Depuis ma première lecture de Chambres, la tentation de m’approprier ces monologues, ces vies, ces histoires, était présente. Je voulais être plusieurs, tout en restant une, en passant d’une parole à l’autre, d’une logorrhée à l’autre, d’une respiration à l’autre sans perdre le souffle. Je voulais rassembler ces héros ordinaires, anonymes, cette foule sentimentale, leur faire quitter leur chambre. Cette épopée devenait une performance ou plutôt l’inverse cette performance c’était une épopée.
Les récits se construisent – de failles en failles, flots rapides de mots, brusques arrêts, vides, dans lesquels viennent se loger une mémoire. Les figures surgissent. Pouvoir passer de l’une à l’autre, c’est trouver un langage à chacune. Un manège se met alors en place pour qu’un récit chasse l’autre, en entraîne un autre.
