A la volée, crédit photo de Morgane Fourcault

SEMAINE DRAMATURGIQUE

Publié par Antoine Raffalli

Journal du projet

Ou la préparation de la résidence aux Ateliers Médicis en questionnant tout azimut la dramaturgie et la scénographie...

Mi-juillet.

Ça y est ! Nous sommes fixés ! Enfin ! Nous pouvons exceptionnellement avoir accès au plateau des Ateliers Médicis - Établissement Public de Coopération Culturelle qui pilote Création en Cours, situés à Clichy-sous-bois, à deux pas de Montfermeil.

C’est un changement radical comparé au projet initial de Saint Béat, mais nous sommes ravis et soulagés de pouvoir compter sur un tel lieu pour expérimenter notre recherche d’adaptation. En parallèle, nous animerons des ateliers d’initiation au théâtre avec des habitants (entre 9 et 14 ans) de Montfermeil, au Centre de loisirs des Bosquets. 

Grâce à notre référente Création en cours (Ariane Vives) et à Marion Hémous, chargée d'action culturelle et de développement des publics, nous avons désormais établi notre calendrier d’intervention.

Rendez-vous chez moi avec Morgane pour travailler toute la semaine sur la dramaturgie du spectacle et sa mise en espace au plateau, ainsi que sur les nouveaux ateliers à imaginer. 

Concernant la dramaturgie, l’étape actuelle concerne les coupes à effectuer. C’est un travail de longue haleine entrepris il y a déjà plusieurs mois. Le roman fait plus de trois cents pages. Il est donc indispensable de faire des coupes. Encore plus, si nous y intégrons des scènes dialoguées extraites de la pièce. Il y a donc un temps de relecture et des échanges entre nous pour réussir à synthétiser.

Nous ré-interrogeons également la construction dramaturgique. Pour rendre le spectacle plus dynamique, nous envisageons de créer comme un compte à rebours qui nous amène de la fin au début. 

Dans cette idée, pour complexifier davantage l’histoire très linéaire et créer ainsi du suspens, pourquoi ne pas imaginer deux dynamiques inversées à travers les lettres et la narration, qui amèneraient d’un côté la fin à rejoindre le début, et de l’autre le début à rejoindre la fin ? Tout cela paraît un peu confus sur le papier, mais on y voit d’un coup une manière de réinventer l’oeuvre, de la rendre plus imprévisible, moins linéaire, plus suspendue. 

Il y a une jubilation possible à déconstruire et reconstruire une fiction. On y amène quelque chose de sa propre liberté, une forme d’insouciance nécessaire pour ne pas sombrer dans une peur de ne pas être à la hauteur de l’oeuvre originale. 

Se pose aussi la question des dialogues extraits de la pièce de théâtre. Ampoulés, datés, ils semblent devoir être repensés. Apparaît alors l’idée d’en faire des courts-métrages. De les intégrer à la structure globale, de participer ainsi à un montage pluridisciplinaire, affranchi d’un code de jeu unique. Cette idée retient notre attention.

Pour la scénographie, une idée nous séduit. Librement inspiré d’une oeuvre de la formidable artiste d'origine indienne, Shilpa Gupta, découverte à la Biennale d’Art Contemporain de Venise (For, in your tongue, I can not fit, 2017-2018), nous imaginons la possibilité d’installer au plateau des pupitres sur lesquels seraient accrochés ou collés des lettres manuscrites, donnant ainsi l'impression d’un étrange espace de souvenirs, ouvrant à de multiples d’interprétations  : espace symbolique entre le cimetière, la forêt mystérieuse et la chambre mentale d’un individu face au souvenir.

En y ajoutant un ou plusieurs écrans projetant le court-métrage, nous ambitionnons en définitive de créer un décor  simplifié, non-illustratif qui laisse libre court à l’imaginaire du spectateur.

En parallèle de ces multiples recherches, nous devons maintenant réfléchir aux ateliers, car ils arrivent très vite et sont marqués du sceau de l’imprévu...