Ouvrir mes yeux, attraper le paysage (tome II)

Ouvrir mes yeux, attraper le paysage (tome II)

Publié par Violette Tournilhac

Journal du projet

Aujourd'hui, nous sortons! Destination: les abords de l'École. Nous grimpons le champ d'en-face, celui que nous avions dessiné le mois dernier depuis la fenêtre...ça y est, nous sommes dans l'image! Nous marchons à l'intérieur d'un paysage représenté.

Qu'elle est petite l'École, vu d'ici! Voyez, elle tient dans la main, quand on la tend. C'est drôle d'imaginer les autres qui travaillent dedans. On s'installe pour dessiner. Les remarques vont bon train: "J'avais jamais vu l'École de ce côté!" "Moi si, à la kermesse l'année dernière. On est monté là tous les trois.""Eh, pousse-toi! Je vois pas la cantine. Quand on te dit que tu gâches le paysage, tu vois, bin là..." "Regarde, c'est là, juste à côté de la villa..." "C'est pas une villa, c'est une maison!" "Oh, non, il vient de fermer son volet! Pffff..." "Ah, je vois le toit de ma baraque!" "T'as déjà fini? Attends, moi je dois faire les tuiles."

Le premier dessin terminé, nous montons. Dans notre dos, le village de Malpas rétréci comme un mouchoir. L'horizon commence à s'ouvrir, et nous voyons maintenant apparaître, au creux du vallon, la colline de l'antenne-relais. Il commence à pleuvoir. "Et où va-t-elle, toute cette eau? Vous voyez, elle descend la pente, coule jusqu'en bas. Et dans le village, est-ce que vous avez vu un indice, de cette eau ? Oui, bravo, c'est ça: le lavoir près de l'École! Et que fait-elle ensuite, l'eau? Oui, elle va jusqu'à la Loire, en passant par le bourg de Cussac. Elle dévale la pente. C'est elle qui a creusé tout ça. Elle emporte à chaque fois de petits bouts de paysage dans son cours." Les élèves s'installent pour un second croquis sur le motif. "Et n'oubliez pas: votre crayon, c'est votre œil! Et votre œil, c'est votre crayon." Dessiner, c'est apprendre à voir.

Nous voici tout en haut! Derrière nous, il y a l'usine Gagne, la départementale et la N88. Là, on voit bien les deux côtés du vallon de Malpas: l'un rempli de maisons, l'autre de prés. J'explique que les maisons se sont posées sur le côté exposé au sud, plus ensoleillé que l'autre. Nous observons les murets dans les prés du versant exposé au nord: grâce à eux, les terrains sont devenus plus plats, et moins pierreux. La pluie tombe de plus en plus fort, il faut songer à finir le troisième dessin. Tant pis s'il n'est pas parfait, l'important, c'est de s’entraîner. Il est temps de rentrer!