Mon projet artistique est basé sur la détérioration numérique (plus communément appelée "bug" ou "glitch") de cartes postales.
Pour cela je collecte les cartes postales de divers endroits dans des braderies, auprès de particuliers ou directement au sein des archives départementales.
Je donne la priorité aux cartes postales éditées entre 1900 et 1950. On distingue deux types de cartes postales de ces périodes : les cartes postales de paysage communales ou les photos de famille imprimées au format carte postale. En effet, à cette époque, chaque village possédait entre 4 et 5 cartes postales de paysages (mairie, campagne, église, grande place...) Les photos de famille envoyées sous format carte postales étaient prises chez le photographe du village, à l'occasion de moments familiaux importants : naissances, mariages...
Certaines de ces cartes postales sont rédigées. Sur les cartes postales postées entre 1900 et 1920, le verso était réservé à l'adresse du destinataire, cela obligeait donc les expéditeurs à écrire de courts textes sur la photographie elle-même. Ces petits messages répondent aux mêmes codes de la relation épistolaire (la date, la salutation, l'emploi de la première personne, une signature) que nos SMS actuels.
Il est intéressant de voir que ce n'est pas la communication qui a changée mais seulement ses médiums.
A la manière de l'artiste
Sophie Calle, je réinterprète l'intime grâce à ces cartes postales et j'expose l'intime de personnes grâce à leurs missives.
En ajoutant un bug à ces images, non seulement je les extrais de leur temporalité mais je réinvestis un patrimoine, une mémoire parfois collective mais aussi personnelle.
Carte postale (1903) : église paroissiale du Dorat.