Atelier narration

Les jeunes lapleaucois et "la sonoreuse"

Publié par Claire Veysset

Journal du projet
Cinéma et audiovisuel Création sonore, Documentaire

Février 2020, première rencontre avec la classe des grands et leur professeur Céline Delbegue à l'école de Lapleau, village de Corrèze. Nous attendons ce moment depuis plusieurs mois, et pour eux je suis : enregistreuse, créatrice de bruits sonores, une sonoreuse quoi. Pour moi, ils sont d'abord une photo de groupe, puis ensuite "Louise comme Lune", ou "Enzo comme Europe", "Ambre comme Aujourd'hui", ou encore "Estevan comme Hérisson"... Et puis, nous devenons les uns pour les autres davantage dès les premières heures, dès les premiers jours.

Le paysage sonore Nuits dans les Cévennes de l'audio-naturaliste Marc Namblard remplit la classe quand les 16 élèves de CE2, CM1 et CM2 y rentrent. Les tables et les chaises sont mises de côté, je suis assise par terre, les yeux fermés, et les rouvre de temps en temps pour inviter les enfants à s'asseoir et à fermer les yeux avec moi.

S'en suivent nos premiers échanges : ils connaissent bien le son des crapauds, le son des insectes, le son des moutons, la plupart habite à la campagne, certains ont des parents agriculteurs ou chasseurs. Nous énumérons les animaux (de la punaise au chevreuil en passant par les renards et les chats forestiers) que nous avons vu ces derniers temps dans les prés et les forêts environnants. Nous évoquons les différents rapports que nous avons avec eux, les sentiments ressentis : la peur, l'affection, la curiosité, le dégout.

Nous ne cesserons les jours d'après d'osciller entre découvertes sonores et réflexions autour de l'environnement qui nous entoure.

Ces trois premiers jours d'ateliers étaient une initiation à l'écoute, une sensibilisation au son et à la multitude des formes narratives qu'il permet. Ils étaient également l'occasion de poser les premières pierres d'une réflexion autour des interactions activités humaines / vie sauvage ; dès les premiers échanges, on en vient vite au constat d'une situation négative.

Le bruit court même que l'on pourrait déjà entendre (et enregistrer ?!) les parades nuptiales des crapauds dans la mare du square du village... en raison de températures particulièrement douces pour un mois de février !

Le premier jour, lorsque j'ai demandé aux enfants s'ils savaient ce qu'était mon métier, ils m'ont donc répondu que j'étais sonoreuse ou enregistreuse, je leur ai alors répondu "oui c'est ça, et j'utilise le son pour raconter des histoires, pour moi c'est surtout pour poser des questions". L'invitation est donnée : observons la situation, posons-nous des questions, soyons à l'écoute.

ça se passe dans une maison hantée... qui devient un hôtel

Atelier narration
L'aveugle et le guide

L'aveugle et le guide

Sortir de la classe, sortir dehors. Ambre : "Quand je ferme les yeux, j'entends mieux, j'entends plus de choses"

Ecouter pour mieux voir

Écouter pour mieux voir

Lucas, à l'écoute d'une adaptation sonore d'un livre jeunesse : "en fait, c'est presque plus intéressant d'écouter la voix des personnages que de les voir..."

Les mots de la maîtresse...

Après une première semaine d'activités avec Claire, les enfants ont découvert et pris conscience de ce qui les entourait. Les bruits du quotidien, de la nature sont de nouveau présents. Certains disent même qu'ils entendent les oiseaux le matin alors qu'ils n'y faisaient plus attention. Partager, échanger, parler autour d'activités différentes ont permis à certains enfants très discrets ou peu à l'aise à l'oral, d'oser, de s'affirmer. Ce projet nous permet également d'améliorer la pratique de l'oral en perfectionnant les outils de narration. S'écouter a donné à chacun le moyen de corriger, d'améliorer sa prise de parole et de se rendre compte de l'importance du vocabulaire, de l'utilisation de connecteurs. Nous ne sommes qu'au début du projet mais déjà que d'avancées !