Pour ce projet, les artistes veulent écrire et concevoir la suite d'un spectacle à dominante marionnettique en complicité totale avec des élèves, à travers une résidence in situ. Autrement dit, une plongée dans leur univers artistique, et des recherches/expérimentations collectives autour de ce à quoi peut ressembler la marionnette contemporaine aujourd'hui. Au départ de ce projet, il y a le premier épisode d'une création de la compagnie Yôkaï de Violaine Fimbel, conçue pour être écrite en deux temps. Cette première partie (« Noctarium ») a été créée en 2016, et la seconde partie sera créée en 2018. Ces deux parties regroupées formeront l'intégrale de cette création, qui a pour nom « Gimme Shelter » (« Donne-moi un abri »).
L'ENTREE EN MATIERE-UNE CREATION PARTICIPATIVE POUR DEPLOYER L'IMAGINAIRE COLLECTIF : Les élèves vont écrire "la suite de l'histoire" avec nous. Comme première approche, l'idée est de donner à voir aux élèves "Noctarium", le premier volet de ce spectacle, puisqu'ils intègreront à part entière le processus de création du second volet à nos côtés. Nous viendrons donc en condition de représentation, de façon à ce que l'immersion dans l'univers artistique se fasse plus entièrement, et que ce que nous allons construire avec eux devienne une évidence. C'est aussi une façon d'amener les élèves aux codes de la représentation et du spectacle, et de pouvoir échanger avec eux directement, de façon suivie, sur ce qu'ils auront vu et ressenti. Résumé : "Gimme Shelter" est une plongée au coeur du refuge d'un jeune adulte, refusant de se confronter à l’effrayante réalité du « dehors ». Il vit cloîtré dans sa chambre, saturée de jouets qui lui tiennent lieu de compagnie, et d’un écran... La seule chose qui le rattache encore à l’extérieur. Des phénomènes inquiétants se font de plus en plus présents et oppressants autour de sa chambre. Sont-ils le fruit de son imagination et de son angoisse grandissantes ou sont-ils bien réels ? Quelle(s) forme(s) prendront-ils, et à travers quoi se manifesteront-ils ? Basée sur des faits réels de jeunes personnes se retranchant volontairement dans un espace clos (identifié par le terme japonais » hikikomori »), cette création questionne la pression grandissante que la "réalité extérieure " inflige à certains. Ils choisissent dès lors de s’en extraire, quitte à basculer dans une autre forme de réalité. Les personnes faisant ce choix extrême de ne plus sortir de chez elles réagissent ainsi à une pression sociale démesurée, à une angoisse invisible et grandissante qui les entoure, qu’elles ressentent, mais qu’elles parviennent difficilement à nommer. Il s’agit de les révéler dans cette création par le biais d’une expérience scénique particulière; Un dispositif scénique est installé pour créer une forme de réalité fictionnelle déroutante et immersive pour le public, avec un spectacle offrant deux grilles de lecture, deux points de vue. Chaque spectateur peut en effet choisir par quel point de vue il rentre dans l’intrigue... Dedans ou Dehors ? Le spectateur qui se trouvera dehors accueillera d’étranges présences à l’apparence de jouets géants détériorés par l’atmosphère ambiante, et ne pourra qu’entendre sans voir ce qui se joue à l’intérieur du cube. Le spectateur qui sera, lui, à l’intérieur du cube, pourra être témoin privilégié de la relation du personnage avec l’extérieur et avec ses jouets qui peuplent la chambre. Chaque point de vue aura sa part de clés, de mystères, que le public pourra compléter en ayant assisté aux deux "versions"; en d’autres termes, en ayant vécu les quinze minutes extérieures et les quinze minutes intérieures du spectacle. L’ordre dans lequel le spectateur assiste aux quinze minutes est sans importance, chaque combinaison donnant une approche différente de ce qui se sera produit. Cette création, écrite en deux épisodes, aborde la thématique de la peur et des angoisses que l'on peut rencontrer au-dehors , amenant au repli sur et chez soi. Ce phénomène, qui touche de jeunes adultes, est de plus en plus fréquent et loin d'être un cas japonais isolé.. Dans l'intrigue, la cause principale de l'enfermement de notre personnage est une dégradation forte et irréversible de son environnement extérieur. Cette création est donc orientée sur les risques environnementaux (en abordant visuellement ses causes et ses conséquences) qui pèsent sur l'avenir même de l'homme aujourd'hui. Aborder ces thématiques de façon concrète et singulière avec de futurs jeunes adultes, et échanger avec eux par ce biais artistique nous a semblé une évidence pour révéler les troubles actuels qui impactent directement notre façon d'être au quotidien.
Aisne
Par le(s) artiste(s)