Rencontre d'une habitante de Pignans, sur l'aire de jeux

Rencontre avec Pignans, les 28 CM2 et les taches

Publié par Jeanne Marquis

Journal du projet

(musique d'ambiance : SEEDS de Camille)

Le jeudi 3 décembre 2020, je vais à la rencontre de Pignans, l'école Marcel Pagnol, l'équipe pédagogique et les 28 élèves de CM2 qui seront les futurs acteurs de mon projet. Nous sommes en plein confinement, et c'est un bonheur d'avoir enfin une (VRAIE) raison pour sortir de chez moi : je vais tout simplement travailler. Dans ce contexte si étrange, je suis très, très, très enthousiaste à l'idée de découvrir une région et de faire la connaissance de nouvelles personnes. De ce moment je garde les souvenirs d'un accueil chaleureux et de quelques questions des enfants auxquelles je  répondrai avec plaisir quand je reviendrai :

"Jeanne, on va faire quooooooi?"

"Jeanne, pourquoi Tache Pistache en fait ? Tu nous as expliqué pour les taches, mais on va faire quoi avec les pistaches ?"

"Moi, ma soeur elle a 5 kilos d'argile. Tu veux que je la ramène ?"

"Mais Jeanne, je comprends pas... ton métier... c'est de faire des taches ?????"

 

Depuis, j'ai passé un moment à Pignans entre le 13 et le 22 janvier. 

Les enfants et moi avons tenté d'observer la ville sous un autre angle. Le regard à trois centimètres du sol goudronneux et des arbres recouverts de mousse, nous avons cherché les taches. Certains, en levant les yeux très haut, en ont même vu dans le ciel. Chacun est équipé de son appareil photo et scrute l'espace à la recherches d'éclaboussures, empreintes, accidents et salissures.

Les enfants ont ensuite été invités à poursuivre ce travail de recherches photographiques chez eux et beaucoup m'ont transmis des photos de taches du quotidien surprenantes et parfois super poétiques.

Le travail est lancé. Dans la cour, une semaine plus tard, un enfant crie aux autres : "Wouaaaaah regardez la trop belle tache que j'ai trouvée !"

Je suis contente.

 

 

Nous continuons notre travail en faisant un état des lieux de toutes nos trouvailles. Nous admirons les taches des copains et parfois sommes en désaccord sur ce qu'est une tache ou non (je participe au débat avec conviction aussi !). Nous tentons de les classer : les taches sont rondes, écrasées, en relief, belles ou moches, artificielles, volantes, terre-à-terre, solitaires, esthétiques. Nous commençons par leur donner des adjectifs puis leur prêtons un caractère joyeux, grognon ou mélancolique. Je propose aux enfants de préciser ces personnalités, et de les transposer assez vite avec de l'argile. 

Quand je quitte Pignans, je réalise à quel point j'ai eu la chance de démarrer un tel projet qui, pour le moment, réussit à esquiver tant bien que mal cette "pandémie mondiale". Cette première résidence est pour moi l'équivalent d'une immense bouffée d'air frais qui me manquait depuis plusieurs mois. J'ai hâte de poursuivre.

 

Capturer les taches
Papoter autour des taches et plonger dans l'argile