Installations de dessins

A travers des situations d’immersion dans un contexte, je développe actuellement des formes qui associent dessin et installation, tracé et espace : le cheminement des lignes vibratiles, transcrivant recherches, errances, traversées, se déploie à l’échelle d’un environnement à pénétrer et arpenter, voire habiter. Cette extension procède par reproduction numérique, jouant de multiplications, fragmentations, agrandissements et rétrécissements, pour traduire une dynamique, les forces qui traversent un lieu.

Les dessins trouvent leur départ dans un détail découvert avec la visite du site, et qui cristallise en miniature des relations plus globales. Ces points de fixation sont une voie d’entrée dans le contexte et une manière d’appréhender et de traduire les dynamiques en jeu : entre agitation sous-jacente et surface inerte (la pierre de lave d’Islande), croissance et instabilité (le fruit atemoia du Brésil), centrage et diffraction (la géode de cristal du Brésil), enracinement et coupure (les racines coupées de faux cyprès, pour aborder les racines du gothique), fracture et construction architecturale (la pierre cargneule de Sospel et ses échos baroques)...

L’exploration de dynamiques internes au contexte génère des dessins qui croissent, s’étalent ou se diffractent dans l'espace et restituent une appréhension transitoire, plutôt que statique, des sites rencontrés. Le processus du dessin cherche à donner forme au processus de formation, à ce qui existe avant toute construction, telle une puissance germinante en voie de structuration ; son extension à l’échelle du lieu déstabilise et régénère la forme du bâti par la dynamique des lignes vibratiles venant le traverser. Cette immersion visuelle dans les structures de la matière s’étend vers une immersion éprouvée corporellement par l’ampleur qu’ouvre l’installation.