(Se) faire des films, c'est tout un cinéma ! explore différentes manières de réaliser un film, en direct devant un public, en utilisant des objets du quotidien et des outils numériques détournés de leur fonction première.
Les enfants feront appel à leur imagination pour écrire le scénario d’un film. Ils élaboreront des dispositifs miniatures pour construire les décors, et les mécanismes qui mettront en mouvement les actions dans les décors. Enfin, chacun filmera sa scène pour réaliser le film.
L’objectif de ce projet est d’aboutir à une expérience cinématographique et théâtrale originale sous forme de spectacle performatif révélant au public le processus de création de notre film.
Le projet (Se) faire des films, c'est tout un cinéma ! s’inscrit dans mes expérimentations débutées lors de mon projet de diplôme en Master Espaces et communication à la HEAD de Genève. Mes recherches sont en lien avec le méta-cinéma, qui peut-être définit par ces phrases : « Une histoire comprend une autre oeuvre de fiction qu’elle-même. Une histoire dans laquelle les personnages sont avertis qu’ils sont dans une histoire. Et enfin, dans une oeuvre de méta-cinéma le spectateur ne peut jamais oublier qu’il est en train de regarder une oeuvre de fiction ». Le clip de Flavien Berger intitulé Bleu sous-marin réalisé par Cosme Castro & Jeanne Frenkel permet de comprendre le concept de méta-cinéma que j’emploie dans mon projet de diplôme et que je souhaite poursuivre avec Création en cours.
Pour mon projet de diplôme, j’ai développé un langage singulier dans le but de réaliser un road-movie, de façon artisanale. J’ai mis en place différents dispositifs scéniques miniatures fait à partir de détournement d’objets et de technologies, et d’improvisation avec des objets de mon quotidien. J’ai utilisé plusieurs formes d’expressions artistiques dont les dispositifs miniatures, le film et la performance, dans le but de produire une narration qui se déploie sur trois niveaux de lecture et de compréhension.
Ce sont ces approches que je souhaite explorer et développer dans mon projet Création en cours. En confrontant ce projet aux élèves je souhaite développer une dimension théâtrale qui est difficile à exploiter en travaillant seule, et de joindre à mon projet artistique l’utilisation de nouveaux dispositifs que je pourrais expérimenter lors des ateliers avec les enfants. J’ai en tête d’utiliser ce projet artistique pour communiquer sur d’autres sujets autre que celui du road-movie, propre à mon projet de diplôme.
Le sujet du film que l'on réalisera sera construit collectivement après des temps de lecture, de balades et de partage. Dans ce projet, je souhaite amener les enfants à explorer trois manières de raconter une histoire en utilisant trois formes d’expressions artistiques :
- La première histoire que l’on créera sera physique. Elle sera racontée par l’ensemble des dispositifs-dioramas sous la forme d’un tableau horizontal.
- La seconde histoire, sera en 2D. Elle sera racontée, par les images filmées dans les décors miniatures, sous la forme d’un film.
- Enfin, la dernière histoire physique sera la performance des enfants réalisant le film en direct : le spectacle performatif.
Ces trois formes d’expressions artistiques sont inter-dépendantes. De chaque forme d’expression découle une nouvelle forme : du diorama naît le film, et du film la performance. Chacune contribue à la création de l’histoire et en fait partie. Les décors de notre film seront à découverts, nos méthodes de réalisation seront exposées au public. Ainsi, le plus important dans ce projet ne sera pas le film fini et réalisé, mais le processus de création, la démarche déployée pour le produire. Le processus prévaut sur le résultat final.
Mener un projet autour du méta-cinéma est vivement intéressant, cela permet d’aborder la relation entre la fiction/la réalité, d’explorer le rapport entre les coulisses de production/la scène, la 3D (dispositifs-dioramas) et la 2D (image). Il sera aussi l'occasion d'inviter les enfants à se questionner sur la façon dont sont construites les images autour d'eux.
Plus précisément, ce projet se divise en 3 étapes principales :
1. Collectivement, les enfants imagineront le sujet et le scénario du film.
2. Production des décors sous forme de dispositifs-dioramas. Pour construire les scènes du film, nous utiliseront des objets et des méthodes d'improvisation. Nous emploierons et détournerons les technologies comme les téléphones portables pour les intégrer dans nos dispositifs-décors. Ainsi, l’environnement quotidien de l’enfant deviendra un terrain de jeux, et matière à créer les décors du futur film. Il seront amenés détourner la fonction des objets pour qu’ils deviennent vecteurs de narration. Ils développeront leur inventivité pour raconter une histoire avec une économie de moyens.
3. L’ensemble des dispositifs-dioramas représenteront un grand plateau de petits-décors, qui à lui-seul, raconte une histoire. A l’aide d’une caméra, chacun filmera l’histoire dans son décor. Les personnages et actions que chacun aura imaginé dans son dispositif seront actionnés pour être filmés. La caméra sera l’outil qui permettra de passer du physique des dispositifs-décors à l’image projetée du film : Lorsque les enfants filmeront leur scène, cet ensemble physique deviendra une histoire fictive en images (film). Avec la caméra les enfants porteront leur attention sur le cadrage, trouverons le meilleur plan, et mouvement de caméra pour raconter leur histoire. Les oeuvres de Jennifer et Kevin McCoy permettent de comprendre le passage des dioramas en 3D à l’image d’un film en 2D.
4. Lorsque les images seront filmées, nous créerons une bande sonore, pour les accompagner, en nous inspirant du travail des foley-artistes.
5. La restitution finale du projet, s'organisera sous la forme d'une performance pendant laquelle nous produirons le film en direct devant le public. Ensemble, nous créerons une expérience théâtrale et cinématographique unique et originale. Nous transporterons les spectateurs dans notre film, et surtout dans sa construction ! Chaque enfant viendra actionner son dispositif, le filmera, et l’image sera retranscrite en live sur un grand écran.
Avec ce projet pour Création en cours, j’invite les élèves à devenir acteur, scénographe et réalisateur. Il me tient à coeur d’inscrire les enfants dans ce projet afin que chacun puisse vivre une expérience qui je l’espère sera positive et enrichissante personnellement et collectivement. Il m'est cher que ce projet soit un moment artistique marquant dans le parcours scolaire des enfants. Il est important pour moi de leur transmettre ma passion et ma sensibilité, que ce projet éveille leur imagination et attise leur curiosité. Par ce projet articulant cinéma, théâtre et design, les enfants et le public vivront un moment extra-ordinaire, grâce à un spectacle vivant, performatif, poétique et joyeux.
Par le(s) artiste(s)