L’organisation de l’espace urbain a pour fonction première la circulation. C’est à travers la marche que je l’aborde. L’expérience sensible du territoire est au cœur de ma pratique. Elle s’élabore à partir de lentes et longues promenades photographiques. Cette expérience physique me plonge dans un état particulier où la réalité est déconstruite. Ce n’est qu’ensuite, dans l’espace d’exposition, que la construction se produit. Avec cette volonté de placer le spectateur dans cet état de déconstruction intermédiaire, j’agence une nouvelle construction de notre environnement. Face à un univers urbain à la fois vide et ordonné, le spectateur est amené à faire des allers-retours entre des considérations théoriques et une approche sensible du monde. Si mes réalisations sont vides de figures, c’est précisément parce que le regardeur, à l’image du marcheur, est au centre du dispositif. Ainsi mon expérience n’a de sens que pour être éprouvée par le spectateur. Ce qui m’importe, c’est de questionner le statut de l’individu dans l’espace architectural en invitant le spectateur à se reconnecter au monde dans lequel il évolue, en lui proposant de prendre le temps de percevoir des lieux qu’il habite, et s’y re-situer.
Depuis des années, j’erre inlassablement les grandes zones urbaines mondiales à la recherche d’architectures froides et minimales. De ces longues promenades chaotiques, je ramène des photographies aux géométries exacerbées où les formes semblent dénuées de toute fonction.
Aucuns repères géographiques ne vient nous indiquer les lieux des prises de vues. En pointant l’uniformité architecturale des espaces urbains, je dresse le portrait d’une cité à la fois ordonnée et désertée, à la lisière du fantastique. L’absence de corps semble glisser vers la présence physique du regardeur qui est amené à trouver sa propre place dans un espace d’exposition aux frontières incertaines où ses limites perceptives semblent se déplacer.
Ma pratique artistique s'organise principalement autour de quatre grandes séries photographiques ; Chaosmos (continuité entre l'ordre et le chaos aux abords des routes), Univers-Îles (surgissement de formes paradoxales dans les espaces), Dans l'air, le fond (trouble de la perception en abolissant les frontières) et Salle 6 (photographies d'images affichées dans des bâtiments abandonnés) que j'alimente au fil de mes séances de marche. Mes photographies – en gardant la notion de référence - tendent vers l'abstraction. La composition, les pans de couleurs, les lignes géométriques, les objets bien qu'identifiables, sont ramenés à des pures formes.
Mon projet pour cette résidence est de déambuler dans l'établissement avec les élèves ainsi que leur environnement proche et d’y réaliser des images, et de concevoir une restitution collective avec les élèves.
En parallèle, je souhaite m'immerger dans des zones urbaines du département du Val-d'Oise pour réaliser des photographies qui alimenteront ces séries.
Val-d'Oise
Par le(s) artiste(s)
Par les participants