Le second gribouillage du grotto : nous sommes partis à la découverte de l'église de Montagnac-la-Crempse et les élèves ont réalisé le relevé de ce lieu de culte, édifice centrale du bourg mais où les messes ne se font plus depuis plus de 40 ans.
Nous venons avec le projet de construire un espace à Montagnac-La-Crempse, un "safe space" conçu par et pour les enfants, un endroit qu'ils et elles pourraient retrouver à tout moment, mais nous apprenons une fois sur place, que les élèves ne vivent pas tous dans le village, au contraire, beaucoup vient en bus depuis Douville, un village non loin d'ici. L'instituteur aussi ne vis pas dans le village, et c'est sa première année dans cette école. Nous voulions que les élèves et les habitants nous fassent découvrir leur village et leurs endroits préferés, et voila que lors de la seconde séance de transmission, nous avons fait découvrir aux élèves et à l'institeur, l'église de Montagnac-La-Crempse, un lieu que beaucoup n'avaient pas jusqu'alors visité, l'église juste en face de l'école.
Ce paradoxe nous interpelle car pour un village qui a toujours eu une population aux alentours de 300, l'église représente un lieu de communauté, surtout dans ce village où aujourd'hui il n'y a plus de commerces, plus de café, de bar, plus d'endroit où se réunir en dehors de chez soi, au sein du village.
L'église de Montagnac-La-Crempse date du 12e-13e siècle mais sa façade donne l'impression d'une église du 19e siècle. En effet, en 1856, l'église est agrandi car elle devient trop petite pour la nouvelle hausse de population, il y a alors environ 1000- 1400 habitants. Normalement, l'église est orienté vers l'est, avec le choeur du coté du soleil levant, et l'entrée à l'ouest, mais pour faire plus de places, toute l'église à été tourné pour agrandir vers le fond qui est ensuite devenu l'entrée. L'ancienne entrée romaine se trouve maintenant au fond, sa belle entrée en pierre recouverte de béton afin d'y aménager une sacristie.
Il y a toujours eu un curé permanent qui vivait dans le village. Mais quand l'abbé Large est mort en 1974, les paroisses ont étés regroupés et c'est alors le curé de Villamblard qui se chargeait des messes de l'ensemble des villages autour. Le garage du curé est devenu aujourd'hui une médiathèque avec un bureau/salle de réunions à l'étage pour la mairie. Un grand nombre d'habitants allaient à la messe le dimanche et s'y retrouvaient alors devant l'église. Meme s'il y a eu vers les années '50 des épiceries ou un bar ou un restaurant dans le centre-bourg, il n'en existait plus à cette époque, la messe permettait alors de croiser ses voisins. Pourtant dans les années 90, les messes ont arreté, et depuis, il faut aller à Villamblard le dimanche pour faire la messe. Aujourd'hui, l'église reste ouverte, c'est un habitant qui habite en face qui l'ouvre et qui ferme chaque jour, et le curé de Villamblard vient quand il y a un enterrement.
L'église est sombre, elle n'est pas éclairé à part la lumière qui pénètre à peine les vitraux les jours grises quand nous y sommes allés. L'espace représente pourtant un ancien lieu de recueil pour se ressourcer, pour trouver de l'espoir, et pour rencontrer ses voisins et voisines. Aujourd'hui, le village manque d'un lieu commun où les habitants pourraient se rencontrer, surtout depuis le virus qui a empeché l'organisation de fêtes de village qui avaient lieu dans la salle des fetes, situé dans le centre-bourg.
Dans ce village enclavé depuis des siècles à cause des routes difficiles à emprunter lors du moyen age et aujourd'hui à cause du manque de transports en communs, le village se trouvant assez loin des gares des villes les plus proches, le projet de construire un "safe space" devient tout autre. Nous nous demandons si ce n'est pas plutôt une question de lieu de retrouvailles, est-ce qu'il ne faut pas déja nouer des liens, créer un espace d'échanges commun à tous et toutes? Cela-dit, les moments de rencontre et d'échange entre habitants existent, mais sont moins visibles, elles se créent par l'entre-aide, par le troc par exemple, ou lors des repas chez les uns, unes et les autres, aussi les habitants peuvent se croiser au moment d'acheter leurs courses durant les permanences de vente à la ferme.
