Première phase de recherche : des manières de créer des formes abstraites / Partie 2
Publié par Tanguy MaxenceR Chêne
Le
13 mars 2020
Journal du projet
La dernière fois, j'avais commencé à créer quelques formes par association de ronds, de triangles et de carrés, dessinés simplement ou sous contrainte, et qui m'avaient permis d'aboutir à de nouvelles formes abstraites. Ces formes seront les éléments constitutifs de mes Signographes, sortes de normographes troués de formes inhabituelles.
Aujourd'hui, j'aimerais ne pas partir du dessin pour faire de nouvelles formes. Je vais chercher des protocoles de création, toujours ludiques, mais qui se basent sur des objets du quotidien au lieu d'en appeler à du dessin (sous contrainte ou non).
Évidemment, la formule fonctionnait bien la fois dernière, j'ai donc refait un petit tutoriel de mes recherches de nouveaux protocoles. Je vous le présente ci-dessous, puis je commenterai plus en détail les différentes étapes et les productions de ces étapes.
J'ai donc commencé par des lancés de jetons et de papier, qui ont donné des formes intéressantes mais vite redondantes. Le système consistant à relier les points permet d'arriver à des formes anguleuses organisées de manière différentes que les formes auxquelles j'étais abouties par association (voir journal précédent à cette adresse : https://www.ateliersmedicis.fr/journal/artiste/premiere-phase-de-recherche-des-manieres-de-creer-des-formes-abstraites-partie-1). Cependant, au moment de passer au lâché de papiers, je reproduis finalement un protocole quasi-identique qu'avec les jetons. Cela m'amène à rapidement passer à la suite.
Par ailleurs, le nombre de morceaux de papiers était supérieur à celui des jetons et aboutit à des formes trop détaillées. Les jetons, avec les formes ayant une dizaine de côtés maximum, permettent de rapidement trouver des contours inhabituels mais identifiables.
Avec ces deux premiers jeux, un type de forme surgit, auquel je n'aurais pas pensé par moi-même. Il s'agit de celles qui associent une forme et un tracé. Les normographes habituels ont tendance à bien dissocier les formes (contour fermé qui vient donc créer un trou dans le support), des tracés (lignes ouvertes, creusées dans le support pour être reproduites à l'identique). Mon expérience serait l'occasion d'aller au-delà de cette différenciation.
C'est avec le lancé de fils (et ruban) que ce nouveau type de forme-tracé est véritablement devenu une catégorie à part entière. L'entièreté de l'expérience menée avec le ruban a été plus que concluante, et je finis par arrêter de produire de nouvelles formes uniquement pour éviter qu'il y en ait trop de cette catégorie.
Je pense que je retrouve dans ces associations tracé-forme un aspect végétal de type tige-fleur, et qui correspond bien à mes séries végétales. Cela doit être pour cette raison que j'ai eu une affinité toute particulière pour ce type de formes.
Série Végétale 3 (extraits), 2019, acrylique, encre et crayons de couleurs.
Ensuite, avec le lancé de tissu, j'ai vite obtenu des sortes de rectangles froissés ou des formes très tassées sur elles-même, et qui se ressemblent trop. C'est dû au tissu lui-même qui, lorsqu'il tombe au sol ou est jeté, à tendance à revenir à sa forme originelle rectangulaire. L'expérience m'a donc vite lassé.
Les élastiques, quant à eux, ont permis un jeu rapide et efficace. Le fait de ne pas devoir transposer les choses plusieurs fois m'a permis de multiplier les essais. De plus, j'avais dans mon lot d’élastiques certains à mémoire de formes qui ont ajouté à la bizarrerie des formes obtenues.
Avec l'exercice des silhouettes, j'ai voulu un peu rompre avec la place du hasard qui prédomine dans cette série d'expériences, mais tout en utilisant la technique de report de la réalité sur support transparent. Seulement, la réflexion qu'induit le choix d'un objet pour sa silhouette a rapidement tué la spontanéité qui permettait justement de faire surgir des formes nouvelles, de se surprendre. L’essai n'a pas été fructueux, mais peut-être aussi parce qu'il allait dans le sens contraire de ce que j'avais envie de produire dans cette partie de la recherche.
Le gant et sa silhouette.
Par ailleurs, les formes produites étaient souvent reconnaissables, même en testant des points de vue étranges ou des assemblages d'objets, ce qui m'éloigne aussi de l'abstraction que j'essaie d'atteindre pour que mes Signographes s'appuient sur des formes non-signifiantes.
Différentes bouteilles transformées en une silhouette, en contre-plongée.
Enfin, le dessin libre de formes abstraites fut assez naturelle pour moi. C'est souvent de cette manière que je commence mes peintures. Les images se construisent d'abord par la répétition et la juxtaposition de formes plutôt abstraites, ou dont la signification n’est pas encore tout à fait fixée.
On remarque que chaque exercice semble produire une « famille » de forme bien spécifique dans le sens que les formes obtenues à partir d'un lancé d'objet ou d'un protocole particulier semblent toutes partager quelques point communs.
Je me retrouve donc avec un beau panel de formes diverses et variées, elles sont intrigantes, surprenantes, et comme outil de dessin futur, elles vont me permettre d'aller au delà de mes créations habituelles. Cependant, je m'y reconnais peu. J'aimerais donc, en plus d'avoir sur mes Signographes des formes qui me feront sortir de mes automatismes de dessin, des formes qui font le lien avec mon style personnel.
Ce sera l'objet de la partie 3 de ce journal.
