Menhir de la pierre 'couchée', Aydat

Venue 1: Menhir et Cabanes de bergers

Publié par Mélina Ghorafi

Journal du projet

Avant de nous rendre à Aydat pour le première fois, nous avons commencé notre travail avec une semaine d’incubation en duo, au milieu d’une pile de bouquins, de quelques pierres et avec un nombre indécent de tabs ouvertes sur nos ordis. C’était l’occasion de recenser quelques légendes auvergnates liées aux pierres, de rencontrer de loin les fées, les géants, les saints et les cultes mystérieux du pays avant de nous y rendre. Nous avons également passé quelques heures sur le site Mindat à jouer a pokémonGO version minéraux dans les cartes virtuelles autours du lac d’Aydat. Nous avons compilé une série de contes, légendes et mythologies qui ont particulièrement attisé notre curiosité. Nous avons aussi listé les minéraux présents sur le territoire, leurs histoires et propriétés, ainsi que certains lieux-dits tels que la grotte aux belles-mères, les fontaines pétrifiantes, le temple de mercure, etc. Une autre activité qui nous a également entrainée dans un vortex spatiotemporel est la collecte de cartographies imaginaires, marginales et atypiques. Nous utiliserons celles-ci pour inviter les enfants à créer leurs propres systèmes de notation. 

Première venue à Aydat:
Nous avons passé 10 jours entre Clermont et Aydat début février. Nous y avons rencontré Fabienne, l’institutrice de la classe avec laquelle nous travaillons. Fabienne est musicienne et a partagé notre enthousiasme, dès nos premiers échanges visio, envers la musique traditionnelle, les légendes et les hybridations artistiques et pédagogiques. Fabienne nous a également emmené avec elle voire le menhir de la pierre longue - dite pierre couchée - dont nous avions ouï dire qu’elle était redressée. Fabienne nous a parlé de sa classe, des villages alentours, des écoles, des lacs, des volcans, des coulées de laves devenant forêts, des groupes de musique trad', des fêtes et des projets artistiques menés au cours des années avec ses classes. Sur ce, nous avons également eu la chance de rencontrer Annie Perrin, artiste textile et danseuse avec qui les enfants étaient déjà engagés dans un projet liant l’expérimentation autours du fil et des mouvements. Nous avons assisté au déterrage de peintures de rouilles sur tissus enterrés par la classe quelques mois auparavant dans la cour de l’école.

Nous avons aussi rencontré Dominique Daron et Claudine Daron ainsi que leur ami Jacques. Dominique qui est conseiller pédagogique avait déjà pris le temps de nous rencontrer virtuellement et de nous transmettre un fourmillement de références, d’idées, de liens, de pistes et de matière à émerveillement. Partager notre journée ensemble n’a pas manqué de nous remplir les yeux, la tête et les oreilles d’aventures et d’imaginaires. Nous nous sommes balladé.es dans les bois en passant d’une cabane de berger à l’autre, passant par des arbres-lyres et des murets de pierres recouverts de mousses, suivant les pas de Jacques notre guide et l’heureux berger de notre troupe. Flottants entre les vagues des coulées de laves nous sommes peu à peu arrivé.es dans une grotte-abri et tou.tes se sont mis à chanter alors que la neige s’est mise à tomber en doux flocons comme pour ajouter sa touche de MAGIX à la situation déjà tout droit sortie d’un conte fantastique auquel on n'aurait pas osé croire. Spoiler alert : Jacques détenait évidemment les secrets du menhir de la pierre couchée-debout mais on ne peut pas trop en dire ici. Une autre belle rencontre fut celle avec Loïc Etienne, directeur des Brayauds. C’est une super association de musique trad' à Riom, ville voisine de Clermont. L’asso a développé une structure d’accueil, de réception de fêtes (enfin de bals et de repas festoyants) et d’archives dans un hameau retapé par leurs soins. Ielles organisent également un festival annuel appelé Festival Les Volcaniques et y brassent du monde avec générosité. Loïc nous a partagé quelques contacts de personnage totalement mystérieux qu’il nous tarde de rencontrer et nous a offert deux albums de chansons trad' (un de compos et un autre focus 100% bourrées) que nous avons déjà écouté à qui mieux-mieux sur la télé de notre airbnb.

Entre ces moments de haute socialisation et le couvre feu, nous avons également passé du temps présent.es dans le village d’Aydat à proprement parler. Le lac est grand et ses pourtours sont parsemés de pierres variées. Il y a également une zone humide marécageuse entre le Lac et le terrain de foot et ça donne envie d’y errer la nuit pour essayer de rencontrer l'un ou l’autre feu-follet qui passerait par là. Pétard je parle vraiment comme un vieux de la vieille. Mais bref, c’est un lieu propice aux légendes passées et futures, ce qui est précisément ce qui nous botte et nous allume.
Grace à cette bonne dose de marche, d’air pur et d’imagination pierreuse en roue libre nous sommes arrivé.s dans l’école du Lac fraîs.ches comme jamais. Les enfants sont excellents, vraiment c’est une super classe, Ielles sont méga motivé.es et pleins de curiosité. Voulant les embarquer avec nous dans notre imaginaire de chasseurs-chasseuses de pierres, nous leur avons proposé de créer leur propre besace à pierres et rocailles. Nous avons donc passé les deux premières interventions à coudre ensemble des besaces à accrocher à leurs ceintures ou en bandoulière. Le tissu orange fluo molletonné de Fabienne a eu beaucoup de succès, les enfants avaient l’air de collectionneurs du futur prêts à ramasser des pierres insoupçonnées. Nous avons aussi pris le temps de leur raconter une de nos histoires préférées, celle des fées qui pique-niquent sur des pierres en buvant et riant, y laissant les empruntes de leurs couverts avant de fuir vers des terres lointaines.

Les enfants ont également regardé avec nous le gros livre de Roger Caillois, dont les pages regorgent de photos sublimes de coupes de pierres dans lesquelles on aimerait rentrer et plonger. Nous avons également commencé à feuilleter ensemble le Codex Serafinianus qui ouvre une porte vers des systèmes de notation complètement inventés et fabuleux. A l’aube des vacances, nous avons salué notre nouvelle team de pierreux.ses avec une mission, celle de se retrouver tous et toutes à la rentrée les besaces pleines de trouvailles. Le jour avant de partir vers la contrée voisine pour y trouver des dents de fées, nous avons été invité.es dans l’appartement de l’asso la Balise, par Cyrille Karam que nous avons pu contacter grâce à l’incroyable Sarah Netter, qui est la personne la plus incroyable EVER et artiste hors pair (bref si vous voyez son nom anywhere, GO). La balise est située dans la Muraille et Cyrille nous beaucoup parlé de leur relation au récit, à la mémoire des lieux, des villes et des histoires qui les façonnent. Depuis, nous avons eu le temps de lire les 3 editions relatant des ateliers et workshops organisés par la Balise réunis sous les ouvrages ‘les enfants, auteurs de leur ville’ et qui traduisent une aventure dense et importante. Cyrille nous a également parlé des beaux arts de Clermont, dont nous avions déjà rencontré des personnes et des récits excitantes. La coopérative des beaux arts et ses chercheurx.ses dont Sarah fait partie nous ont également ouvert leurs portes et nous avons hâte de pouvoir partager les découvertes liées à ce projet avec toutes ces personnes qui font grimper notre admiration envers elles aux rideaux. Nous avons quitté Clermont une première fois sans encore avoir trouvé la pierre en forme de <3 cachée dans une de ses rues dont nous avait parlé Fabienne mais the heart is there already.