Salon Lumières est un projet d’installation où les choses et les gens dialoguent sans un seul mot. Le spectateur participe d'évènements qu’il ne peut s’empêcher de contempler. Ce lieu sonore et lumineux invite à l’imaginaire et l’émerveillement.
La musique et les arts plastiques y sont plongés au coeur d'un monde algorithmique qui n'exclut pas la tendresse ni la chaleur.
Salon Lumières est un projet d’installation sonore et lumineuse qui vise à l’immersion du spectateur par la contemplation et par la participation.
Aux niveaux plastique et conceptuel, les grandes lignes de cette installation peuvent être décrites comme suit :
Neuf groupes d’objets hétérogènes, constitués au minimum d’un haut-parleur et d’une lampe, interagissent entre eux, avec leur contexte et avec le public. Dans le temps, des évènements sonores et lumineux sont régulièrement et aléatoirement distribués à chaque groupe.
Le chiffre neuf se rapporte à neuf notes et à neuf sonorités homogènes. De la plus aiguë à la plus grave, ces notes forment un motif mélodique descendant, librement inspiré d’un chant traditionnel hongrois (répertoire folklorique magyar). Le caractère nostalgique de ce motif renvoie à quelque chose de lointain et intime à la fois. De par les sonorités électroniques choisies, Salon Lumières n’est pas sans évoquer la boite à musique, dont le côté métallique et froid de prime abord n’exclut pourtant pas la tendresse et l’affection.
Nous souhaitons que la forme et la réalisation matérielle de notre installation stimule l’imaginaire poétique du spectateur. En ce sens, nous voudrions préciser quelques idées et conceptions fondamentales :
La poétique de notre projet a trait en tout premier lieu à la notion de contemplation. Celle-ci est envisagée sur deux plans. Sur le premier, la contemplation est conditionnée par la vue, l’ouïe et le toucher qui se concentrent indistinctement sur les relations entre les différents éléments de l’œuvre. Sur le second, la contemplation touche au contraire à l’espace imaginaire propre à chacun.
Dans Salon Lumières, le terme de salon fait référence à une forme certainement plus commune de l’état contemplatif : il peut être entendu comme un lieu très intime où l’on se repose et recherche le calme, où l’on se laisser aller à soi avec sa joie ou avec son chagrin, où l’on rêve sans retenu en lisant un beau livre, vibre et soupire comme un mélomane qui aime tous ses disques.
Le son et la lumière sont les composantes essentielles et indissociables de notre projet. Ils forment le dénominateur commun à la musique et aux arts plastiques, soit les deux grandes disciplines convoquées dans Salon Lumières.
Leur principe élémentaire est le suivant : sons et lumières circulent de groupe en groupe, de façon synchrone et rythmique, selon un ensemble de règles algorithmiques qui déterminent la nature générative de l’installation (au sens de musique générative).
Chaque algorithme induit un comportement sonore et lumineux spécifique qui vaut alors pour l’ensemble des groupes. Par exemple, cela peut être une génération d’incises sonores et lumineuses réparties aléatoirement et sans interruption, dans un tempo bien allant, entre les neuf différents groupes. Cela peut être aussi une génération aléatoire de combinaisons polyphoniques du son et de la lumière, ou encore une suite d’événements sonores et lumineux qui correspondraient à une organisation rythmique beaucoup plus élaborée dans le temps.
Chaque algorithme peut être également pensé comme un mode de jeu spécifique de l’installation. De plus, suivant la logique de l’aléatoire et de la combinatoire, le comportement sonore et lumineux de notre installation ne devrait probablement jamais être le même d’une exposition à une autre. Cette remarque s’avère d’autant plus juste que les neuf notes initiales seront distribuées sur cinq octaves (et, là encore, de façon aléatoire).
Aussi, notre projet implique à priori qu’un événement sonore soit toujours associé à un événement lumineux. À chaque note correspondent donc une lumière et une couleur. Par exemple, la couleur des notes les plus aiguës pourrait être le blanc, des medium le orange, des plus graves le brun. De même, le comportement dynamique d’une note peut modifier l’intensité de la lumière qui lui est associée. En ce sens, la lumière peut être active pendant toute la durée d'un son, tandis que l’amplitude des sons peut déterminer l’intensité de lumière renvoyée.
Cette part d’aléatoire contrôlé et de musique générative dans notre projet deviendra pleinement efficiente dès lors qu’elle sera motivée par le spectateur. Ainsi notre installation devra être en mesure de réagir en sons et lumières aux mouvements du spectateur, voire à certaines de ses actions.
Les objets qui seront conçus et réalisés pour Salon Lumières n’auront donc pas seulement une fonction plastique. La confection d’objets sur-mesure, mais aussi l’augmentation d’objets déjà existants, sont d’autres préoccupations fondamentales dans notre travail. Plus concrètement, un objet donné pourra transmettre à l’ordinateur des informations relatives aux comportements du spectateur : cela peut être grâce à la sensibilité d’un capteur de mouvement intégré à une poterie qui renferme un haut-parleur, ou bien grâce à la détection d’une forme par une caméra dissimulée dans l’abat-jour d’une lampe…
Considérant notre propos poétique, il s’agira aussi de retranscrire dans la mise en espace le caractère mélancolique du motif mélodique inspiré des magyars. De même, de créer pour le spectateur un espace de contemplation et d’écoute poétique qui s’accorde harmonieusement avec des principes algorithmiques de génération du son et de la lumière.
L’immersion du spectateur est enfin l’une des grandes exigences de notre projet. D’une part, l’installation Salon Lumières a vocation de plonger son public dans un profond état d’immersion par la contemplation d’un monde imaginaire. D’autre part, elle tend à instaurer durablement un dialogue actif et sensitif entre son espace, les choses et le vivant.
Par le(s) artiste(s)