L’univers pourrait être un hologramme en 2 dimensions projeté par un trou noir. De cette théorie inconcevable pour notre bon sens humain est née le désir de créer une œuvre picturale et expérience visuelle donnant l’illusion du volume. Et pour ce faire, nous allions exploiter les propriétés malicieuses de la lumière…
Lors de ma 1ere rencontre avec les enfants, ces derniers avaient exprimé le désir de s’exprimer par la peinture. Un prétexte idéal pour explorer la capacité de la lumière à nous jouer des tours. Nous avons donc réalisé une fresque cosmique, inspirée du travail de Kandinsky et de ses compositions chromatiques, au sens pictural voire musical. A la différence de ce dernier : la peinture employée était exclusivement fluorescente. Elle nécessite une exposition à la lumière UV pour l'apprécier.
“Pourquoi les oeuvres de Kandinsky sont-elles belles ? Parce qu’il y a plein de couleurs, parce que c’est géométrique.”
Avec l'institutrice Mme Jordan, nous avons constaté la difficulté des enfants à s'exprimer librement sans partir d'une "consigne" initiale. A ce propos, nous pourrions nous demander si la créativité peut exister sans la contrainte. Ou encore, si le cadre de l'école, avec ses injonctions à la "bonne" note et aux réponses "exactes" inhibe l'imaginaire et l'inventivité.
Pour réaliser notre fresque, nous nous sommes inspirés de l'oeuvre de Kandinsky, peintre et théoricien fondateur de l'art abstrait. Avec lui, l'art n'a pas pour vocation d'imiter le réel mais de parler à l'âme. Les couleurs et les formes ont leur vibration propre.
Les enfants semblent avoir spontanément compris qu'il ne fallait pas simplement peindre des ronds colorés, mais de les disposer sur la toile de façon équilibrée... surtout pas ordonnée !
En effet, mis bout à bout, les morceaux de la fresque cosmique constituent un équilibre subtil entre chaos et harmonie, hasard et ordre, homogénéité de l'ensemble et singularité de chaque production.
Ce constat peut nous sembler paradoxal, c’est pourtant ainsi que tout l’univers est régi : ce dernier favorise la multiplicité des états et l’entropie, or l'histoire de l'univers semble tendre vers une organisation de la matière de plus en plus complexe et élaborée (des 1ers astres jusqu'à l'apparition de la vie), ordonnée et élégante (le système solaire, les galaxies, etc.). L’univers est régi par des règles physiques et mathématiques, mais reste peuplé de formes uniques et singulières. Aucune galaxie ne se ressemble, aucun individu non plus. Et c'est cela qui est beau.
La lumière ultra violette (couramment appelée lumière noire) révèle les propriétés fluorescentes de la peinture, faisant un écho à l'affirmation de l'astrophysicien David Elbaz : la lumière est la grande conteuse et actrice de l'univers. C'est elle qui rend visible les événements passés de l'univers, elle participe pleinement à la structuration de la matière.
La lumière révèle la matière, certes, mais comment l’apprécier avec nos yeux humains limités ? Lorsqu’il s’agit d’astres éloignés, nous utilisons des télescopes et filtres spéciaux permettant de révéler la matière et lumière invisibles pour nos yeux. Pour révéler la beauté de la fresque cosmique, nous nous sommes dotées de lunettes ChromaDepth : des filtres permettant d'obtenir un effet 3D des couleurs observées, selon leur position dans le spectre lumineux. Ainsi, les planètes et autres donuts intergalactiques se détachent du papier et donnent la sensation de flotter dans l'espace.
Cette expérience visuelle et 1ere réalisation entièrement produite par les enfants sera exposée lors de la restitution finale de la résidence. Il ne lui manque plus qu’un titre !
En raison du mouvement de grève jeudi 23 mars, les Ateliers Médicis sont fermés au public.
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