Mon projet - Le Zoo Vidé - sur les grands mammifères terrestres est arrivé au terme de son observation sur le terrain. (Zoo de Vincennes évacué, Muséum national d’histoire naturelle de Paris, Association de sauvegarde des girafes du Niger, Bioparc de Doué La Fontaine, ZooParc de Beauval, Centre de conservation de l’éléphant au Laos, Hôpital des éléphants en Thaïlande). Je souhaite aujourd'hui finir le texte (200 pages environ) et l'intégrer à ma banque de données plastiques (photos, dessins, vidéos, objets) dont l’éléphant et l'humain sont le fil rouge. Mon projet - L'éléphant dans la classe - rebondit sur ce travail intimement lié à ce que nous sommes sur la planète. Les élèves, les enseignants et moi-même réaliserons une œuvre commune où il sera question de mammifères, de science, d’art, d’histoire et de littérature. L'œuvre inspirée de cette matrice sera à la fois documentée et imaginaire, humaine et animale, sauvage et captive, en cours et achevée, pessimiste et optimiste.
Pour moi, CHERCHER c'est deux fois le mot Cher. Cher du cœur et Cher du temps qu'on y passe.
Depuis plusieurs années, je me constitue une banque de données personnelles mixant dessins, objets, photographies, vidéos, textes, matériaux pour représenter les humains, les animaux, les végétaux. Je tisse des liens entre eux, les faisant tous contribuer à mes convictions poétiques du monde dans lequel je vis, qui me reçoit chez lui. Cela entretient mon sentiment d’être en vie, ne pas être isolée ni coupée mais d’être engagée et de faire partie d’un ensemble d’une variété incroyable. J’utilise la réalité qui m’entoure pour coller au présent, adhérer au monde et l’honorer à ma manière avec l’engagement d’une artiste.
Mon projet de recherche, "Le Zoo Vidé" est une longue et profonde étude artistique sur les grands mammifères terrestres et plus particulièrement les éléphants. Cela démarre dans le bâtiment des éléphants du Zoo de Vincennes évacué avant sa rénovation, cela me mène en Afrique et en Asie au contact des animaux dans leur milieu naturel. Je me retrouve au Niger avec les girafes de l'Asgn (Association de sauvegarde des girafes du Niger), au Laos au Centre de conservation de l’éléphant (ECC) et en Thaïlande à l’hôpital des éléphants (FAES). Le Zoo Vidé me conduit également en France au Bioparc de Doué La Fontaine et au ZooParc de Beauval. Ce long parcours s'achève finalement à Paris, dans les collections du Muséum national d’histoire naturelle (taxidermie et ostéologie) et au Hangar de taxidermie, cliché très émouvant de notre planète-mamelles.
Au cours de ces années, je produis un ensemble considérable de données à la fois littéraires et plastiques. J’écris des textes, je rassemble des documents (presse, web, poèmes, littérature), je réalise des œuvres artistiques (peintures, dessins, moulages, photos, vidéos, sons, objets, collages…) dont l’éléphant et l'humain sont le fil rouge. Je collecte des éléments naturels que je trouve (pierres, arbres, coquillages, plantes, peau de zèbre, yeux d'orang-outang, poudre d'os d'éléphant, carapace de tortue…) que je mixe à des éléments industriels achetés (cordes, grues, extincteurs, outils, aquariums) eux même mélangés à des objets que je fabrique (chaines en bois, colliers en verre, papiers et livres découpés, dessins, t-shirts, céramiques, cou de girafe tirés en résine, photographies…).
Très vite, et pour la première fois dans mon travail, je ressens que restituer l’ensemble plastiquement ne me suffira pas et je commence à écrire.
La richesse des évènements que je vis à chaque retour de résidences stimule mon cerveau. Mon écriture devient une évidence au fil de mes déplacements. Je suis pleine d’histoires à raconter. Retranscrire par écrit s’impose, d’abord, par l’exaltation soudaine de mon oralité et puis dans un second temps, par la trouille de tout oublier.
Les discussions avec les humains rencontrés (directeurs de zoo, cornacs, vétérinaire, soigneurs, ostéologue, taxidermiste…), les lieux traversés (les zoos, la jungle, la brousse tigrée, le hangar de taxidermie, le centre de conservation, l'hôpital des éléphants) et l’émotion de se retrouver face à ces grands mammifères morts ou vifs provoquent mon écriture.
Cette aventure est vivante, animale et humaine et me touche profondément : je commence à écrire sur ce que nous sommes, en somme !
Le Zoo vidé a vocation à être à la fois un texte et une installation qui explorent le monde dans lequel nous vivons et, plus précisément la manière dont nous y avons, nous, humains, élus domicile.
Je souhaite avec "L'éléphant dans la classe", pour Création en cours, partager avec des enfants de 7 à 12 ans et les adultes qui les entourent une aventure qui nous appartient, nous, mammifères humains de la planète.
Les enfants ont certainement une idée très précise sur la question car nous avons tous depuis toujours un animal dans la tête, non ?
Le va et vient, entre eux et nous, sera constant et très présent. Je pense profondément que nous sommes devenus des artistes grâce aux animaux. Les plus vieux dessins du monde dans la grotte Chauvet datés de 36000 ans le prouvent : il n'y a que des animaux qui sont représentés, et des mammifères en très grande majorité...
J'ai besoin de temps pour me concentrer sur la rédaction de mon livre. Pour moi, ce partage va activer, j’en suis sûre, une nouvelle énergie pour croiser et mixer les différentes sources que j’ai écrites et réalisées. Il s’agira pour moi de reprendre mes notes d’observation, mes dialogues avec les humains rencontrés enregistrées dans mes vidéos, retranscrire des extraits de film comme Derzou Ouzala de Kurosawa, Princesse Mononoké de Miyazaki, relever des passages sur Les racines du ciel de Romain Gary, traduire des articles scientifiques anglophones et trouver à les insérer de façon fluide dans mon récit. J'espère aussi composer des chansons à la manière de Kipling dans Le livre de la jungle en ouverture de chaque chapitre.
Aujourd’hui, je veux trouver une forme définitive à l’ensemble du texte, faire des choix de montage (avec ou sans image) et inventer une forme personnelle au récit qui soit dynamique et cohérente, plastique et littéraire, profonde et vivante.
Mettre un point final à la partie littéraire d'abord, pour créer ensuite une version du texte plus courte, plus plastique, plus ludique (peut-être plus numérique) qui prendra place au sein même de l’installation lors de mes futures expositions .
Cher
Par le(s) artiste(s)