Début avril, la compagnie le Théâtre au Corps est revenue à Cozes pour une nouvelle session avec les CM1 et les CM2 de l'école Marcelle Nadaud, consacrée à l'interrogation du moment de la récréation.
Pour ce nouveau temps de présence à l'école, nous arrivions avec l'envie d'ouvrir un nouveau champ de travail. Pour nos premières sessions hivernales, l'enjeu avait été de questionner les enfants sur leur rapport à leur corps, aux autres, et à travers ça à la confiance qu'on pouvait avoir en soi et dans les autres. Il s'agissait alors de nous rapprocher du coeur de Bande d'enfants, en nous centrant sur le moment de la récréation.
C'est en effet un souvenir de récréation(s) qui meut tous les personnages de la pièce. Nous voulions donc voir comment les enfants eux et elles-mêmes pouvaient s'emparer de ce thème, à la fois chorégraphiquement et dans la parole. Nous avons donc articulé des temps de travail corporel à partir des mouvements des jeux de récréation, des temps de prise de parole théâtrale qui reprenaient des témoignages recueillis à l'intérieur du groupe, et des temps de prise de parole philosophique qui visaient à questionner les règles, explicites et implicites, qui régissent la récréation.
Pour cela, nous étions venu·es en nombre, à quatre : Thomas Couppey et Simon Peretti, interprètes de la compagnie, ont dansé avec les enfants, leur partageant le solo écrit dans le cadre de la résidence d'écriture Création en cours ; Anne-Perrine Tranchant était là pour animer les cercles de discussion.
Ces deux petits jours nous ont produit une impression très forte.
Tout d'abord, avec l'émotion de retrouver les deux classes : la manière dont les liens affectifs se tissent au fur et à mesure du travail est vraiment marquante, et j'étais très heureux de continuer l'aventure amorcée cet hiver, sans parler de la satisfaction de voir comment les choses vues en janvier et en février s'étaient sédimentées dans les deux groupes, et que nous repartions d'un autre endroit que celui auquel nous avions commencé.
Ensuite, dans le contenu des ateliers en lui-même...
Le lundi, nous retenons surtout de notre séance avec les CM2 la manière dont iels ont abordé des questions de genre, sans que nous les ayons d'emblée amenées : en les interrogeant sur leurs "meilleures récrés", est beaucoup revenue l'idée que c'était mieux quand iels pouvaient jouer tous et toutes ensembles, en particulier avec le jeu "filles attrapent garçon", alors qu'iels étaient en général séparé.es. Le fait qu'iels analysent eux et elles-mêmes cet aspect constitutif de leur vie sociale à l'école, et que la seule modalité pour rassembler filles et garçons dans un même jeu les opposent ainsi, était vraiment frappant.
Le mardi, nous retenons surtout de notre séance avec les CM1 la manière dont le groupe a réagi à une répétition davantage construite sur leur sollicitation permanente, en prêtant attention aux activités proposées et aux autres d'une manière qu'on ne leur avait jamais vu, donnant lieu à des moments de pratique vraiment émouvants.
Ces deux petits éléments isolés ne doivent pas occulter la richesse globale de ces temps artistiques à l'école de Cozes : je suis à chaque fois surpris et touché par la manière dont les enfants s'emparent de ce qu'on leur propose... Vivement mai !