Le kit de transmission

Publié par Aude Rouanet

Après avoir décidé avec M. Lavainne que revenir à Conie-Molitard serait impossible, en raison des conditions sanitaires, il a fallu réfléchir ensemble à une manière de terminer le projet commencé avec les élèves.

Pendant tout le confinement, beaucoup de comédiens ou d'institutions théâtrales cherchaient à continuer à faire du théâtre, à partager leurs créations et leurs métiers, via internet et notamment la vidéo. Nous avons été beaucoup à nous questionner sur le sens de tout cela. Effectivement, comment faire théâtre sans public ? Comment continuer à faire vivre la création ? Garder un lien avec les gens ? Le fallait-il à tout prix ?

La même question s'est évidemment posée pour nous dans le cadre du projet et notamment de la transmission avec les élèves. Pourtant, assez rapidement, je n'ai pas voulu utiliser le biais de la vidéo, ni pour leur demander de se filmer, ou de créer des scènes chez eux, ni pour leur transmettre quoi que ce soit. D'abord, parce que cela nécessitait un accès à internet et des moyens techniques que tous n'étaient peut-être pas en mesure d'avoir, et je ne voulais pas créer sans le vouloir des inégalités. Ensuite, parce que je savais par M. Lavainne et par tout ce que nous entendions à la radio que l'école à la maison n'était déjà pas simple pour tous, et je ne voulais pas rajouter un impératif quelconque.

Et puis surtout, l'idée de base de ce projet était bien sûr de faire un spectacle avec eux, mais surtout de partager avec eux le principe de la création collective en théâtre. Je voulais leur faire découvrir qu'un spectacle naît d'interrogations personnelles. Que créer c'est venir proposer des idées de scènes, des envies d'histoire, bref, que créer part toujours de soi.

J'avais déjà des enregistrements vocaux des élèves datant de fin janvier. L'idée m'est alors venue de faire des portraits audios de chacun d'entre eux, en leur demandant d'écrire un texte répondant à quelques questions envoyées par mail, et de s'enregistrer en le lisant.

M. Lavainne m'a proposé d'attendre le retour en classe pour mettre en place tout ça. Durant tout le mois de juin, les élèves m'ont envoyé leurs enregistrements et nous nous sommes donné rendez-vous par Zoom une fois par semaine.