Fin février / début mars : créer des formes abstraites avec les enfants de l'école de Mackenheim
Publié par Tanguy MaxenceR Chêne
Le
2 avril 2020
Journal du projet
En janvier et début février, nous avons eu l'occasion de nous rencontrer par le dessin, comme je le raconte lors de mon tout premier journal (https://www.ateliersmedicis.fr/journal/artiste/janvier-2020-une-rencontre-sous-le-signe-du-dessin-13896). Puis, il est venu le moment de rentrer dans le vif du projet !
Le 14 février, j'ai commencé la séance par le jeu de la photocopieuse, qui m'a permis de faire le lien entre les jeux effectués jusque là et les expériences de création qui nous attendaient.
En quoi consiste ce jeu ? En fait, j'ai réalisé plusieurs dessin, qui servaient de modèles. Les enfants se plaçaient l'un à côté de l'autre à la suite. Seul le premier pouvait voir mon modèle. Son rôle était de copier ce dessin original.
Le résultat d'une des expérience de la photocopieuse, avec le groupe des CE2.
En même temps, la personne assise à côté devait copier le dessin de son voisin, et ainsi de suite. Alors, avec un décalage de quelques instant, chaque enfant était en train de recopier son voisin. Le but était de recopier de la manière la plus fidèle possible, comme une photocopieuse. Mais, évidemment, ce qui est intéressant avec ce jeu, c'est que c'est impossible !
Je vous laisse alors apprécier, dans cette vidéo, les transformations qu'ont subit les différents dessins proposés.
Les enfants se sont beaucoup amusés à réaliser ce jeu, à tel point que j'ai dû y mettre un terme pour pouvoir passer à la suite. D'ailleurs, la fois suivante, nous avons accroché ces séries de dessin.
En tant qu'intervenant, j'ai vu qu'ils prenaient confiance dans leur manière de dessiner, même lorsque celle-ci n'est pas « juste ».
J'ai aussi constaté que j'avais gagné leur confiance pour proposer des choses qui sortent de l'ordinaire.
Ce qui tombait plutôt bien puisqu'il était temps de rentrer dans le vif du sujet et de créer ensemble les formes qui serviraient aux Signographes des enfants !
Nous avons effectués cette création sur deux séances, celle du 14 février puis celle du 5 mars.
À chaque fois, les enfants découvraient un de mes TUTOS (voir journaux de recherche), puis un temps de médiation était nécessaire pour éclaircir les points d'incompréhension, après quoi, avec quelques exemples à l'appui, chacun.e pouvait commencer à créer ses propres formes.
Contrainte : dessiner avec la main de son/sa voisin.e
Pour mon premier TUTO (https://www.youtube.com/watch?v=j1Gng5Vui3s), l'accueil fut assez inégal parmi les élèves. Les plus grand ont tout de suite compris ce que nous faisions, les petits, moins. Cela m'a finalement permis de refaire un point sur les normographes et ce à quoi vont servir les formes que nous sommes en train de créer ensemble.
Contrainte : dessiner debout, en se penchant sur sa feuille
Une nouvelle forme apparaît par assemblage des formes dessinées sous contrainte.
Et cela mène un tout un tas de nouvelles formes !
Cette reprécision a porté ses fruits puisque, la fois suivante (TUTO 2 : https://www.youtube.com/watch?v=8RGRfh4DhP8&t=7s), tous les enfants furent bien plus réactifs, et créatifs !
J'ai remarqué qu'ils avaient réussis à saisir les enjeux de ces moments de création un peu étrange, mais toutefois amusant (selon leurs dires). Et ce sentiment a été appuyé par le fait qu'ils ont eux-même réinterprétés les expériences proposées, en les mélangeant ou en les réalisant en commun, alors que je ne les avais pas prévues comme telles. Je considère cette part d'inventivité dont ils ont fait preuve comme une véritable réussite.
Après tout, mon travail ne parle pas que de contrainte, mais aussi de la manière dont on peut se les approprier et/ou les détourner !
En fin de séance, lorsqu'il s'est agit de créer de manière libre des formes abstraites, certain.e.s ont vraiment fait jaillir un style de dessin singulier !
La séance du 5 mars a abouti à un grand panel de formes abstraites produites par toutes les expérience proposées durant les deux dernières interventions.
À ce stade de mes transmissions, je constate que certaines difficultés sont récurrentes. Le fait que le groupe auprès duquel j'interviens soit composé de trois niveau (CE2-CM1-CM2) rend parfois la fluidité de mes interventions complexe. Ce n'est pas assez rapide pour les CM2 ou trop rapide pour les CE2. Néanmoins, les plus grands font généralement preuve de patience et j'ai donc plus tendance à me calquer sur le rythme des CE2. Nous avons aussi essayé de séparer le groupe par niveaux avec l'enseignante.
Par ailleurs, certains élèves ont tendance, parce qu'il ne s'agit pas d'un moment de classe au même titre qu'une leçon, à en oublier que les règles de politesse ou de respect n'en restent pas moins changées. Cependant, lorsqu'un recadrage est nécessaire, je pense qu'il est formateur. J'ose espérer qu'ainsi, ces élèves appréhendent de manière un peu moins définie la séparation loisir/travail ou amusement/sérieux.
Puis, le 6 mars, c’est le moment de trier tout ce que nous avons produit ! Chacun.e tri d'abord les choses de son côté, il s'agit de garder ses formes préférées et ce n'est pas facile pour tout le monde. C'est donc un bon moyen de travailler sur la confiance en soi et de voir jusqu'où doit aller l'auto-censure.
Pendant la récréation, je refais un tri puisqu'il y a vraiment beaucoup de formes, puis je commence à les découper pour isoler celles qui ont été faites sur une même feuille. Quelques élèves viennent m'aider à la fin de la récré, alors que les autres poussent toutes les tables pour nous laisser de la place au centre de la salle.
Nous faisons un océan de toutes les formes qu'on a gardé...il y en a plus de 200 ! Nous avons à peine le temps d'improviser un jeu de memori qui nous permet d'écarter les formes qui se ressemblent trop que la séance est finie
Je dois poursuivre de mon côté le tri de ces formes. Au bout du compte, et avec l'aide des élèves, nous serons passés de 200 à 73 formes !
Les voici, ce seront les formes qui constitueront les Signographes des enfants de Mackenheim.
Restent à voir, maintenant, quand je pourrais commencer à fabriquer ces outils... Car je vais réaliser ce travail dans un FabLab qui est actuellement fermé, du fait du confinement.
Pour le moment je garde le contact avec les élèves par mail et vous offrirai leurs retours très bientôt !
