L'école primaire d'Ancy-le-Franc, premier jour

Rencontre et mise au travail : les deux premières sessions

Publié par Antoine Prud’homme De La Boussiniere et Simon Rembado

Journal du projet

Nous voici déjà au terme de notre deuxième intervention à l'école primaire d'Ancy-le-Franc ; il y a trois semaines nous rencontrions pour la première fois le directeur de l'école (qui est aussi Monsieur le Maire), les professeurs Stéphanie et Christophe, et surtout leurs classes de CM1 et de CM2.

Se découvrir, s'apprivoiser

Les enfants savaient bien que nous allions venir. Dans la cour de l'école, ils nous regardent arriver avec beaucoup d'intérêt. Mais ça n'interrompt pas leur jeux. Ils ne savent pas du tout ce qu'on va faire avec eux. Le premier enjeu est double : d'abord leur faire comprendre simplement la raison de notre présence, leur parler du théâtre, leur demander ce que c'est, s'ils en ont lu, s'ils en ont vu ; ensuite (et peut-être surtout), retenir leurs prénoms... Ils comprennent bien que ce ne sera pas l'école comme d'habitude, qu'il va se passer autre chose que l'orthographe et la géométrie. Nous allons jouer. Jouer à quoi, jouer comment ? À des jeux de société, des jeux de concentration, d'attention, de coordination ; des jeux de théâtre, en fait. Mais d'abord, s'amuser ensemble. Le théâtre viendra tout seul. Et les prénoms aussi.

Se raconter des histoires de sorcières, de loups-garous

Nos trois jeux principaux sont très différents mais convergents. Il y a le "Et oui !", il y a le Loup, et il y a les Loups-Garous. Le Loup, pour se courir après, se défouler, mais pas comme dans la cour de récré : ne devient pas le loup celui qui se fait toucher. Celui qui se fait toucher est éliminé de la partie. Pour se sauver de la main menaçante du loup, quand on est sur le point d'être touché, on nomme un autre camarade qui devient aussitôt le loup. Et le jeu continue à un rythme de plus en plus endiablé. Mais il faut être calme pour entendre. Qui est où, où je suis, qui je nomme, qui je fuis, qui je poursuis : c'est un jeu sur l'espace, sur les partenaires, sur l'écoute, sur la peur et le déplacement aléatoire de cette peur. Le "Et oui !", pour rêver, inventer, imaginer à plusieurs voix et sans réfléchir une histoire loufoque et délirante qui se raconte dans un flot constant de paroles et de propositions. Quelqu'un commence par un "Il était une fois..." et propose un court sujet (protagoniste, ou événement, ou contexte...), ce à quoi le suivant répond invariablement "Et oui !" pour confirmer la proposition. Il continue immédiatement en complétant, en développant, en amorçant une transition, quoiqu'il lui vienne spontanément à l'esprit. Et ainsi de suite avec le troisième "Et oui !", auquel succède un autre "Et oui!", etc., en boucle. La règle est de ne pas dire absolument n'importe quoi mais de se raccorder toujours un peu à l'histoire en train de se former, thématiquement et/ou narrativement, pour raconter tous ensemble et de manière convaincue (si ce n'est de manière crédible) ce qui pourrait être une histoire fantastique, une blague géante ou un gros mensonge. Les Loups-Garous, avatar du jeu Mafia et pilier de notre projet (nous l'avons déjà décrit), réunit en quelque sorte des caractéristiques des deux jeux précédents : être très attentif aux autres, générer et gérer le suspense et la peur, être persuasif, créer une ambiance commune... Il faut prétendre être quelqu'un d'autre et démasquer ses partenaires. On joue sur l'imagination autant que sur la déduction : c'est une histoire à inventer et une enquête à mener, des personnages à composer et des méchants à traquer, des figures et des motivations ; donc, du théâtre.

Témoignage écrit d'un CM1 suite à la première session
Témoignage écrit d'un CM1 suite à la première session

Se mettre en jeu, se mettre en scène

De jouer, les enfants sont ravis. Et nous ne nous lassons pas de les sentir motivés, engagés, prêts à faire, et joyeux. Mais lentement nous faisons comprendre que nous ne sommes pas uniquement là pour jouer, ou pas seulement comme ça. Nous expliquons que nous allons progressivement revenir sur les parties que nous avons jouées, les commenter plus longuement, analyser des moments précis qui auront marqué tout le monde par l'adresse des joueurs à tromper ou à démasquer. Nous commencerons à filmer les futures parties pour pouvoir revoir ces moments, les scénariser et les faire rejouer à ceux qui les ont vécus, puis à d'autres. Du jeu de société, on passe au jeu de théâtre. La transition ne sera pas facile, nous le savions et le sentons. Sur ce chemin, nous allons accompagner Clarysse, Coline, Kyliam, Léa D., Linsay, Sofia, Alban, François, Mathéo G., Lise, Clara, Lünna, Mathéo L., Martin, Hakim, Esteban, Léane, Jade, Eléa, Margot, Noé, Jules, Kassandra, Mélissa, Liam, Mazheven, Dorian, Joana, Léa G., Maëva, Léa K., Maxence, Oléna, Jérémie, Julien, Manon, Mathéo P., Casey, Kylian et Filip.

Témoignage écrit d'un CM1 suite à la première session
Témoignage écrit d'un CM1 suite à la première session