La rencontre

JOUR 1

'Écouter l'espace' : en partant de cette première piste, nous demandons aux élèves d'imaginer ce que nous allons faire ensemble. Les mots 'écoute' et 'espace' ouvrent une conversation sur la perception de ce qui nous entoure et sur l'attention portée aux lieux. Nous abordons la différence entre voir et percevoir, entre écouter et entendre.

Assis en ronde, nous fermons les yeux en silence pendant deux minutes et nous nous concentrons à écouter ce qui se passe.

'Qu'avez-vous entendu ?'

'Des voix ; la respiration ; le frottement de mains'

Au fur et à mesure, tout un paysage sonore émerge de ce moment apparemment silencieux.

'Moi, j'ai entendu un crayon tomber par terre dans l'autre classe !'

'Il y avait un aspirateur ou une tondeuse loin'

'Pendant quelques minutes c'était silencieux puis on a entendu plein de petits bruits : des pas, des rideaux, des fenêtres, un stylo qu'écrit.' (Shanna).

'Même lorsqu'il a du silence nous entendons de choses.' résument-ils.

Tous ces sons, nous les listons au tableau en essayant de décrire ses caractéristiques : Étaient-ils proches ou lointains ? Graves ou aigus ? Continus ou discontinus ? Courts ou longs ? Peut-on les reconstituer en utilisant seulement notre pensée ?

Puisque la question du silence émerge, nous refaisons le même exercice, cette fois-ci avec les oreilles bouchées par les doigts.

'On a essayé de ne faire aucun bruit mais c'est impossible parce qu'il y a notre corps qui bouge, notre circulation sanguine qui continue de circuler. On ne le sent pas, mais on l'entend' (Kérian).

Pour nourrir cette discussion nous parlons rapidement de John Cage, de sa pièce 4'33 et de l'expérience dans une chambre anéchoïque.

Ensuite, nous proposons une marche sonore dans la salle de classe. Chaque pas est accompagné d'un son très court, puis d'un son très long. Le rythme de la marche et du son produit par la voix doivent s'accorder. Pour une marche plus rapide, plus de sons à des intervalles très courts ; pour une marche très lente, des sons très longs ; pour une pause, le silence.

Pour clôturer la journée, nous passons à une marche silencieuse, nous suivons quelqu'un du regard sans que la personne s'en aperçoive. Puis, deux personnes, sans les perdre jamais de vue. Nous nous arrêtons et pointons les personnes 'suivis' : les doigts indiquent une multitude de directions dans l'espace. En gardant position, chacun doit pointer la direction de sa maison, puis la direction de Marseille, ensuite la direction du coucher du soleil. Cela introduira la question du jour suivant : la déambulation.