Une toute petite Renarde est un un projet d'expérimentation et de transposition. Je partirai de l'opéra "La Petite Renarde rusée" de Leoš Janáček, et l'adapterai dans une forme nouvelle en trio, où l'alto, le piano et le récitant mélangent leur voix pour en raconter l'histoire. Ma recherche sera principalement axée autour des formes narratives et de la transcription, dans le but de créer un spectacle intense et riche dans un format de poche. La conjugaison entre conte et musique de chambre permettra de créer un spectacle qui pourra être exporté avec peu de contraintes d’espace et ainsi d’offrir à un public souvent oublié la découverte d’un projet artistique de qualité. La recherche d'une nouvelle forme à donner à « La Petite Renarde rusée » est un processus qui impose d'essayer, de partager, et beaucoup de recul. Mener ce projet à bien en même temps que le partager avec des élèves de troisième cycle de primaire peut vraiment aider à identifier certaines problématiques ainsi qu'à y trouver des solutions innovantes. Les élèves découvriront aussi le vaste univers de l'opéra et de la musique classique sous un jour accessible.
Une toute petite Renarde est un projet mêlant intimement la musique aux mots. En 1923, le compositeur tchèque Leoš Janáček termine son opéra « La Petite Renarde rusée ». Il écrit un conte, une fable adressée à tous qui relate les aventures d'une renarde dans la forêt, de son enfance à sa postérité. Janáček partage avec nous dans ce chef-d'œuvre une ode à la nature et une réflexion à propos du cycle de la vie.
Une connaissance intime de l’opéra me permettra de l’adapter avec succès à un format beaucoup plus réduit que l'original. Pour cela, je transcrirai la musique pour un duo alto et piano et adapterai le livret en un texte qui sera récité en parallèle à la musique. Ce travail donnera ainsi naissance à un nouveau format situé entre le conte original de Rudolf Těsnohlídek et l'opéra qu'il a inspiré à Janáček. Le spectacle naîtra de ce travail et, enrichi de cette expérience, je ne manquerai pas d’innover à nouveau avec d’autres pièces.
S'approcher d'une telle œuvre commence par la relecture et la redécouverte de celle-ci. Les différents niveaux de lecture du livret, les enjeux de l'histoire, les problématiques narratives et leurs entrelacements au sein d'un univers musical qui organise le tout et ne se laissent appréhender complètement qu'au travers d'une étude approfondie de la partition. L'héroïne, figure forte, intelligente et éprise de liberté, devient aussi une allégorie du cycle de la vie au travers de son évolution puis de son sacrifice. La nature, l'autre personnage principal de l'opéra, se renouvelle toujours, au travers du cycle des saisons, et c'est seulement l'homme qui peut l'affecter négativement. Une œuvre musicale est vivante, comme le sont la renarde et la nature, et ainsi appelée à se transformer. Bien qu'inscrite dans son époque, l'œuvre est destinée à évoluer : elle doit s'adapter à son environnement et aux cadres où elle peut être partagée, et c'est pour cela que je la transcris aujourd'hui. La possibilité de partager le processus de création avec des enfants est un atout précieux, puisqu'en y étant étroitement associés au travers de leur adaptation, je verrai la manière qu'ils ont de s'approprier l'œuvre, et nous pourrons discuter et essayer nombre d'idées innovantes.
Le rapport entre le langage et la musique est une question complexe et incontournable de toute œuvre lyrique, propre à chaque compositeur et peut-être même à chaque œuvre. La musique reste en premier lieu le langage de l'indicible. Les jeux de sons, de timbres et de couleurs peuvent illustrer ou souligner des mots et des atmosphères mais ne peuvent rien dire de concret ; à l'opposé, le final de l'opéra s'en passe complètement pour décrire la beauté de la nature. Certains cris d'animaux sont chantés, d'autres grésillements sont joués... Je rechercherai et expérimenterai, aussi avec les enfants, les passerelles entre le langage et la musique. Quels rôles sont assignés à chacun ? Comment souligner musicalement un texte, ou alors lui donner un sens supplémentaire, voire suggérer un sens différent de celui apporté par les mots ? Il me faudra aussi trouver une réponse à la problématique du mélange des deux arts, de l'équilibre à trouver entre eux et de celle de trouver une formule où les deux s'emboîtent et se complètent en symbiose. Raconter avec de la musique, et faire vibrer avec des mots...
L'adaptation d'un opéra dans un format aussi simple qu'un trio conteur-alto-piano réduit forcément l'amplitude dramatique de l'œuvre originale. La flexibilité de l'ensemble permet cependant de compenser un peu cette perte, en permettant à la musique de venir directement à la rencontre du public. Le partage entre les artistes et le public est alors beaucoup plus direct et franc : il devient plus facile de raconter l'histoire de la renarde personnellement à chaque personne présente dans la salle quand celle-ci est assez réduite pour en entendre chaque nuance et lire sur le visage des interprètes les émotions de la partition. Le nombre de lieux possibles de partage est démultiplié, et je peux atteindre un public qui, pour de multiples raisons, ne serait sinon pas allé à la rencontre de l'œuvre.
Travailler sur ce projet, c'est chercher à donner du sens à la musique, et, au travers de l'une des plus belles histoires et pages de musique que je connaisse, rechercher des réponses sur la place de nos arts à notre époque.
Par le(s) artiste(s)
Par les participants
Les Ateliers Médicis seront fermés au public du 21 décembre au soir au 5 janvier inclus.