Les visioscopes, boîtes s'apparentant à des jumelles panoramiques, sont fixées à différents endroits stratégiques de la ville. Lorsque l’on regarde à travers ces jumelles, on aperçoit le paysage, mais aussi des petits personnages et créatures qui dansent devant. Ces personnages se situent entre notre œil et le verre qui nous permet d'apercevoir le paysage. Ils sont découpés dans des matériaux spécifiques (papier, rhodoid, calque, etc.), et sont animés par des mécanismes simples provoqués par le spectateur : les personnages virevoltent quand on souffle, ils bougent grâce à des languettes et des boutons, ils se révèlent quand on verse de l'eau dessus, etc. Chaque boîte a son mécanisme propre. Selon le temps disponible, j’imagine trois visioscopes faits par moi-même, et trois autres réalisés avec les enfants, sinon plus. Il convient au spectateur de chercher et trouver la solution de chacune des visioscopes pour pouvoir faire faire vivre ces paysages grâce aux histoires qui les habitent.
Lorsque j'ai commencé à réfléchir à un projet à développer, j'ai voulu créer une installation à placer dans l'espace public. Je voulais renforcer l'idée que l'art n'est pas élitiste, qu'il n'est pas accessible que sous les formes classiques du livre, du cinéma etc...mais qu'il existe sous plusieurs formes et que chacun peut le faire sien. Dans cette idée d'appropriation, j'ai souhaité que les gens puissent renouer avec leur environnement : les environs de l'école, le trajet quotidien...Les endroits qui nous sont familiers peuvent devenir invisibles, et j'aimerai amener les gens à redécouvrir ce qui les entoure À la manière des légendes qui courent parfois dans les villes et villages, l'idée est de créer de nouvelles histoires et de les raconter non pas à travers des récits, mais à travers ces jumelles à histoires, qui délivreront ces récits d'une manière vivante et intuitive. Chaque visioscopes contient sa légende, racontée en une scène. Le récit de l'histoire est raconté sur l'extérieur de la boîte, avec quelques dessins et un court texte. Si j'ai choisi cette forme très spécifique de boîtes-jumelles, c'est parce que d'une part, elle permettait de mettre directement en relation le paysage et les histoires, mais que d'autre part, elles créent un théâtre fermé, une vision intime de la scène. Elles permettent ce lien privilégié entre le spectateur et l'histoire : autour, plus rien n'existe, et les spectateurs ne peuvent que regarder avec attention ce qui se déroule sous leurs yeux. Ce lien entre le spectateur et l'oeuvre sont d'autant plus forts que pour voir la scène prendre vie, il doit trouver comment l'animer. Les mécanismes utilisés sont toujours très simples, mais agissent comme par magie : un simple geste permet de faire vivre un monde pour un moment. On révèle à la fois l'histoire et le paysage, on découvre quelque chose d'inconnu dans un lieu qu'on pensait familier. L'interactivité est très importante et permet de s'approprier directement ce que l'on manipule et ce que l'on découvre. Pour moi, ce projet est l'occasion de créer une histoire, et de la faire vivre pour et grâce aux habitants du lieux qui les recevront. Cette installation se veut discrète, elle peut même passer inaperçue parfois, car je ne veux pas transformer le paysage. Je veux simplement créer cette fenêtre, et laisser à chacun le droit de s'immiscer l'espace d'un instant dans un monde rêvé, drôle, mystérieux, poétique...
Seine-Maritime
Par le(s) artiste(s)