Moi, un autre – présentation

Moi, un autre – présentation

Publié par Marina Takami

Journal du projet

Caméra à la main !

À la suite de la première rencontre, les partages s’enchaînent semaine après semaine. On arrive à l’École Jacques Prévert toujours chargées des idées et du matos.

 

Du film ethnographique, en passant par l’expérimentalisme des avant-gardes historiques, aux créations contemporaines, le cinéma habite notre imaginaire, l’art vidéo est en nous.

On confie aux élèves nos caméras le plus souvent possible, gros et petit caméscope, appareil photo, caméra de sport… On réalise de nombreuses activités avec la caméra à la main – parce que l’on croit, comme Maria Montesssori, que « la main est l’outil de l’intelligence ». Cependant, on se donne le temps de s’arrêter et tout simplement regarder avant de faire tourner la caméra.

Entre un exercice et l’autre avec la caméra on propose des visionnements des extraits de films. On partage un peu de nos recherches, de nos propres créations, des images qui nous alimentent. Une pluie en noir et blanc de la fin des années 1920 nous inspire toujours (Regen, Joris Ivens, 1929). On se laisse emporter par le mouvements des vagues sur les bateaux pêcheurs au Japon et par les couleurs des lumières d’une nuit à Las Vegas (Hatsu Yume – First dream, Bill Viola, 1981). Des travellings en voiture, des panoramiques sur rail. La grandeur de la nature vue du sommet d’un rocher. La grandeur de l’homme vue du haut d’un gratte-ciel. C’est un éclat de technique et de beauté. Les passants dans le métro dansent, les nuages dansent aussi (Koyaanisqatsi, Godfrey Reggio, 1982)…

Et les regards sont émerveillés !

Les expériences du regard

Pourquoi le sport ? Parce que c’est le corps en mouvement. C’est le mouvement du corps de celui qui filme. C’est le mouvement des corps qu’il s’entraîne à enregistrer selon un but précis et toujours ludique.

L’École est toujours la même. Les chemins où nous amène les couloirs ne changent pas d’un jour à l’autre, par contre le regard si. Il change, il suffit d’y penser.

La caméra dans le bus, c’est le travelling ! L’autocollant de la fenêtre, c’est le filtre ! On part à la redécouverte du monde connu.

Et dans cette étape, un certain éléphant de mer nous accompagne :

« Celui-là c’est l’éléphant de mer, mais il n’en sait rien. L’éléphant de mer ou l’escargot de Bourgogne, ça n’a pas de sens pour lui, il se moque de ces choses-là, il ne tient pas à être quelqu’un.

Il est assis sur le ventre parce qu’il se trouve bien assis comme ça : chacun a le droit de s’asseoir à sa guise.

[…]

L’éléphant de mer, quand on ne l’ennuie pas, est heureux comme un roi beaucoup plus heureux qu’un roi, parce qu’il peut s’asseoir sur le ventre quand ça lui fait plaisir alors que le roi même sur le trône, est toujours assis sur son derrière. »

(Jacques Prévert, “L’Éléphant de mer”, Contes pour enfants pas sages,1977).