées toutes collées mais j’imagine que ça rassurer de se sentir bien serrés, il y a ce moment de suspension quand résonne les premières notes de la musique de Chancha via circuito, et les statues s’animent, et elle le font avec une si belle détermination. On avait dit qu’on ne ferait pas le mouvement final, le pont avec les mains sous lequel on s’engouffre, parce qu’il était l’occasion de trop de croche-pattes et de montées de colère, mais ils ont si bien réussi le moment de l’arc de cercle et des acrobaties que dans mon enthousiasme je leur fais signe de continuer : certains hésitent un peu mais finalement ils se lancent et c’est si joli de voir se dérouler cette chenille dans toute la profondeur de la cour (je crois qu’il y en a quand même un qui se casse la figure dans le lot mais je ne suis plus très sûre). Ça applaudit partout, en haut, en bas, sur les côtés, et c’est à la classe de Jean-François de faire son entrée. C’est Ceci la chef d’orchestre, elle les soutient de son regard assuré, je relâche mon attention un instant.

Ensuite on est aux aguets, les élèves de CM2 doivent prendre en charge six classes et les faire circuler entre les points à visiter. Je vérifie à la BCD que la vidéo soit bien lancée, je vais voir au plateau sportif si tout se passe bien. Bon, il y a des soucis de sono et Willy et Simba essaient d’avoir l’attention des trois classes de CM1, je me saisis du micro pour galvaniser les masses et finalement la musique redémarre, ça commence à danser dans le cercle. Les CP, qui ont fini leur visite, arrivent au plateau, ils sont un peu plus à l’écoute que leurs aînés et se tortillent sans pudeur. On m’appelle depuis la bibliothèque, un bug dans le parcours, deux classes de CE1 s’y entassent et un des instituteurs se plaint que les présentateurs ne présentent pas assez bien. Mais il y a de la place pour tout le monde et les images parlent très bien d’elles-mêmes… j’arrive juste au moment où on voit en gros plan le visage et celui de Ceci remuer des sourcils et des narines. Oui, on peut danser avec la figure aussi, et ça fait bien marrer tout le monde ! Je monte ensuite dans les deux salles du haut , tout se passe plutôt bien, il faut quand même dire aux élèves qu’ils ont le droit de se vautrer sur la carte du monde à condition d’enlever leurs chaussures, et visiblement ils aiment bien. Dans la salle d’à côté, nos organisateurs maitrisent à merveille la projection des vidéos. Un CM2 guidant les hordes de petits me confie : “je comprends ce que vous ressentiez quand on vous écoutait pas”. Je laisse échapper un rire diabolique, et pars à la recherche de mon portable et des clés de l’école, perdus dans l’exaltation. Au loin les clameurs du plateau sportif, ça a l’air de bien s’amuser.

A 9h45, c’est à nous de jouer… Les élèves sont tous sortis et attendent “la surprise”. Je fais un signe à Heidi qui lance la musique-coquillage de Chassol qui nous a accompagnée dans toutes nos impros du séjour, et c’est parti : Willy descend les escaliers avec ses bras qui se plient comme des origamis, je me propulse sur les rambardes, Ceci traverse la cour en ondulant et Simba descend de son arbre. Les piliers du préau deviennent partenaires de danse et nous, une créature à mille bras. La musique décroit, nous nous laissons glisser au sol, et tout autour ça acclame. Alors quand on les invite à nous rejoindre, c’est le tsunami : des centaines de petits corps qui déferlent au centre de l’école pour venir onduler en coeur ! Alors franchement, on n’a rien à envier aux plus folles rave parties, et il n’est que 10h du matin…

