Semaine 2: Introduction à l’autogestion collective

Publié par Maud Cosset-Chéneau

Journal du projet
Théâtre Science

Objectif de cette semaine : travailler l’aspect théâtral des conférences, introduire des bases de réflexion sur l’autogestion collective.

Je retrouve les élèves le lundi matin, nous discutons. Nous sommes très heureux.ses de se retrouver. Avant de nous rendre en salle Roger Fayet, je prends le temps de leur présenter l’objectif de la semaine, et les différents changements qui auront lieu.
Il y aura désormais des temps qui rythmeront la journée : 

1. Présentation d’une conférence à chaque demi-journée. Pour remédier à cette déception qui m’a gagnée lors du dernier jour, je leur propose que chaque jour nous regardions une ou plusieurs conférences, en prenant le temps de leur faire des retours. C’est l’occasion pour moi de leur transmettre plusieurs techniques de Feedback method, et de gestuelle de réunion. Je leur propose de commencer leurs phrases uniquement par les formulations suivantes : «Ce qui a fonctionné pour moi, c’est... » et « En tant que spectateur.rice, j’ai besoin... ». Ceci afin de permettre des retours positifs que les acteur.ices puissent recevoir sans en être fragilisé.e.s. Je sais que cette proposition n’est pas idéale, puisqu’une fois encore cela valorise celle.ux dont les conférences sont très préparées et abouties, et exclue quasiment de facto celle.ux qui sont à la traîne, ou qui ne sont pas confiants. 

2. La boîte à idées. Je reprends une chose que Chrystelle et les élèves font le reste du temps. Dans une boîte, il est possible d’écrire des mots, pour exprimer une idée ou une envie par rapport à ce que nous faisons au théâtre. Le premier jour je les ai gardé pour les lire de mon côté, et le deuxième nous en avons lu certains ensemble. Ce sont des temps de discussions intéressants, assez calmes. Le problème là aussi est que des élèves sont exclus, notamment certain.e.s que j’aimerais pouvoir atteindre et laisser s’exprimer : Laurine, Maxence, Jennifer, Maeva, Quentin, Teddy... des choses restent à imaginer là dessus. 

Des choses restent également à imaginer pour inclure Pauline, la « maîtresse du lundi ». Elle est très en but à cette classe, avec qui la relation est difficile. Ils.elles ne la respectent pas vraiment, ne la considèrent pas non plus vraiment comme leur maîtresse. C’est difficile. Je constate bien que leur attention et même leur bonne volonté est très différente lorsque Chrystelle est là. Pour les prochaines semaines, je ferai en sorte d’inclure plus Pauline dans le processus, en lui expliquant ce que nous allons faire, etc. 

Il y aura désormais des rôles attribués chaque jour à un.e nouvel.le élève.
MÉDIAT.EUR.RICE : le rôle plus difficile. Il.elle doit être capable de se mettre à distance de l’effet de groupe, pour évaluer s’il y a trop de bruit ou trop de déconcentration. Si oui, il.elle lève le bras, intimant à tout le monde de se recentrer sur le travail. Je l’ai proposé au départ à Teddy (qui est très agité et centré sur lui-même, l’expérience était moyennement concluante), puis à Maël (qui pour le coup était extrêmement digne dans ce rôle et s’en est acquitté avec soin). Je trouve que c’est un très bon rôle pour permettre aux élèves de s’apercevoir des zones de creux et de déconcentration, et de pouvoir y remédier de façon directe (en levant le bras). 

ASSISTANT.E : un rôle semi honorifique. L’assistant.e est proche de moi, il.elle est une sorte de conseillè.re. J’aimerais bien réussir pendant la semaine à lui donner un rôle plus déterminé. Je l’ai proposé en premier lieu à Quentin (qui est extrêmement calme et attentif dès lors qu’il a une fonction et un rôle), puis à Maxime (qui m’avait proposé une évolution du jeu du chassé croisé, et dont l’immense sourire au moment où je lui ai proposé d’être mon assistant me restera toute ma vie je pense).


RÉCEPTIONNISTE : sa mission est factuelle. Il.elle doit récupérer les papiers écrits pendant les moments de "boîte à idées". C’est un rôle rassurant que je distribue aux personnes que j’identifie comme étant les plus fragiles par rapport au travail que je propose. Le premier jour, ce sera Maéva, que je sais très habile dans ce genre de travail, et qui s’en acquitte effectivement avec un grand soin, même une grande diligence. Puis le deuxième ce sera Jennifer, qui est pleine de surprises, et aussi pleine de défiance. Là aussi elle s’en acquitte parfaitement. 

Ces deux jours ont été particuliers parce que j’ai instauré dans le planning des temps de soin du groupe, où nous échangeons. Ça change beaucoup de choses je trouve.