tout a commencé ici (je crois)

tout a commencé ici (je crois)

Publié par Juliette Mézenc

Journal du projet

carte-au-trésor

Si le temps ne défile pas tel qu'on le perçoit, si l'espace-temps est une sorte de maillage qui se déforme sous le poids d'objets célestes, un maillage que je sillonne moi aussi à ma toute petite façon

(la tête me tourne)

faisons court

si le temps est de l'espace alors : où est le passé ? où est-elle la petite fille aux yeux écarquillés ?

A quel endroit précis de la départementale 122 ? Je la suis du regard, passe le ruisseau et la source captée jusqu'à

Là ! la voici :

ouvrir les yeux

pas assez

ouvrir grand les yeux

pas assez

les écarquiller

pas assez

écarter les yeux, encore, encore un peu plus, jusqu'à

jusqu'à les avoir aussi derrière la tête, jusqu'à ce qu'ils s'élargissent au point de recouvrir toute la tête

une tête d'yeux

et même ça

pas assez !

Parce qu'elle en est malade de devoir rester plantée là, au bord de la route, à juste : regarder !

Parce que même ça, la tête aux deux yeux énormes qui prendraient toute la tête, ça ne suffirait pas, il faudrait encore que les deux yeux énormes soient pourvus de bras, et qu'ils soient télescopiques, une multitude de bras télescopiques s'élançant vers tout, embrassant tout, une multitude de bras télescopiques serrant contre leurs petits cœurs de bras chaque pierre, chaque herbe, chaque nuage, chaque ombre du paysage, et que les bras soient capables de sentir la douceur de tout ce qu'ils serrent ainsi, contre eux

fort, très fort

jusqu'à

En place de quoi : carte postale !

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Premier jet d'une nouvelle carte-au-trésor inspirée par l'atelier de janvier avec les enfants (et aussi l'origine de tout ce chantier d'écriture, ici, sur le plateau, l'almanach comme le récit)