La classe dans tous les sens ! est un projet initié par Inès Le Ménec, jeune designer qui étudie différents moyens d’optimiser sa manière de travailler, notamment dans les lieux collectifs souvent standardisés tels que les écoles. Partant du constat que la disposition des espaces, le mobilier, le matériel et les fournitures conditionnent l’enseignement, Inès souhaite remanier l’agencement de la salle de classe et ses composants qui n’ont que très peu évolué dans le temps. Elle souhaite également initier les élèves à la pratique du design, depuis l’étude des usages et du regard critique sur l’existant jusqu’à l’esquisse d’un projet concret.
Ce projet sera progressif et s’adaptera à la volonté et besoins de l’école partenaire. Il partira d’un état des lieux de l’existant pour arriver à la conception de solutions sensibles, en passant par des ateliers ludiques, l’utilisation d’outils adaptés et l’initiation à plusieurs techniques plastiques d’exploration et de création.
Le projet La classe dans tous les sens ! questionne les aménagements et les dispositifs présents dans les salles d’apprentissage, et également la manière dont chacun a de se concentrer et d’apprendre. Partant du constat que la disposition des espaces, le mobilier et le matériel conditionnent l’enseignement, je souhaite interroger l’agencement de la salle de classe et ses composants qui n’ont que très peu évolué dans le temps. Ce projet sera progressif, en passant par des ateliers ludiques, l’utilisation d’outils adaptés et l’initiation à plusieurs techniques plastiques d’exploration et de création il a pour but d’apporter des solutions sensibles.
J’ai commencé à développer des outils pédagogiques en 2017. En collaboration avec une enseignante de français d’un collège parisien, j’ai créé En vers et domino. Cette réadaptation du jeu de domino permet de travailler des notions de poésie en 6e. C’est un outil attractif qui permet d’apprendre en engageant son intelligence kinesthésique, visio-spatiale et interpersonnelle [théorie des Intelligences Multiples d’Howard Gardner]. Intelligences peu exploitées en classe dans un enseignement classique mais très précieuses pour répondre aux besoins spécifiques de certains élèves en difficultés d’apprentissage.
À la suite de ce travail, pour mon DNSEP, je me suis intéressée aux comportements du corps qui se concentre, notamment au fidgeting. Ce terme venant de l’anglais fidget, signifie «remuer», «tripoter», «avoir la bougeotte», se traduit par de petits mouvements, surtout des mains et des pieds, ou bien la manipulation d’objets (ses cheveux, du matériel de bureau…). Mon mémoire m’a fait découvrir le lien très fort entre attitude mentale et corporelle : bouger peut aider à se concentrer. L’objectif était de faire prendre conscience à l’usager de la manière dont il travaille, de l’aider à mieux se connaître afin qu’il puisse améliorer sa concentration en personnalisant et aménageant son espace au plus proche de ses méthodes de travail. Mon travail a abouti à des dispositifs d’aide technique au mouvement venant se fixer sur le mobilier standard existant, sans l’abîmer, pour l’augmenter et l’adapter à son utilisateur.
Actuellement designer chercheuse au CyDRe (Cycle de Design de Recherche) à St-Etienne je continue la recherche et l’expérimentation sur «l’apprendre autrement» et l’impact de l’espace de travail sur la concentration. Je cible mon travail sur les lieux collectifs et standardisés tels que les écoles et les salles de classe, les bureaux en entreprise, les open spaces, etc. Lieux où l’usager passe du temps et travaille, mais où il a peu voire n’a pas de choix quant à la disposition et au choix du mobilier.
C’est donc pour poursuivre mes recherches sur le terrain tout en montant un projet utile et profitable que je postule à Création en cours. Travailler en collaboration avec une équipe pédagogique est primordial pour moi car mes recherches nécessitent que je me rende compte de la réalité du terrain. Je peux ensuite y apporter mes connaissances de designer pour monter un projet pertinent. Création en cours me permettrait de travailler dans la classe et pour la classe : avec et pour les enseignants, avec et pour les élèves. Je souhaite sensibiliser ce public au lien qui existe entre bouger et se concentrer et qu’il est possible d’améliorer sa concentration en adaptant son environnement.
Pour ce faire, le projet commencera par une période de préparation où je pourrai rencontrer l’équipe des ateliers Médicis, l’équipe pédagogique, et me rendre sur le territoire afin de préciser le projet, les enjeux et objectifs. Puis la phases de production se découpera en 4 étapes : de la découverte à l’analyse pour introduire ce qu’est le design et réaliser un état des lieux de la classe des différents espaces et usages. Guidés par des outils et des ateliers ludiques pour interroger ce qui est présent et mieux comprendre la manière individuelle et collective de travailler. Pour en venir à la création et l’expérimentation avec plusieurs possibilités d’interventions, du réaménagement de la classe avec du mobilier augmenté par la conception d’extensions, à l’élaboration d’un espace sensoriel favorisant l’attention et encourageant l’exploration, ou encore à l’expérimentation des matières pour créer son propre fidget, un outil qui aide à focaliser l’attention. Le tout restitué lors d’une dernière phase qui synthétisera et présentera l’ouvrage effectué ensemble.
Ce projet présente un intérêt pédagogique et artistique car il ambitionne d’initier les élèves à la pratique du design : étude des usages, regard critique sur l’existant, scénarios d’usages, nouvelles pratiques, esquisse d’un projet, expérimentations, prototypage… Les élèves seront invités à travailler, sous forme d’ateliers sur leur environnement de travail et leur façon d’apprendre en explorant diverses pratiques artistiques : dessin, photographie, collage, peinture, maquette et en découvrant différentes sensations : toucher du papier, du carton, de l’argile, du bois... Le tout rattaché à un projet concret.
Originaire de la région parisienne, mais étudiante depuis 6 ans à St-Étienne en passant par un échange à Montréal, j’ai observé différentes spécificités territoriales. Lors de la phase de préparation, j’étudierai les spécialités, le savoir-faire, la situation, l’histoire culturelle, sociale, économiques du territoire de l’école ; autant d’informations qui pourront m’inspirer et m’aider à préciser le projet notamment avec des acteurs locaux, des artisans ou entreprises régionales avec qui nous pourrions travailler.
Pour ce qui est des souhaits de départements, je m’intéresse principalement à la volonté de l’école à s’impliquer dans cette aventure mais il me semble que ce projet pourrait être intéressant dans une zone à haut risque d’échec scolaire. D’après une étude réalisée par le ministère de l’Éducation, ces zones sont réparties un peu partout en France dans des territoires hétérogènes. Personnellement, j’aimerais me diriger vers des territoires d’Ile-de-France, du Nord ou de l’Est touchés par des disparités de réussite scolaire et qui répondent aussi à une curiosité personnelle pour l’histoire de ces régions que je connais peu et dont j’aimerais en apprendre davantage. C’est également d’un accès plus commode pour moi qui peut être véhiculée depuis la région parisienne.
Pour conclure, ce projet m’enthousiasme pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce qu’il me permettrait de travailler avec des enfants. J’en ai les compétences (BAFA, initiatrice d’escalade) et surtout j’affectionne l’idée de travailler pour eux et avec eux. D’autre part, ce projet m’offrirait l’occasion de travailler sur le terrain, me permettant ainsi une énorme avancée dans mes recherches. Ancrer mon étude sur le terrain et avec de véritables problématiques est primordial pour moi dans ma pratique du design et Création en cours constitue pour moi une chance de pouvoir monter un projet de cette ampleur.
Par le(s) artiste(s)