Première rencontre avec les enfants.
Nous avons amorcé notre premier jour d’atelier avec la classe de CE2-CM1-CM2 d’Isabelle par la fabrication d’un carnet de bord à reliure japonaise. Nous avons ainsi pu faire connaissance avec les enfants par l’action. Planter des clous, enfiler des fils dans des aiguilles, défaire des nœuds, s’échanger des couleurs et des techniques de tressages furent autant d’occasions de nouer nos premiers liens, dans l’entraide et l’excitation collective.
Nous craignions que les enfants aient des difficultés à s’approprier les carnets mais, c’est finalement leur enthousiasme débordant qui nous a le plus prise au dépourvu. Sous leur contrainte nous nous sommes vues obligées de produire un tutoriel de reliure à réaliser chez soi. Ainsi, ces premiers carnets pourront être exclusivement dédiés au voyage que nous allons faire ensemble ces prochains mois, et à l’enquête que nous aimerions poursuivre avec elles.eux : à savoir, comment naissent les histoires ?
Nous sommes sorties de cette première journée la tête en ébullition, et nos pieds nous ont mené naturellement sur le petit pont de Pomiès, qui surplombe la rivière. L’endroit idéal, entre deux passages d’un camion rempli de fumier, pour se rafraîchir les idées.
Sur la place de l’église, au retour, des enfants de la classe nous interpellent et suspendent leurs jeux quelques secondes pour venir nous voir en courant. Nous découvrons pour la première fois nos visages respectifs, sans les masques. Avant de repartir, ils n’oublient pas de nous réclamer leurs carnets, que nous avons un peu égoïstement laissés reposer à l’école, en sécurité.
Nous apprenons à cette occasion que des réseaux souterrains s’organisent pour nous héberger le temps d’une ou plusieurs nuits, et que nous sommes déjà attendues chez des parents d’élèves que nous croisons pour la première fois.
Eux, nous connaissent déjà.
(Camille alias Limcela, et Manon Crivellari)