* Cecilia

Est-ce que tout le monde sait quoi faire? Un petit groupe de CM2 déambule dans toute l'école pour récupérer d'autres classes et leur faire découvrir le parcours spécialement conçu pour eux. Ils sont totalement autonomes: les maîtres du temps veillent l'horloge, les présentateurs ont préparé un joli discours sur notre travail, quelqu'un lance la vidéo, d'autres suivent le plan de l'école.. Chacun a sa tache. Les croisements entre les groupes d'élèves sont parfois chaotiques et les roulement créent des chevauchements, mais nous allons nous en sortir d'une manière ou d'une autre. Les plus petits observent avec fascination les danses que les grands ont préparé pour eux. Les vidéos à la plage font rêver à une autre façon de voir sa propre salle de classe déplacée hors les murs. Certains CM2 sont fiers de montrer leur capacités dansantes et d'autres sont un peu timides. Les vidéos sur les danses du monde fait aussi des spectateurs partagés. Les étranges pratiques de danse créent de la perplexité, de l'admiration ou de la peur. Les vidéos sur les exercices montrent les copains sous des postures drôles et cela divertit tout le monde. Et enfin c'est le tour du plateau sportif. Des groupes d'enfants s'affrontent sous forme de battles, rytmées par des musiques hip hop. La piste est tellement chauffée par l'ambiance, que même l'inspectrice ne peut pas rester immobile à regarder. Inspirée par la musique qui l'appelle, elle rejoint le centre et danse avec toute sa joie. C'est un moment qui va rester dans les annales de l'école! Des enfants minuscules dansent comme des danseurs professionnels, qu'on pourrait observer dans des vidéoclip, et laissent tout le monde bouche bée.

Enfin nous allons nous mettre en place pour le dernier évenement. Nous avons préparé une sorte de flash mob avec nos copains danseurs. Tous les quatre en place, nous allons petit à petit bouger sur la musique et nous nous retrouvons au milieu de la cour pour notre chorégraphie. Dans l'euphorie du moment nous oublions certains pas, mais pas de panique, il y a toujours l'improvisation. Et je crois que tout le monde était tellement content qu'on a rien remarqué. La chorée termine par un appel à danser avec nous. Tous les enfants nous entourent et dansent comme des fous. Entre cris, mouvements et musique, se termine notre journée dans la joie commune.

 

*Heidi

La matinée qui commence est une joyeuse course contre la montre !

6H, top départ, nous finissons les quelques installations, réglages des vidéos projecteurs, enceintes, écrans, bancs, tables, pour être prêt à recevoir les visiteurs. Un roulement millimétré est prévu pour permettre aux 300 élèves de l’école de voir les installations et vidéos réalisés avec les CM2.

7h, la cour se peuple d’enfants, les yeux, pour certains, encore gonflés de sommeil. 

7h20, la sono tout juste installée, nous lançons le début de l’événement : Les CM2, concentrés, quelque peu stressés, commencent à danser sous le regard attentif de leurs camarades. J'ai la caméra en main et, une fois la musique lancée, je commence à filmer cette folle matinée.

La chorégraphie s'achève, elle est grandement acclamée.  Notre public alors se disperse, les élèves retournent en classe pour une partie d’entre eux, et les autres, guidés par nos groupes de Cm2, se répartissent dans les différents espaces de présentation pour commencer la visite : c’est le début des rotations. 

Je démarre par le plateau sportif. Alors que nos régisseurs, Samir et Kamardine, déplacent à toute vitesse la sonorisation, pour permettre de mener un atelier en musique, les CM1 affluent. Dès que le micro est fonctionnel, nous pouvons expliquer à la centaine d'élèves qui s'impatiente le déroulement de l'atelier mené par les deux danseurs Willy et Simba, du Royaume des Fleurs. Nous leur proposons, à leur tour, de venir danser quelques minutes avec nous. La musique se lance, le haut du corps de Willy et Simba dépasse de la foule d’enfants, ce qui permet à tous de suivre leurs mouvements !

Il n’est pas encore 8H et le plateau sportif se transforme bientôt en immense piste de danse…

Alors je vais voir les autres groupes en charge des CP. Je fais des va et viens entre les différentes salles, le laboratoire, la salle du voyage, la salle de projection, et je demande à nos différents guides tout au long de la matinée : « Ca va, tout va bien ? Vous savez où aller ? ». C'est un peu chaotique, mais ils sont autonomes, carte de l’école et montre en main !

La matinée se clôture sur un dernier événement « surprise », nos quatre danseurs, dissimulés dans la foule se mettent en mouvement sur la musique. Simba caché dans l'arbre, bouge les branches, et tel un animal, il saute au sol et enchaîne plusieurs saltos qui génère une vague d'approbation et de surprise dans le public. Le préau prend la forme d'un plateau de danse, et l'école, une salle de spectacle. A la fin le préau se fait rapidement envahir par les élèves qui se joignent aux danseurs pour une danse géante improvisée. Petits et grands se mettent à danser, danser, danser.

C’est la fête à Pam 5…

La sonnerie de 10H marque la fin de l’événement et le début du week-end, le nuage d’élèves dansant se disperse aussi vite qu’il s’est formé et retrouvent leurs parents au portail.

 

Mince, c’est fini, il faut déjà se mettre à ranger… !