« Toi(t) d'eau » vise la création d’une installation vidéo collaborative. Sous le prisme de l'eau, différents regards se croisent, abordant cet élément à la fois comme objet esthétique et sujet politique. Axée sur des recherches en art vidéo, photographie, documentaire et anthropologie, on voyage par l'imaginaire de l'autre et avec eux ; on se met dans sa peau pour mieux se regarder nous-mêmes. L'eau comme flux, comme vecteur de mouvement et de transport, comme moyen de correspondance entre des pôles distincts et, enfin, comme miroir. Oeuvre où image et son non synchronisés permettent au spectateur de créer sa propre narration.
La résidence “Création en cours” est l'occasion de poursuivre nos recherches artistiques et de développer notre nouveau projet d'installation vidéo “Toi(t) d'eau”. Il s'agit d'une production collaborative composée de divers regards qui seront croisés, confrontés, mis en dialogue, dans l'espace de l'exposition. L'eau, ici traitée comme objet esthétique et sujet politique, est un élément qui porte, emporte, transporte et qui importe à tous. Le titre de l'installation garde la sonorité de “toi” en renvoyant ainsi vers un interlocuteur qu'on souhaite flexible, transparent, essentiel, unique. L’œuvre “Monumento minimo” (Monument minime) de l'artiste Néle Azevedo nous inspire dans cette création. Notre intérêt se porte sur la façon dont l'artiste interroge la notion d'histoire, le rapport au temps et l'individualité à travers la multiplicité d'hommes communs fabriqués en glaçons et placés sur des monuments jusqu'à leur disparition par le dégel. Pour cette création nous envisageons d'explorer la thématique de l’eau sous trois prismes : tout d’abord comme flux, comme vecteur de mouvement et de transport, ensuite comme moyen de correspondance entre divers pôles distincts et, pour finir, comme miroir. À travers sa surface, l'eau permet de relier des terres et des continents séparés par elle. De sa profondeur émergent des mémoires de temps superposés. Si d'un côté elle transporte de l’oxygène, source de vie, d’un autre côté elle permet à des cultures de s’oxygéner, survivre en allant vers un ailleurs. À la fois source de vie et de survie, elle donne aujourd’hui, non sans danger, l’espoir à ceux qui doivent fuir leur terre natale. De même, à l'image de la boue qui gagne le fleuve Rio Doce, après l'éclatement d'un barrage minier au Brésil, pour ensuite atteindre la mer, l'eau transporte aussi bien la vie que son absence. Son cours limpide peut être ainsi interrompu par l'opacité stagnante d'une action humaine. Nous proposons pour la résidence “Créations en cours” la réalisation d'une série de vidéos et de bandes sonores dans le but de créer une installation avec des multiples écrans. L'eau étant l'élément central, nous envisageons la mise en espace de l'ensemble dans une ambiance immersive en forme de couloir, qui fait référence aux berges d’un fleuve, avec au moins trois projections de chaque côté, les unes face aux autres, renforçant ainsi le dialogue entre elles. L’image et le son ne seront pas forcément synchronisés, laissant au spectateur la possibilité de créer sa propre narration. Dans l'unicité de l'élément qui sépare les continents, la diversité de formes et de couleurs transporte le spectateur vers différents lieux simultanément ; en regardant ailleurs je vois l’autre et en regardant l’autre je me vois. L'unité créée par les multiples écrans nous rappelle que les frontières formées par l'eau sont quelque part illusoires. Pour la création des vidéos nous partirons de trois méthodes d'expérience : 1) vidéos-correspondance : ici le langage oral et écrit cède place aux images. Nous allons correspondre par échange de vidéos avec des personnes situées dans différents pays (déjà rencontrées ou non) dans le but de créer un dialogue, ainsi qu’un récit, comme celui d’un voyage. 2) vidéos-simultanées : toujours à travers le contact avec des personnes qui habitent ailleurs, nous proposons de filmer une même action exécutée par deux personnes distinctes au même moment à deux endroits simultanément. 3) vidéos-dérive - contaminées par les divers regards, à travers le flux d'images échangées avec des personnes contactées en divers endroits dans le monde, et nourries par le regard de l'enfant à travers les expériences du travail développées avec les élèves, nous nous proposons à réaliser des vidéos-dérive. Le but est de créer un ensemble d'instructions - en ce qui concerne le sujet, le lieu, la forme, la durée, etc. -, et à partir de ces éléments mettre en pratique des expériences du regard et réaliser des prises de vue et de son avec l'intention précise de chercher toujours un autre regard sur un même élément. À cet ensemble pourront s'ajouter les productions des élèves - le cas échéant celles des enseignants et du personnel de l’école - les plaçant ainsi comme collaborateurs et accordant à leur création un statut particulier. Le processus créatif n’est pas à ce stade restreint aux expériences susmentionnées, d’autres pourront émerger pendant la résidence. “Toi(t) d'eau” a comme point de départ deux vidéos réalisées auparavant par les artistes : "Contra-Porto (2013)" et "Com-part-ir" (2013/2014). Elle est intimement liée aux parcours des artistes, ainsi l'installation intègre également des images de São Paulo, Lisbonne, Strasbourg et des îles Wallis et Futuna (dans le Pacifique Sud), issues d'une banque d'images personnelle que nous avons constituée à cette fin au fil des années. Ces différents paysages coexistent dans l'espace de l’installation, superposant différentes temporalités et rapports humains. Nous souhaiterions la réaliser dans le département du Bas-Rhin ou dans l’une des régions limitrophes. La résidence nous permettrait de nous extraire de notre quotidien et de voir ainsi ce lieu sous d’autres points de vue et perspectives. Considérant que la perception de la réalité est composée de plusieurs strates, nous souhaiterions en rajouter une à notre vision de cet endroit, comme une autre facette d’un même prisme.
Vosges
Par le(s) artiste(s)