Chorégraphie spatiale 1 - © Collectif Calk

Expérimenter et raconter l’espace avec le corps

Publié par Maylis Leuret

Journal du projet

Proposer un atelier pour expérimenter avec le corps la notion d’espace, d’échelle, de distance. Nous partons de l’expérience spatiale et individuelle de chacun puis nous élargirons progressivement au collectif. Cette séance est également le moment de se rencontrer, de présenter notre métier, nos outils d’architectes et enfin d’exposer les raisons de notre présence.

A 10h, les 25 enfants nous ont vu subitement débarquer en classe les bras chargés de carnets noirs avec pour seule consigne étrange « emportez avec vous votre stylo préféré ». Des regards interrogateurs puis des mains agitées qui cherchent frénétiquement le plus beau trésor à apporter.

Il est 11h, nous traçons un carré scotch blanc au sol et nous appliquons à trier, organiser et diviser le déroulé de cette première rencontre.

11h15 : pile à l’heure… nous leur demandons de se déchausser puis de nous retrouver autour de ce carré traçant la scène de nos expérimentations spatiales. Nous nous présentons à tour de rôle puis leur demandons les raisons de notre présence. Unanimement ils rétorquent que nous sommes des artistes et que les artistes font en général des toiles. Puis une longue liste suit : « mais aussi des sculptures, de la musique, des vidéos et peut être plein d’autres choses. » Nous ajoutons au titre artiste (que nous n’assumons d’ailleurs toujours pas) que nous sommes avant tout des architectes. Mais architecte c’est quoi d’ailleurs ?  

« Les architectes décorent l’intérieur »

« Les architectes cherchent des choses dans le sol ? »

« Les architectes dessinent des maisons »

Tout est vrai mais nous insistons sur le fait que les architectes dessinent des maisons mais aussi des écoles comme la leur, des quartiers comme le Pizou. Ils pensent et imaginent des espaces pour habiter et se sentir bien.

Puis c’est à leur tour de se présenter. Un à un leurs corps au centre de ce contour blanc ; un bonjour, un prénom et ce fameux cahier noir en guise de récompense. C’est une épreuve que de retrouver son corps au centre d’un espace et au centre des regards, nous confirmerons certains enfants à la fin de l’atelier. Une fois la corvée de présentation faite, nous leur demandons ce que nous pouvons faire avec ces carnets :

« Ecrire une histoire »

« Dessiner »

« Faire ses devoirs »

« Faire des plans »

Ce sera en effet pour dessiner, écrire, imaginer. Ce sera leur carnet de voyage. Celui qui les suivra tout au long du projet. Ils pourront y noter, y tracer, ce qu’ils ont retenu de l’atelier, ce que l’on a fait ensemble.

Nous leur demandons ensuite comment nous pouvons raconter une histoire autrement qu'avec des livres. Les mains se lèvent, ils sont très concentrés et une première réponse (que l’on attendait) nous parvient : On peut raconter des histoires par la voix et par le corps.

Fantastique ! Nous rebondissons alors et leur expliquons que nous serons présents dans leurs écoles jusqu’à la fin de l’année, que nous allons collectivement partir à la découverte de leur territoire et raconter, imaginer, expérimenter avec le corps l’histoire de le Pizou. Nous leur proposons de commencer dès aujourd’hui à expérimenter avec le corps l’espace de leur classe.

Des exercices, sortes de chorégraphies spatiales nous permettent de faire découvrir aux enfants les notions d’espace, d’échelle, de distance, de rapport à l’autre, aux autres. Nous proposons les activités suivantes :

  • Mettez-vous classe entière dans ce petit carré scotch blanc.
  • Restez dans ce carré et faites vous les plus grands possible, comme si vous deviez toucher le plafond.
  • En douceur vous allez à l’extérieur de ce carré et prenez le plus d’espace possible avec votre corps.
  • Déambulez dans tout l’espace de la salle en prenant le plus de place possible.
  • Respirez et prenez le moins de place possible.
  • Fermez les yeux et imaginez l’espace le plus grand possible :  l’espace, une villa, un champ, la terre…
  • Mettez le plus d’espace possible dans votre corps :  air, yeux fermés et concentrés sur son enveloppe corporelle. 
  • Installez-vous là où vous vous sentez le mieux dans la salle.

L’atelier se termine… Les enfants posés confortablement, c’est à-dire pour la plupart allongés dans les petits coins et recoins de la pièce et accompagnés de leurs meilleurs copains, prennent cinq dernières minutes pour noter, griffonner tout ce qu’ils ont retenu et pensé de ce début de voyage.