Groupe "Grenade"

Irruption des sculptures-bobines

Publié par Madlen Anipsitaki

Architecture Installation Sociologie Scénographie urbaine

Par la projection de vidéos et leur commentaire, nous poursuivons le lien avec les acteurs des réseaux en fil latino-américains et avec les ateliers menés avec leurs camarades l’année passée.

Puis nous accueillons les élèves sous le préau avec un dispositif scénographique :

Au milieu, des matériaux glanés à la déchèterie, à une usine de métallurgie voisine, à l’ancienne école. De part et d’autre de la ligne de matériaux, deux groupes d’élèves, l’un avec Madlen l’autre avec Simon, avec la maîtresse en appoint.

Collecte de matériaux de l'usine Socometal
Collecte de matériaux de l'usine Socometal
Disposition de matériaux à l'école
Disposition de matériaux à l'école

5 octobre 2020 : 2ème jour

Se lit le sentiment d’une aventure qui commence, les enfants enfilent leurs gants flambants neufs. Ils vont créer leurs sculptures-bobines, dont ils viennent d’approfondir le sens en suivant notre exposé. Nous expliquions qu’au Pérou la sculpture « Masque » était perçue de nombreuses façons différentes, avec des matériaux à l’usage détourné, dont les acteurs locaux peuvent s’emparer.

Ce n’est ni l’appréhension dégoûtée ni la ruée bagarreuse sur les matériaux, nous observons plutôt un ballet fluide, des rencontres entre enfants et matériaux puis des échanges de matériaux entre groupes.

Sculpture bobine « Masque »

En 2h, les sculptures-bobines émergent et les enfants jouent. Nous sommes frappés et inspirés par leur spontanéité, moteur de création artistique. L’imagination nourrie par leur univers quotidien et enrichie par la transmission de nos expériences, les élèves se sentent légitimes à l’écouter pour créer.

En fin de séance d’ « atelier création », nous leur proposons de laisser des pièces à l’ « atelier fabrication » pour que nous percions, coupions, etc. d’ici la prochaine fois. Le magasin de bricolage nous fournit roulettes, écrous et tiges filetées...

6 octobre : 3ème jour

Les groupes sont faits, les sculptures-bobines bien amorcées. Demeurent des assemblages, des trocs et des matériaux supplémentaires sont apportés par les enfants. Amaury fournit la paille.

De même nous avons apporté des matériaux récupérés de l’ancienne école de Pouilenay, abandonnée il y a 16 ans. Jouets, luminaires, perles...viennent décorer les créations des enfants qui font ainsi le lien avec les générations d’écoliers les précédant.

Travaillant en duo, nous sommes sensibles à cette faculté partagée avec les enfants de trouver des assemblages concordant, de matériaux hétéroclites qui permettent d’exprimer une expérience comme lors des « Maquettes par coeurs » fidèles à nos souvenirs et à nos désirs. 

Dressons la typologie des différentes méthodes de création des élèves, qui nous inspirent en parallèle pour nos propres réalisations où nous cherchons à combiner ces quatre méthodes :

L’objectif : « On va faire une trottinette » et le duo Manon-Elinor s’y attèle, cherchant les matériaux correspondants. Nous aidons pour la statique et le roulis, évoquant notre « Arme de paix », sculpture-bobine mobile du réseau en fil de Bogota

Sculpture bobine « Arme de paix »

Sculpture bobine « Arme de paix »

La rencontre : « Oh tiens un tuyau de douche » et le groupe Keita-Ashley-Ilan-Mathias embraye sur la création d’une cabine de douche-cabane, agrégeant des matériaux hétéroclites et prenant une douche au milieu d’une boîte aux lettres, d’une palette, les pieds sur un carrelage fait de lattes de bois. L’imaginaire de la cabane et du jeu qui l’accompagne se retrouve chez Louisa et Charlie qui créent un parcours d’accueil pour leurs camarades invité.es. Les perles sont des chocolats à déguster sur le transat, les fils sont tendus avec le grillage formant le fameux « escape game » que les enfants souhaitaient créer depuis le début. Charlie, notre voisine lors du confinement de mars-mai 2020, s’emparait déjà du fil dans notre cour commune pour réaliser un réseau en fil-parcours d’obstacles avec sa famille. C'est un jeu qui nous suit, sous forme de « limbo », depuis le Guatemala, 1er réseau en fil dans l’espace public en juin 2018.

La question : « C’est quoi ça ? » le groupe des CM1 Romane, Salomé, Lia, Lucas B, Lucas M, Emma, Camille, Stella assemble des matériaux qui leur plaisent et cherchent ensuite à quoi peut ressembler leur sculpture, nommée tour à tour éléphant, bombe, grenade. Le quatuor Tom-Pauline-Léo-Amaury part également d’un volant de cimenteuse, qu’il commence par mettre au sol puis imagine des roulettes, un axe pour une puis deux bobines...

Le désir in situ : « j’aime être seule ici » Romane crée sa cabane in situ entre deux baby-foot, utilisant leurs manchettes comme poutres.

Nous considérons les élèves comme des artistes, et menons des interviews de chaque groupe qui explique sa démarche.

Nous-mêmes n’avons pas fait d’école d’art mais nos formations d’architecture et de sciences sociales nous permettent d’amener les élèves à questionner ensemble leur cadre de vie quotidien et à le transformer en un musée vivant le temps d’une exposition collective.

Alors il faut trouver pour chaque sculpture une pancarte indiquant :

Nom

Auteur

Matériaux

Date, Lieu

Les élèves créent ainsi les pancartes avec ces informations sur leurs oeuvres. Elles sont toutes très différentes et spontanément ornées de dessins.

Toujours de façon collective, les élèves dessinent deux affiches générales pour l’exposition du dernier jour. Nous insistons sur le caractère formel de l’exercice, indiquant les informations que doit comporter une affiche en général, laissant les deux groupes entièrement libres du rendu esthétique.

Photos de groupe

La "Cabane des fils royaux" : évolution

Nous confions une caméra aux élèves, selon notre habitude depuis l’Amérique latine. Signe distinctif, seul le photographe pouvait enlever ses gants, qu’il confiait au photographe précédent. Les photographies suivantes sont donc toutes prises par les élèves, sans que l’auteur exacte en soit connu.

Documentation par les élèves-photographes de CM1 & CM2