L'autoportrait

La troisième et la quatrième semaine (mars)

Publié par Valentin Clerc

Journal du projet

Samedi 13 mars 2021. Nous nous sommes retrouvés avec mes CM1 du 1er au 5 mars. Oui, « mes CM1 », j'adore dire ça car nous nous connaissons vraiment bien tous. L'idée initiale était de se servir de cette semaine pour les initier à la photographie avec l'aide d'Antonin Charbouillot. Antonin est mon meilleur ami et jouera dans le spectacle sur Robin Williams. Mais j'ai constaté que le travail avec les enfants autour de l'autoportrait et le fait de s'assumer sur une scène étaient déjà un travail bien assez dense en soi. Finalement l'aspect photographique du processus se résumera cette année à un poster de chaque élève qui sera réalisé par Antonin le jour de la restitution du 28 mai. D'autant que cette idée de revenir travailler avec eux l'année prochaine a tendance à séduire le corps enseignant, par conséquent je me permets de projeter ce travail sur la photo sur l'année prochaine si année prochaine ensemble il devait y avoir.

Cette première semaine de mars donc sert à travailler davantage sur la cohésion du groupe et le fait de s'assumer devant les autres. A côté de cela, je continue aussi à leur poser des questions sur eux et elles à travers des questionnaires où je me retrouve avec seulement quelques élèves à la fois ce qui est vraiment un privilège. Ils sont plus facilement concentrés lorsqu'ils sont en petits comités :

« Cite une chanson que tu adores. », « Tu as le pouvoir de voler, où vas-tu et pourquoi ? », « Cite deux choses que tu aimerais apprendre à faire. », « Cite quelque chose que tu aimerais faire ou dire sur une scène » etc. Et toutes ces réponses viendront nourrir le texte qu'ils devront dire devant le public.

C'est agréable de les retrouver bien qu'il faille à chaque fois un petit temps pour bien se reconnecter les un.e.s aux autres. Le temps passe et nos relations se tissent. Certain.e.s élèves, par timidité, résistent parfois à ce que je leur propose et parfois ils se laissent pousser des ailes. Parfois, j'oublie d'aller chercher ceux ou celles qui participent moins tellement ceux ou celles qui participent plus prennent de la place. Il faut que je pense à aller chercher ceux ou celles qui parlent moins.

Une de mes grosses satisfactions, c'est que ce travail en demi-groupe non seulement me soulage moi car ils sont moins nombreux, mais soulage également l'institutrice ou l'instituteur qui s'occupe de l'autre demi-groupe. Tout le monde travaille mieux et ça, ça me fait vraiment plaisir. Car, oui, il n'y a pas seulement Claire qui m'accompagne. Il y a également Julien. Julien est leur instituteur tous les mardi et un jeudi sur trois. Ils sont assez complémentaires avec Claire car Julien est en formation et par conséquent il me partage beaucoup de choses qu'il apprend en temps réel, tout cela avec une joie profondément communicative et une honnêteté intellectuelle qui me touchent beaucoup.

Le vendredi 5 mars, ils font la rencontre d'Antonin qui vient dans la classe. Il me paraît important que la rencontre se fasse pour deux points : Antonin a 27 ans comme moi, il est artiste comme moi mais sous plein de nouveaux aspects. Il fait lui aussi un métier-passion et il a plein d'anecdotes de ses voyages, des photos d'animaux, bref une fourmilière de questions en perspective. Un demi-groupe reste avec lui pendant que de mon côté je travaille avec l'autre demi-groupe puis on échange ; ce qui a permis à Claire de venir me voir pour la première fois en travail avec ses élèves soit dit en passant. C'était une très belle séance, vraiment singulière, ce jour-là. Le groupe se détend vraiment, du coup chaque individu éclot différemment. À la fin de la journée, je suis content car je me dis qu'ils repartent tous en week-end après avoir vécu un après-midi composé de photographie, de voyages et de théâtre.

Il me paraît aussi important d'indiquer ici que j'aime aussi venir en classe juste pour les observer et les comprendre. Hors temps de transmission. Je suis juste Valentin à ce moment-là et je me sens à ma place au fond de la classe. En laissant Claire, je lui parle du film « Jack » dans lequel joue Robin Williams et qui permettrait une autre entrée très concrète sur ce thème de la différence mêlée à mon idole.

Lundi 8 mars 2021. Cette semaine est une semaine vraiment singulière puisqu'elle est la première où Pierre Maillet, Antonin et moi sommes enfin réunit pour travailler ensemble sur le spectacle. Nous travaillons à l'Espace des Arcades qui est le tout nouvel espace culturel de la commune : un ancien cinéma : c'est un signe, c'est sûr. Nous travaillons les après-midi de 14h à 20h, nous regardons des films autour de Robin Williams, des spectacles, je leur lis mes écrits, nous nous présentons au plateau les uns aux autres, nous racontons des anecdotes d'amitié, on se partage des idées de structure possible du spectacle...bref, la semaine passe beaucoup trop vite.

Pierre rencontre les élèves à son tour le vendredi 12 mars au matin pour se présenter et leur jouer un extrait d'un spectacle de son choix. Il leur parle aussi du métier de metteur en scène qu'ils découvrent avec lui. Une nouvelle rencontre avec un artiste passionné qui vient leur parler de son idole à lui : Dustin Hoffman. Pour cela, nous leur montrons sur le vidéo projecteur de la classe un extrait de « Hook » de Spielberg où on peut voir Robin Williams jouer avec Dustin Hoffman. Les films avec Robin commencent à s'accumuler avec eux et j'en suis content : après Madame Doubtfire (visionné quelques semaines auparavant), voici Hook ! Et après avoir rencontré Antonin, voici Pierre. À la fin de la rencontre, chaque élève a souhaité lire ce qu'il avait écrit suite à sa rencontre avec Antonin quelques jours auparavant tout en veillant à bien projeter sa voix et adresser son texte au reste de la classe....Un moment très émouvant comme vous pouvez l'imaginer. Nous terminons cette première semaine de travail sur le spectacle « Robin by Valentin by Antonin » le vendredi soir, une semaine remplie de plein de choses. Je suis frustré car c'est passé extrêmement vite mais je travaille sur mon impatience. Plein de nouvelles idées sont nées de tout ce travail mené en amont avec les enfants.

Parenthèse. Le dernier soir, nous mangeons avec le maire et d'autres personnes du conseil municipal. Enfin nous nous rencontrons. Je leur parle du projet, des enfants, du dispositif et de mon envie de revenir l'année prochaine. Je leur parle du travail qui sera proposé fin mai, la discussion est agréable, mon endroit de recherche leur parle et mon envie de grandir avec cette classe semble les intéresser. Affaire à suivre donc...

Extraits