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Journal 3 - Le 29 février, récits collectifs

Publié par Stéphanie Vivier

Journal du projet

Après avoir choisi dans nos listes un 29 février, dont chacun déroule la journée idéale dans son carnet, les enfants doivent se mettre d’accord, par groupe de 8, sur un seul 29 février. Ils devront inventer ensemble les événements, festivités, rituels et repas de cette journée.

Nous parlons de toutes les fêtes que l’on connaît, à l’échelle internationale, nationale, et même les traditions locales (par exemple, le concours du plus bel abribus décoré à Noël. Puis on imagine des fêtes qui nous plairaient.

Nous obtenons donc, après débats et discussions, quatre 29 février très différents pour quatre groupes d’enfants :

 

Le 29 février, c’est le jour de la chance

Le 29 février, c’est le jour de la fête pendant 9 ans

Le 29 février, c’est le jour du feu et des oiseaux

Le 29 février, c’est le jour du jeu « Le 29 F »

 

 

Pendant le 29 février Le jour de la chance, il est question d’une chasse au trésor dans un château, à la recherche d’ossements de dinosaures. Il y a trois prix à gagner, une limousine en forme de dinosaure, sertie d’or et de diamants, mille millions, ou un ticket pour le restaurant 5 étoiles du château. Un facteur joue un rôle très particulier dans cette histoire.

Le deuxième groupe pose le 29 février comme premier jour d’une longue fête de 9 années, pour les enfants de 9 ans, soit, jusqu’à leurs 18 ans. À l’occasion de cette très longue fête, les enfants changent de salle chaque année : on voyage à motos (et on tombe en panne) entre Courchamps, Tokyo, New York, Saumur ou encore la Corse. Dans cette histoire, Karen Mose, l’anthropologue, a un vrai rôle, même si à un moment, on la perd dans la nature. À la fin, elle tombe amoureuse.

 

Le troisième groupe travaille sur le 29 février le jour du feu et des oiseaux. Nous sommes projetés dans un univers volcanique, avec des araignées et des oiseaux de magma. Les humains dansent pieds nus sur le sol chaud, grâce à la lave sous la terre. L’histoire s’ouvre sur une offrande : comme chaque 29 février, des humains donnent de la cendre à manger aux araignées de magma. Les hommes déclarent finalement une guerre pour la liberté. Des laser game à balles d’eau et des oiseaux d’eau viennent en renfort aux humains. Ceux-ci dansent pieds nus sur le sol, chauffé grâce à la lave sous la terre.

Le dernier groupe travaille sur un 29 février célébrant le « jeu du 29 F ». Dans ce récit, un groupe de huit habitants a créé un jeu vidéo, le « 29 F », dans lequel on vit la vie qu’on rêverait d’avoir. Il y a plusieurs modes : un mode vie, un mode fête, un mode tournage, un mode fantastique. Chaque 29 février, une fois tous les quatre ans, le jeu est mis à jour. Afin de célébrer cette mise à jour, on organise des festivités et des feux d’artifices, à la fois dans le jeu, et simultanément, dans la vie réelle.

Notre méthode de travail

Tout au long de la résidence, nous travaillerons en groupe.

Nous commençons toujours les séances par un cadavre exquis à l’oral, afin de se mettre ensemble. Par exemple : « Un cadavre esquive une bande d’escargots et sans faire exprès, il roule dessus et ils deviennent comme une crêpe et le vélo glissa et alla dans une poubelle à facettes avec des souris qui dansent ».

Après un exercice court pour s’échauffer, souvent sous forme de liste, les enfants écrivent individuellement. Pendant les premières séances, nous avions tous les mêmes consignes, mais au fur et à mesure de l’avancement des textes, nous nous répartissons les tâches. Certains vont préférer écrire la description d’un déguisement, d’autres un dialogue, le déroulement d’une bataille, la décoration d’une fête, ou la voix off d’un jeu vidéo. Chaque enfant développe ce qui l’intéresse le plus, et ensuite, nous élaborons ensemble un objet commun, en essayant de garder une cohérence.

Réglage du dialogue entre les araignées de magma et les humains

Réglage du dialogue entre les araignées de magma et les humains

Afin d’être au plus près des idées et de la langue des enfants, je photographie à chaque séance leurs pages de carnets d’écriture, et je note au tableau le déroulé général du passage que nous sommes en train d’écrire collectivement. J’enregistre tout ce qui se dit avec un enregistreur sonore, pour vérifier qu’il n’y a pas d’oubli. Avant la séance suivante, je retape l’ensemble le plus fidèlement possible, et je leur relis en début de séance pour savoir si c’est bien conforme aux choix que nous avons fait ensemble.

C’est aussi l’occasion de réfléchir à ce qui va ou ne va pas. Nous apprenons ainsi à retravailler un texte, ce que les enfants pourront aussi faire seuls chez eux par la suite.