Le projet que je propose est assez typique de mon travail : il consiste en une installation d'ampleur composée de plusieurs éléments façonnés dans des matériaux naturels. Diverses techniques seront utilisées à cet effet : sculpture sur bois, sur pierre, assemblage, peinture. L'installation sera composé de deux parties: _ l'une comprenant quatre châssis en noyer, sculptés en motif de ronces, sur lesquels seront tendues des peaux de moutons, pour y peindre au verso des cumulonimbus à la peinture à l'huile ; _ la seconde, un cairn (amas de pierres servant à marquer le paysage) de marbre bleu de Belgique, dans lequel un bâton tortueux de charmille (appelé bâton de sorciers, voir image n°3) est planté et auquel est suspendu un corbeau en marbre bleu de Belgique (voir image n°2). Il est difficile de conceptualiser l'ensemble du projet tant l'arborescence de ses références est grande. Néanmoins l'idée est globalement de donner la représentation d'un monde d'interfaces en milieu naturel. Cela peut-être la lisière entre forêt et plaine, la frontière entre terre et ciel, le recto et le verso de la peau de mouton. La sympathie qui existe et lie les deux est signifiée par les formes des cumulonimbus et du cairn, ainsi que par la présence des corbeaux (l'un volant dans le ciel peint, l'autre à terre matérialisé en trois dimensions au pieds du cairn) ici pensés particulièrement comme Hugin et Munin (la pensée et la mémoire), messagers d'Odin.
Je me souviens que c'est en CM1/CM2 que je fis les seuls rêves dans lesquels je volais, au dessus de mon école, au dessus de ma ville, de ma maison. J'ai choisi ce projet en pensant à ce souvenir, car il me semble que c'est à cet âge que l'on commence à construire mentalement notre environnement de façon géographique. Cela demandait des repères dans le paysage et des outils, tels que l'aiguille courant sur le cadran ou le décompte des pas échauffant les semelles sur le bitume.
J'ai fait l'expérience l'année dernière d'être artiste intervenant dans des écoles en Meuse (55) et j'en retire un très bon souvenir. Le contact avec les enfants, la transmission de mes connaissances et la valorisation de mon statut d'artiste fut source d'un grand plaisir. En fait, cela va même de soi pour moi de travailler avec des enfants dans le sens où ma pratique consiste à dérouler le fil des transformations des matériaux, via les techniques, dans le but de produire un objet. Précisément pour ce projet je peux expliquer la provenance de chaque matériau (les peaux que j'ai tannées proviennent des moutons de mon voisin éleveur, le bois de noyer des arbres de mon voisin menuisier…). Dans le monde globalisé d'aujourd'hui, il me semble que cette capacité doit être valorisée.
Vosges
Par le(s) artiste(s)
Par les participants