Kenzo, Hermine, Aniss et Meluah

Vive les temps morts

Publié par Guisane Humeau

Ça nous fait quoi quand on s'ennuie ? Depuis le début de l'année, je me suis concentrée presque uniquement là-dessus : les émotions des temps-morts. Prendre le temps de ne rien faire, laisser nos pensées se dérouler sans entrave, ne pas chercher à s'occuper, et voir ce qu'on ressent. Avec les enfants de l'école de Gy-en-Sologne nous avons aussi exploré comment l'attention aux sons peut être un outil pendant ces moments de vide.

Se fabriquer un temps mort.

Nous avons commencé par nous promener dans les sons du village. Je suis partie seule d'abord, puis accompagnée de toute la classe. Ensemble nous avons pris le temps d'écouter le silence qui est loin d'être si silencieux que ça. La vérité c'est que le silence, quand on écoute, ça n'existe pas.

Son clair ou sombre, son qui claque, son qui gronde, qui gratte ou qui pique. Les mots pour décrire le sonore sont multiples quand on recherche des moyens de faire comprendre ce que l'on a entendu. Après la promenade, nous nous sommes employé à décrire les sons des bernaches, des voitures, des pas sur les gravillons, autrement qu'en s'attachant à leur source.

Peut-être que le véritable ennui se loge dans un excès d'activité. Je souhaite reconquérir les vides, les habiter sans les remplir, les accueillir et non plus les fuir. Mon travail s'oriente de plus en plus dans l'envie de créer des espaces sonores où la contemplation du temps devient possible sans être désagréable. L'idée est d'explorer, à travers la forme même de la pièce sonore, les outils de création d'espaces intérieurs.

J'ai proposé aux enfants de prendre cinq minutes pour ne rien faire, chez eux, dans leur chambre, leur salon, leur jardin. Pour décrire l'ennui, les mots butent, s'enroulent sur eux-même, et sont souvent insaisissables. Nous allons continuer de tenter de décrire ses émotions et ses sensations pour ensuite les traduire en son. En discutant ensemble je me rend compte que l'ennui de l'enfance n'est bien sûr pas si différent de l'ennui des adultes.

Vue de l'espace de jeu de Gy-en-Sologne, fin de matinée

Promenade pour les oreilles

Redécouvrir un lieu par ses sons, se promener juste pour écouter, être silencieux pour entendre mieux, enregistrer les détails qui font le lieu, se rendre compte que les sons se transforment d'un coin à l'autre du village.

L'occasion aussi de faire des rencontres inattendues, comme avec M. Feraud. Cet homme a créé un énorme étang dans son grand jardin pour y accueillir des espèces rares d'oiseaux en liberté, comme des cygnes noirs ou des bernaches à cou roux, aux chants très inhabituels pour la région. Il a accueilli toute la classe pour nous permettre d'enregistrer les sons de son étang et de sa petite rivière.