L'espace public est un lieu grouillant de personnes se déplaçant, attendant ou communiquant par l'intermédiaire de leurs téléphones. Malgré cette vie, les rencontres et interactions se font de plus en plus rares. « Collagiste Publique » permet de tisser des liens entre des personnes partageant le même espace public tout en mettant à l'honneur la lettre écrite à la main comme média. Ce projet transdisciplinaire mêlant médiation culturelle et sociale, art et design graphique, propose aux participants de prendre le temps de s'asseoir et d'écrire une lettre. Il verra ensuite cette dernière traduite en collage par des jeunes résidant dans le quartier et accompagnés d'un artiste. Un moment d'écriture personnel se transformant en un temps de rencontre.
Depuis plusieurs années je m'intéresse aux interactions, ou plus exactement à l'absence de ces dernières dans l'espace public et les manières d'y remédier. Mon premier projet sur le sujet fut la réalisation d'un court métrage nommé « Je suis une grenouille » durant le marché de Noël. J'ai par la suite travaillé sur des projets culturels implantés dans des espaces publics pour La Camaraderie (Montréal) durant un stage. J'ai également développé le projet d'écriture collaborative et numérique « A 4 mains » rapprochant publics et écrivains. Il a permis à près de 500 personnes et 10 écrivains de se rencontrer et discuter tout en coécrivant une histoire. Pour enfin rédiger un mémoire sur la ludification de l'espace urbain. Collagiste publique est né du croisement de toutes ces expériences. Plus qu'un simple jeu déposé dans l'espace public, cette installation propose aux participants de partager un moment d'échanges, de rencontres et de créations. Le projet prend actuellement la forme d'un stand facilement transportable et pouvant se déployer dans tous types d'espaces. Il a été mis en place dans de différents marchés et une médiathèque à Saint-Étienne. J'invite les gens de venir écrire un petit mot à qui ils souhaitent sur mon stand. Ensuite, dans un grand répertoire d'images prédécoupées, ils vont choisir des images qui leur parlent du destinataire et de leur mot. Avec ces dernières et leur mot, je crée un collage sur place, et je le leur offre avec un enveloppe prétimbré. (voir la vidéo sur mon site : http://bit.ly/LingWang) Le point de départ était de cette question : à quel point on aimerait partager notre vie intime à un inconnu au sein d'un espace public ? J'ai été surprise par le résultat. Avec des médiateurs qui présentaient le projet autour du stand, les gens ont été plus que volontaires de participer au jeu. Les mots que j'ai reçus étaient très simples mais très sincères. Tout est autour de l'amour, que ce soit écrit par les adultes ou par les enfants. En lisant leurs mots, j'ai senti à la fois une responsabilité et une confiance qu'ils m'ont confiée. Cette confiance vient de plusieurs aspects : le design du stand, le statu que je me suis donné et l'action simple que je leur demande de faire. C'est un échange sincère et précieux qui se retrouve rarement aujourd'hui dans une espace public. J'aimerais donc prolonger cette expérience par faire mettre aux jeunes à la place de l'artiste. Durant les performances j'ai pu aussi observer que les interactions se faisaient naturellement entre l'artiste présent sur le stand et les participants, surtout dans les marchés. La conversation se crée aussi toute seule entre les participants. Un petit groupe de personnes de différentes cultures se crée autour du stand lors de leur attente. L'objectif est maintenant de faire évoluer le projet en plusieurs aspects afin qu'ils permettent des interactions entre les personnes par l'intermédiaire d'une démarche de création. Pour cela j'envisage de réaliser des ateliers d'éveil à la techniques du collage, permettant ainsi aux habitants du quartier eux-mêmes de devenir collagiste publique l'espace d'un instant.
Indre
Par le(s) artiste(s)