Laura Elias, interprète

Les traces

Publié par Eliakim Sénégas-Lajus

Journal du projet

Chacun·e des interprètes de Bande d'enfants présent·es à un moment lors de la résidence de transmission à l'école de Cozes a écrit une petite contribution, en hommage à cette période passée auprès des enfants.

Voici celle de Laura.

Quand j’étais au collège, en 6ème, j’ai eu la chance de rencontrer deux comédiens de la compagnie du Théâtre des Deux Mains (Mont de Marsan, 40), qui sont venus donner des ateliers de théâtre en collaboration avec notre professeure de français. Ils m’ont donné envie de continuer le théâtre et aujourd’hui encore, je pense souvent à eux, ils ont été essentiels dans mon parcours. Ce sentiment d’importance, je l’ai retrouvé en venant à Cozes, pour donner des ateliers avec Eliakim et notre troupe de Bande d'enfants. A chaque activité proposée, je me demandais ce qui allait rester, ce dont ils allaient se souvenir, ce qui allait les marquer profondément. Quelle trace de notre passage vont-ils garder? Qu’est-ce que cela déclenche comme prise de conscience ou même plus, comme vocation future? C’est ce qu’ils ne nous disaient pas, ce qu’ils découvraient et dont ils ne parlaient pas qui m’a le plus enchantée durant ces ateliers, les moments d’intenses concentrations où il se passe quelque chose, quelque chose de nouveau pour eux. C’était très beau de les voir découvrir des choses qu’ils n’avaient pas l’habitude de faire. Leur plaisir à faire danser l’oiseau, leur rire quand une nouvelle image les frappait, leur silence quand ils étaient initiés à la lenteur. Voir leur corps peu à peu se défaire des gestes vus et revus à la télé ou sur internet. Découvrir de nouveaux imaginaires. S’ouvrir, comme une élève de 6ème qui a parlé lors d’un atelier, sous le regard étonné de sa professeure. Leur entrain quand on leur proposait de leur raconter des histoires. Leur énergie quand la cloche sonne et que la récréation les projette dans la cour vide. C’était une merveilleuse expérience. Leur fierté de présenter la sortie d’atelier à la fin, leur concentration et leur appréhension avant la représentation. Leur manière de nous dire bonjour, excité par la séance à venir et celle de s’attrister de notre départ. Une merveilleuse expérience qui s’est terminée pour moi par cette image ineffable : des enfants qui dansent sur la plage de Royan avec le soleil couchant dans les yeux. J’étais heureuse de retrouver toute cette joie, toute cette énergie, tout cet étonnement propres aux enfants et cela m’a vraiment donné envie de continuer à travailler avec eux.