Extrait vidéo

Octobre, fin du projet - Garder trace

Publié par Lea Michel

Journal du projet
Arts plastiques Design Scénographie

Vidéo finale du projet

L’idée de départ de faire une vidéo, était dans le but de garder trace de ce projet. Lorsque l’on travaille un ensemble en volume et que chacun repart avec sa maquette, l'installation se dissout. Ce qu’il en reste, ce sont des photographies. Ici, la forme de la vidéo s’imposait, plutôt que l’image fixe car c’est un projet qui se raconte.

 

Actuellement, de nombreux projets artistiques, et notamment au sein de la résidence Création en Cours, portent sur des sujets tels que l’utopie et les cabanes. Je trouve cela révélateur de questionnements actuels, autour de la même envie, voire nécessité d’un mode de vie différent. Cela clame notre désaccord avec nos modes de vie et de consommations actuels. C’est un engagement. Durant cette résidence, tout en apprenant aux enfants à fabriquer en volume, j’ai voulu les ouvrir à la nécessité vitale d’une conscience écologique. Là-dessus, j’ai été largement soutenue par leur institutrice.

La lecture de Chez soi de Mona Chollet1, et de textes sur le travail de Katarzyna Kobro2 m'ont aidé sur ces idées. Mais aussi et surtout celle de Nos cabanes de Marielle Macé3. Dans une interview, elle « nous dit que « Le mot "cabane" définit ce qui se construit, dans toutes sortes de territoires, pour réinstaller de la vie, braver les précarités ». […] « Il ne s’agit pas de faire l’éloge d’un "vivre de peu", mais d’affirmer le désir d’une autre abondance - abondance non plus d’objets mais de liens, de savoirs, de connaissances, d’attachements entre nous et aux choses du monde. »4 L’essayiste nous parle d’un contexte politique alternatif.

Tout au long du projet, j’ai souhaité amener les enfants à construire un univers imaginaire qui leur est propre ; reprenant au départ des schémas de jeux que l’on a enfant, où l’on se projète dans des mondes idéaux, des utopies. Le point de départ de ces univers étant souvent l’abris, l’habitat, la cabane, élément primordial et essentiel. Quelles sont alors les formes de ces abris ? Comment les occupe-t-on ? Et qu’est ce qu’on y fait ? Il est d’ailleurs intéressant de voir l’évolution des formes faites par les enfants : généralement ceux dont la fonction préexistait à la fabrication, ont créé des formes plus spécifiques.

 

Après ces constructions, de longs échanges sont nécessaires pour la mise en commun des maquettes. Cela leur permet de réfléchir ensemble et de comprendre la nécessité des concessions.

Pour autant la forme et l’esthétique n’en sont pas moins importants. Je montre aux enfants des références d’architectures traditionnelles, primaires, et contemporaines ; des références artistiques et de design, sous formes d’installations et de constructions à grandes échelles. Si l’on rêve notre futur idéal, pourquoi n’imaginerions nous pas aussi sa forme moins conventionnelle ? Un fonctionnement utopique peut entraîner une forme utopique également.

 

1 Mona Chollet, Chez soi, une odyssée de l’espace domestique, éditions zones, Paris, 2015

2 Katarzyna Kobro, Wladyslaw Streminski, une avant-garde polonaise, éditions Skira, éditions du Centre Pompidou, Paris, 2018

3 Marielle Macé, Nos Cabanes, Paris : Verdier, La petite jaune, 2019

4 Thibaut Sardier, « Marielle Macé: « Le mot "cabane" définit ce qui se construit, dans toutes sortes de territoires, pour réinstaller de la vie, braver les précarités » », Libération, 8 mars 2019, https://www.liberation.fr/debats/2019/03/08/marielle-mace-le-mot-cabane-definit-ce-qui-se-construit-dans-toutes-sortes-de-territoires-pour-reins_1713901 (consulté le 22 octobre 2020)

Sotopia

La ville utopique des enfants de Tauves

Durant ce long atelier, les enfants ont réalisé des maquettes de cabanes, avant de les assembler sous forme de ville. Au delà de nous renvoyer à l’enfance, la cabane nous évoque un idéal de vie utopique. Avec les questions actuelles du climat et de l’écologie, cette notion prend un sens plus fort et plus engagé. Comment des enfants aujourd’hui imaginent le monde de demain ? Ses habitats, leurs formes et leurs usages ? Ces cabanes assemblées sous forme de ville amplifient ces questions, et lui donnent la consistance d’une vision commune. On y voit la nécessité de l’écoute, de l’échange, de l’entraide, et du fait de prendre soin de notre territoire ; mais aussi de fêter Halloween dans une maison hantée en regardant des films d’horreur.