Les binômes d'élèves réalisent chacun un portrait classique en tête ou de plein pied de leur camarade de classe. J'en profite pour leur donner quelques notions de cadrage et les assiste sur la manière de diriger leur binôme. Ensemble, on observe la lumière pour savoir d'où elle vient, réfléchit à comment la moduler avec l'aide des réflecteurs, construit un fond avec des textiles... L'espace de prise de vue avec ce premier studio sommaire est créé.
À présent, comment choisit-on de se représenter ? Quels objets/accessoires pour quelle idée ? Les accessoires et les costumes permettent de s’affranchir du quotidien et devenir un personnage, de se mettre en scène pour traduire une idée. Après la prise de vue, on prend un temps ensemble pour analyser et commenter les images. Comment pourrait-on l'améliorer ? Sur la composition ? Sur le sens de l'image ? Je propose aux élèves de ramener des objets et des accessoires de chez eux.
"C'est parler français, parler créole, cueillir des fruits dans la nature, prendre soin de ma famille, jouer avec mes frères et soeurs, mes cousins. Protéger l’océan et les animaux marins, faire des chapeaux avec des feuilles de cocotiers, jouer au dominos et apprendre à l’école."
"Mon père est marin pêcheur et pour moi préserver les océans c'est important."
"J'aime aller dans la nature, observer les oiseaux et savoir tous les nommer."
"Pour moi, le sport c'est la vie."
"La famille, c'est ce qu'il y a de plus important chez nous, je ne peux pas imaginer vivre sans eux."
"J'ai emmené des fruits, de la coco, goyaves et une mangue, avec ma mère, à la maison, on fait des jus péyi."
"Chez moi, en Haïti, on porte l'ananas sur la tête"
Les drapeaux sont des symboles forts, facilement reconnaissables et compréhensibles. Ils permettent à un individu d'affirmer son appartenance à une organisation ou à une nation plus grande que lui et au sein de laquelle il se sent vivant.
Le drapeau bleu, blanc, rouge est présent sur tous les bâtiments publics, c'est le drapeau officiel. En Martinique et plus particulièrement à Rivière-Pilote, village à tradition indépendantiste, on trouve aussi le drapeau rouge, vert, noir. C'est un drapeau revendiqué par différents groupes et partis indépendantistes et nationalistes martiniquais.
Les enfants découvrent les drapeaux dont nous avions parlé le premier jour, certains affichent leur engouement pour poser avec le drapeau rouge, vert, noir, "parce que je suis martiniquais" tandis que son camarade qui aimerait un jour découvrir l'hexagone, choisit le drapeau français.
La semaine avant les congés de carnaval les élèves viennent à l'école déguisés, un "dress code" pour chaque jour de la semaine (comme pendant les jours gras).
Je leur propose de réaliser des portraits déguisés, entre vêtements traditionnels et déguisements enfantins, on en profite pour évoquer le carnaval martiniquais, ses traditions, son rôle dans la société créole.
"C'est jouer, danser, faire des fêtes et s’amuser, manger dans les rues. C'est fait pour se moquer, se déguiser, changer les rôles : les filles en garçons et les garçons en filles. C'est fait pour montrer qu’il y a de la joie en nous. C'est un moment précieux où l’on fait ce que l’on veut."